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Pays de la Loire / Poitou-Charentes

Rouille jaune sur céréales : ajuster la stratégie fongicide avec des solutions efficaces

Déjà observée sur variétés sensibles depuis début avril dans le sud de la région, la rouille jaune a profité de la météo de ces deux dernières semaines pour gagner de nouvelles parcelles. Face aux difficultés parfois rencontrées pour maîtriser la maladie, il est nécessaire d’adapter la protection fongicide à la situation de ses parcelles.

Symptômes de rouille jaune sur feuille de blé tendre fin avril 2025 en Pays de la Loire

Des conditions propices au développement de la rouille jaune courant avril

Les printemps frais et humides sont propices au développement de la rouille jaune : ce champignon, contrairement à la rouille brune qui a besoin de chaleur, se développe sur des plages de températures fraîches. De l’eau libre (pluie, rosée) est nécessaire à la germination des spores. Ainsi, la météo des deux dernières décades d’avril, avec des rosées et des pluies marquées, une nébulosité importante et des températures relativement fraîches était, jusqu’à samedi dernier, particulièrement favorable.

Suite à cet épisode propice, la maladie est régulièrement observée au sud de la région. La variété Prestance, assez sensible, est fréquemment touchée mais des parcelles de variétés dont la note de résistance est plus élevée sont également concernées.

Le suivi des populations de rouille jaune avec l’identification des races présentes sur le territoire réalisé par l’INRAE se poursuit : ne pas hésiter à nous signaler des parcelles de variétés jusque là résistantes, qui seraient touchées afin de réaliser un prélèvement de feuilles contaminées.

Adapter la protection fongicide en conséquence

En présence de rouille jaune, il est essentiel d’ajuster la protection fongicide avec des produits efficaces. Compte tenu du développement actuel des céréales, deux cas de figures se rencontrent sur le terrain :

  • Les parcelles qui arrivent à dernière feuille étalée - gonflement et qui n’ont pas encore reçu de T2, situation dominante en Pays de la Loire

Dans ce cas, si l’on observe les premières pustules de rouille, ou sur variété sensible à la rouille jaune (note < 7) et/ou à la rouille brune, il est recommandé d’appliquer un traitement efficace vis-à-vis des rouilles en s’assurant d’avoir une strobilurine (100 g d’azoxystrobine ou 80 g de pyraclostrobine) en renfort du traitement de base envisagé.

  • Les parcelles plus avancées qui arrivent à épiaison et qui déjà ont reçu leur T2 la semaine dernière – situation majoritaire en Poitou-Charentes

L’application réalisée n’était peut-être pas suffisamment musclée vis-à-vis des rouilles : il convient donc de surveiller attentivement et de ré-intervenir spécifiquement uniquement en cas d’apparition du parasite (rouille jaune ou rouille brune).

Certaines parcelles ont reçu leur T2 à dernière feuille étalée autour du 22-25 avril sur une végétation d’apparence saine et la rouille est apparue brutalement quelques jours plus tard. Cela peut déconcerter mais n’est pas surprenant : au moment de l’application, le champignon était en cours d’incubation dans les tissus foliaires, sans symptômes visibles. Les fongicides actuellement à notre disposition n’ont pas la curativité suffisante pour empêcher une sporulation imminente (nb : c’était envisageable avec les triazoles du type cyproconazole ou époxiconazole, ou avec la fenpropimorphe mais ces substances actives sont aujourd’hui retirées). Dans une telle situation, là encore, la surveillance est de mise : le foyer apparu post-traitement ne devrait pas s’étendre. Toutefois, si la maladie reste active dix jours après l’application, il faut ré-intervenir avec un traitement complémentaire pour juguler la rouille.

Quel traitement spécifique de rattrapage d’un T2 On privilégiera une association de tébuconazole (1/2 dose) et d’azoxystrobine (100 g) – ce mélange permettra d’éviter que la maladie progresse jusqu’à l’épi.

Ce cas de figure spectaculaire reste toutefois exceptionnel, les interventions réalisées jusque-là ont permis de bien contrôler la rouille dans la majorité des situations.

Une météo désormais moins propice à la rouille jaune

Le retour du temps chaud et sec de cette semaine devient très défavorable à la rouille jaune : le développement de la maladie est stoppé au-delà de 25°C et sans eau libre, pas de germination des spores. Aussi la situation jusque-là à risque devrait s’apaiser. Il est donc important de bien observer les parcelles et d’agir au cas par cas. Ne pas systématiser l’adaptation du traitement. 

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