Résultats d’essais

Choix variétal en blé dur : tenir compte de la qualité technologique et sanitaire

Lors du choix de ses variétés de blé dur, il est important de faire le compromis entre la valeur agronomique et la valeur technologique. Cette dernière dicte l’utilisation possible de la récolte en transformation et le risque de réfaction associé à un qualité dégradée.

Semoule de blé dur

En transformation, le blé dur est d’abord écrasé en semoule fine, qui est ensuite malaxée avec de l’eau pour être transformée en pâtes ou agglomérée en couscous. Pour le semoulier, le rendement en semoule dépend surtout du mitadinage, du poids de mille grains (PMG) et du poids spécifique (PS). Pour le pastier, la qualité des pâtes dépend avant tout de la teneur en protéines (et de leur qualité), de la couleur et de la moucheture. La qualité sanitaire (teneur en mycotoxines DON) est réglementée et les lots supérieurs à 1750 ppb de DON ne peuvent pas être commercialisés.

Trouver le compromis rendement / teneur en protéines / vitrosité / moucheture

Le plus difficile est de trouver le compromis rendement / protéines, auquel on peut rajouter le taux de vitrosité (inverse du taux de mitadin – 80 % de vitrosité = 20 % de mitadin), et le taux de moucheture. En effet, plus le rendement est important, plus la teneur en protéines chute naturellement et le taux de mitadin augmente sensiblement. Cependant, toutes les variétés n’ont pas le même comportement et certaines diluent moins le taux de protéines ou augmentent moins facilement en taux de mitadin ou de moucheture, malgré le rendement ou les pluies de fin de cycle.

Figure 1 : Résultats pluriannuels des variétés de blé dur issus du regroupement national des essais – rendements, teneurs en protéines, vitrosité et moucheture – 2000-2022
Figure 1 : Résultats pluriannuels des variétés de blé dur issus du regroupement national des essais – rendements, teneurs en protéines, vitrosité et moucheture – 2000-2022

La variété idéale est indiquée :

  • En vert ou vert foncé, pour un taux de moucheture inférieure à 5 %, seuil habituellement utilisé au niveau commercial,
  • Avec une grosseur de cercle importante, pour un taux de grains mitadinés inférieur à 20 %, seuil habituellement utilisé au niveau commercial,
  • Le plus à droite possible : pour un rendement important,
  • Et au-dessus de la droite rouge, pour être une variété qui dilue moins l’azote absorbé que ses concurrentes (être qualifié de variété GPD+) tout en ayant si possible une teneur en protéines au-dessus de 13,5 %.

A l’analyse de cette figure, on peut observer qu’au niveau de la moucheture, cinq variétés sont un peu en retrait : Dimokritos (pour laquelle nous avons encore peu de données), Platone, Canaillou, Relief et RGT Aventadur. Concernant le mitadin, une attention est à porter de nouveau sur Canaillou et Relief ainsi que Claudio qui sont plus sensibles que les autres variétés. A l’inverse, Platone et Formidou apportent un plus sur ce critère-là. La nouveauté de l’année Rocaillou se comporte plutôt bien pour ces deux critères, moucheture et mitadin.

Du côté ratio rendement/protéines, Relief, Canaillou et RGT Soissur sont en retrait malgré leur potentiel d’un bon niveau, tandis que RGT Voilur se distingue particulièrement.

Les meilleurs compromis sont atteints avec RGT Voilur, RGT Kapsur, Rocaillou, Formidou et un peu moins bons en teneur en protéines mais cependant corrects : Anvergur, RGT Belalur et RGT Vanur.

Le PS très souvent regardé

Le PS est une donnée importante pour le stockage et le transport mais également pour le semoulier, car le rendement en semoule en est très dépendant.

Ce critère très lié à la variété puis aux conditions de pluviométrie autour de la récolte rebat les cartes, car aucune variété qui réalise un bon compromis sur l’étape d’avant n’est classée dans les bonnes d’un point de vue PS, à l’exception de RGT Kapsur. En effet dans le haut du tableau, on retrouve Platone et Claudio, très bonnes, puis Dimokritos, Miradoux et RGT Kapsur d’un bon niveau.

Figure 2 : Poids spécifiques – Ecart à la moyenne – synthèse 1997-2022
Figure 2 : Poids spécifiques – Ecart à la moyenne – synthèse 1997-2022

Teneur en mycotoxines DON : le blé dur est sensible

Le blé dur est globalement sensible aux mycotoxines DON. Seules deux variétés sont relativement bien classées : RGT Kapsur et Platone. Pour rappel, une note de 6 en blé dur n’est pas équivalente à une note de 6 en blé tendre : le blé dur est plus sensible, à note équivalente. Relief et Formidou sont juste en dessous. A noter que RGT Voilur est classée parmi les plus sensibles.

Figure 3 : Classement des variétés par rapport aux mycotoxines DON – synthèse nationale pluriannuelle (2005-2022)
Figure 3 : Classement des variétés par rapport aux mycotoxines DON – synthèse nationale pluriannuelle (2005-2022)

Au final, le compromis global n’existe pas. RGT Kapsur tire un peu mieux son épingle du jeu mais son potentiel n’est pas bon dans tous les milieux et dans toutes les régions. Il convient donc de réaliser un compromis en fonction des risques les plus présents dans ses parcelles et dans ses systèmes, en mettant la priorité sur le critère le plus sensible sur son exploitation.

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