Récolte 2025 : quelle qualité pour le maïs fourrage ?
La disparité de la pluviométrie constatée sur une grande partie de la France au cours du cycle du maïs fourrage a fortement impacté son niveau de rendement. Elle a également joué un rôle prépondérant sur la qualité finale de l’ensilage. Néanmoins, malgré des différences marquées sur le territoire, les maïs 2025 sont riches en amidon et la digestibilité des fibres est supérieure à l’année passée. Au global, la valeur énergétique des ensilages 2025 est très bonne.
Les conditions de culture et le stade de récolte ont un impact majeur sur la qualité du maïs fourrage. Le printemps chaud et sec de cette année a été favorable à une avancée rapide des stades. Toutefois, sur certaines régions, le stress hydrique a conduit à la production de maïs de petit gabarit. Néanmoins, le retour des pluies observé sur une grande partie de la France courant juillet a été favorable à une bonne fécondation et, in fine, à une bonne teneur en grains. La durée de cycle assez courte et le stress hydrique ont également favorisé une bonne digestibilité des tiges-feuilles. Au global, la valeur énergétique est très bonne.
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Des maïs récoltés plutôt secs
La teneur en matière sèche (MS) moyenne à la récolte, à 34,2 %, est plutôt élevée cette année. Près de 40 % des chantiers ont été réalisés à plus de 35 % MS. La majorité des régions sont concernées par ces récoltes à forte teneur en MS, excepté la zone Massif central et les régions Bourgogne, Auvergne-Rhône-Alpes (carte 1).
Carte 1 : Teneur en matière sèche moyenne des maïs ensilés en 2025
Les conditions sèches et chaudes du mois d’août ont complexifié le pilotage des dates de récolte sur les zones intermédiaires (Centre-Ouest, Sud Bretagne). D’autre part, le bon rapport épi/plante entière et le dessèchement partiel de l’appareil végétatif ont pu accentuer la teneur en MS des maïs. Par la suite, le retour des pluies fin août et courant septembre ainsi que les températures plus douces ont permis d’assurer un très bon remplissage des grains dans les zones plus tardives.
Les maïs récoltés plutôt secs (> 35 % MS) présentent une porosité du silo plus élevée et supérieure à l’objectif de 40 %. À titre d’exemple pour le maïs moyen 2025 récolté à 34,2 % MS, il faudrait atteindre une densité supérieure à 240 kg MS/m3 pour limiter la porosité du silo à 40 %.
Vigilance donc sur la qualité de conservation :- À la fermeture du silo, la présence d’oxygène retarde l’atteinte des conditions anaérobies nécessaires au développement des bactéries lactiques acidifiantes. Pendant ce temps, les micro-organismes indésirables occasionnent des pertes et se multiplient. Ils seront d’autant plus nombreux dès l’ouverture du silo.
- À l’ouverture du silo, une forte porosité permet à l’oxygène de pénétrer rapidement et en profondeur dans le fourrage, réveillant ainsi l’activité néfaste des levures et des moisissures. Les risques d’échauffement du fourrage au silo puis à l’auge sont importants. La vitesse d’avancement dans le silo constitue le meilleur remède. L’ajout ponctuel d’acide propionique au front d’attaque ou d’additif anti-échauffement dans la ration peuvent également s’avérer utiles dans les situations les plus critiques.
Lire aussi : « Maïs fourrage - Et si le bon dimensionnement des silos était le meilleur conservateur ? »
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Des maïs riches en amidon
La teneur moyenne en amidon, à 32,9 % (± 5,7 %) au niveau national, est proche de celle mesurée en 2024 (+0,2 point) malgré des conditions différentes entre les deux années. Contrairement à 2024, ces teneurs sont plus hétérogènes sur l’ensemble du territoire en 2025. Les teneurs en amidon les plus élevées se retrouvent sur la façade Nord-Ouest (Hauts-de-France, Normandie, Bretagne), tandis que certaines zones sont plus en retrait (Auvergne, Limousin, Bourgogne). Sur le tiers nord de la France, le retour des pluies en juillet a permis une fécondation en bonnes conditions et un maintien de l’activité photosynthétique des maïs sur le mois d’août. Ensuite, les conditions climatiques de fin de cycle (à partir de fin août) ont contribué à un bon remplissage des grains. Néanmoins, pour les zones intermédiaires, la pluviométrie autour de la floraison a pu être insuffisante ou trop tardive (semis précoces, terres superficielles) limitant ainsi le potentiel des épis. Malgré tout, le ratio grains/plante entière est correct du fait de maïs de petit gabarit (carte 2).
