Risque pucerons en céréales : rester sur ses gardes
Pour une majorité des parcelles semées en octobre, une protection insecticide a é déjà été positionnée sur la première quinzaine de novembre, à la faveur des conditions climatiques. Des questions se posent pour le reste des parcelles sur l’évolution du risque, face aux variations de températures. Les observations au champ restent d’actualité.
Les semis de blé tendre et d’orge sont globalement terminés dans la région. Ils auront été assez échelonnés cette année, avec une première vague débutée précocement dès début octobre, puis une interruption du 20 octobre à début novembre par les pluies, et enfin une seconde vague sur la première quinzaine de novembre.
Aphibox, un modèle pour évaluer le risque pucerons
Basé sur près de quinze ans de données d’essais, ce modèle estime la dynamique automnale des populations de pucerons et le niveau de risque associé. Il s’appuie pour cela sur les données météo acquises et prévisionnelles à sept jours, pour différentes dates de semis.
Attention, ces cartes de risques sont indicatives et ne se substituent en rien aux observations terrain ! Seul le risque pucerons est évalué, le risque cicadelles n’est pas pris en compte sur ces cartes.
- Les semis précoces, autour du 5 octobre, présentent un risque élevé et supérieur à la moyenne dans la majorité des zones de plaine de la région. Cependant, les secteurs plus frais ou de moyenne altitude présentent un risque moyen, voir faible dans certains cas. Dans ces situations, il est recommandé de visiter les parcelles pour s’assurer de l’absence de populations importantes de pucerons, puis de réévaluer le risque d’ici une dizaine de jours.
Cartes 1 et 2 : Evaluation du risque pucerons (à gauche) et écart à la médiane (2012-2024) (à droite) pour un semis du 5 octobre 2025 – données météo acquises jusqu’au 1er décembre 2025
- Pour les semis réalisés autour du 15 octobre, seuls les secteurs situés en vallée du Rhône au sud de Valence sont pour l’instant concernés par un risque élevé, et supérieur à la médiane. Pour le reste de la région, une réévaluation du niveau de risque est à prévoir si les conditions météo évoluent et deviennent favorables aux pucerons.
Cartes 3 et 4 : Evaluation du risque pucerons (à gauche) et écart à la médiane (2012-2024) (à droite) pour un semis du 15 octobre 2025 – données météo acquises jusqu’au 1er décembre 2025
- Les semis réalisés autour du 5 novembre, après la période pluvieuse, se situent entre levée et 1 feuille. Le modèle estime un faible risque pour ces parcelles, en cohérence avec les températures très fraîches depuis leur levée, défavorables aux vols et à la colonisation par les pucerons ailés.
Cartes 5 et 6 : Evaluation du risque pucerons (à gauche) et écart à la médiane (2012-2024) (à droite) pour un semis du 5 novembre 2025 – données météo acquises jusqu’au 1er décembre 2025
Pour rappel, le seuil de risque est de 10 % de plantes porteuses d’au moins un puceron, ou alors présence significative de pucerons sur la parcelle durant plus de 10 jours.
Que disent les observations réalisées dans la région ?
Elles sont cohérentes avec les prévisions du modèle. Le seuil de risque de 10 % de plantes porteuses est dépassé dans quelques situations de semis précoces, mais les infestations massives sont rares. En revanche, les situations avec des populations de pucerons installées depuis plus de 10-15 jours sont plus nombreuses. Les cicadelles, dont le risque n’est pas évalué par le modèle Aphibox, se font très rares depuis les semis.
Concernant les implantations réalisées à partir de début novembre, le risque de transmission de viroses est généralement moins important sur les semis tardifs. Mais les années, avec un maintien de températures douces en fin d’automne et début d’hiver, peuvent tout de même favoriser l’installation de populations de pucerons, avec des impacts de viroses parfois importants au printemps. Le risque sera à évaluer dans les prochaines semaines.
Bonnes pratiques de surveillance et d’intervention
Pour rappel, la période de risque s’étend du stade levée jusqu'à fin tallage, avec un risque maximal entre levée et 3 feuilles de la céréales.
Les plaques engluées permettent uniquement d’appréhender les dates d’arrivée des différents vols de pucerons ailés dans les parcelles, mais ne donnent aucune indication sur la multiplication des populations de pucerons aptères sur les parcelles, qui doit être surveillée en réalisant des observations sur plantes. Les plaques engluées permettent cependant d’évaluer un risque cicadelles : le seuil de risque est de 30 captures en une semaine.
Avant toute intervention insecticide à base de pyréthrinoïdes, les conditions d'application doivent être réunies. Pour assurer l’efficacité du traitement, il est nécessaire que les conditions climatiques soient douces et que les pucerons soient bien présents sur les feuilles supérieures, afin de maximiser le contact entre le produit et l’insecte. Si ces conditions ne sont pas favorables, il est préférable de décaler l’intervention de quelques jours pour optimiser l’efficacité. Selon les essais de positionnement ARVALIS, une intervention réalisée au seuil ou jusqu’à 14 jours après ce seuil, offre, dans la majorité des cas, un niveau d’efficacité similaire.
Enfin, pour optimiser l’action du produit, il est important de veiller à produire de fines gouttelettes (grands volumes d’eau et buses adaptées), afin d’assurer un contact maximal entre l’insecticide et les pucerons.
Peut-on espérer des baisses de populations si l’épisode de froid se maintient ?
Les températures relevées en plaine la semaine du 21 novembre étaient de nature à stopper (temporairement) les vols et l’infestation (ou ré-infestation) des parcelles, et à très fortement ralentir la multiplication des pucerons. Cependant, les gelées n’ont pas été assez fortes pour les détruire. Leur activité et multiplication devraient reprendre dès cette semaine, avec le retour de températures plus douces, mais à une faible intensité. Si, dans les prochaines semaines, les températures remontent au-dessus de 12°C, de nouveaux vols pourraient avoir lieu.
Les pucerons comme les cicadelles ont une activité en étroite relation avec la température. Les conditions idéales de vol (et donc d’infestation ou de ré-infestation des parcelles) et d’activité sont au-dessus de 12°C. En dessous de 3°C, en laboratoire, les pucerons ne sont plus actifs mais peuvent survivre. Ceux-ci ne meurent que si la température descend en dessous de -5°C à -12°C selon les espèces. R. Padi peut résister à des températures de -12°C. Attention, ces seuils de températures ne sont qu’indicatifs.
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