Carte 2 : Teneur en amidon moyenne des maïs ensilés en 2025
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Une meilleure digestibilité des fibres par rapport à 2024
La quantité de fibres (NDF) est assez faible et équivalente à celle de 2023 et 2024 du fait d’une proportion de grains/tiges-feuilles élevée à la récolte. La digestibilité des fibres (dNDF) est correcte cette année, avec une moyenne égale à 50,7 % (± 4,3 %), supérieure à celle de l’année passée (+1,2 point). Cela s’explique en partie par une durée de cycle plus courte et par plusieurs épisodes de stress hydrique limitant la lignification des tissus. Cette bonne digestibilité des fibres se retrouve sur toute la France, et de façon plus marquée en Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Centre-Val de Loire, Bourgogne et Auvergne (carte 3). Elle compense en partie la moindre teneur en amidon des maïs sur ces régions.
Avec une teneur en fibres proche de celle de 2024 et une meilleure digestibilité des fibres observée cette année, la quantité de fibres indigestibles (NDFnd) des maïs 2025 est limitée, laissant présager une valeur énergétique supérieure à l’année passée.Carte 3 : Part des maïs 2025 avec une très bonne digestibilité des fibres (dNDF > 55)
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Une très bonne valeur énergétique
À l’échelle nationale, la teneur en énergie du maïs fourrage, exprimée en UFL (INRAE 2018), est en moyenne de 0,96 UFL/kg MS, supérieure de 0,02 UFL/kg MS à celle de 2024. Sur l’ensemble du territoire, le profil énergétique de ce cru de maïs (teneur en amidon élevée, fibres assez digestibles) est bon. Les maïs les plus énergétiques se retrouvent dans le Centre-Ouest et le Grand Est.
La digestibilité des maïs fermentés devrait être excellente, en particulier dans les élevages qui disposaient d’au moins 3 mois de report de stocks. Vigilance dans le cas de récoltes tardives avec des grains plus vitreux, la valorisation de l’amidon sur les 60 à 90 jours après la récolte ne sera que partielle. De plus, l’efficacité alimentaire en production laitière des maïs riches en amidon récoltés secs peut être inférieure à la valeur théorique, surtout lorsque la part de fourrages prairiaux est limitée dans la ration.
Lire aussi : « Qualité du maïs fourrage : comment interpréter son bulletin d’analyse ? »
La teneur en matières azotées totales (MAT) des ensilages de maïs est correcte au vu des bons rendements de l’année, avec en moyenne 7,3 % (± 0,9 %), soit +0,2 point par rapport à 2024. La teneur en MAT est négativement corrélée au rendement, avec des valeurs médianes autour 6,5-7 % dans les zones à fort potentiel (Nord et Ouest) contre plus de 7,5 % dans les zones à plus faible potentiel (Centre-Ouest, Piémonts-Montagnes). La variabilité observée au sein des grandes zones mais également intra-zones est principalement liée aux passages orageux autour de la floraison du maïs, favorisant l’efficience des plantes au moment où les besoins sont les plus conséquents.
La teneur en protéines digestibles dans l’intestin (PDI) est de 61 g/kg MS et la balance protéique du rumen est de -38 g/kg MS. -
Peu de mycotoxines mais vigilance vis-à-vis du datura
Par rapport à 2024, les dates de récolte plus précoces ont limité la production de mycotoxines sur la fin de cycle. D’autre part, les conditions séchantes sur une partie de l’été ont été moins favorables aux contaminations et au développement des fusarium.
Néanmoins, c’est le datura, dont la présence a été encore signalée cette année, qui doit faire l’objet d’une vigilance constante. Pour rappel, cette adventice contient des alcaloïdes tropaniques toxiques pour les bovins dès lors que la dose ingérée atteint 400 à 700 g par jour (pour une vache de 700 kg). Cette dose peut être atteinte avec un pied de datura sur 25 m2 d’une parcelle de maïs (pour un maïs à 12 t de MS/ha).
Lire aussi : « Comment identifier et gérer le datura dans le maïs ? »
Tableau 1 : Caractéristiques qualitatives des maïs fourrage 2025 par zone géographique, sur la base de 10 078 analyses provenant de 30 laboratoires et organismes d’élevage (*)
Six grandes zones ont été définies pour analyser la qualité du maïs fourrage 2025 :
- « Centre-Ouest » : Pays de la Loire (sauf Mayenne), Centre-Val de Loire, Deux-Sèvres, Vienne, Haute-Vienne et Creuse
- « Est » : Seine-et-Marne, Champagne-Ardenne, Lorraine (sauf Vosges), Bourgogne (sauf Saône et Loire) et Bas-Rhin
- « Nord » : Hauts-de-France et Haute-Normandie
- « Ouest » : Bretagne, Basse-Normandie et Mayenne
- « Piémonts-Montagne » : Franche-Comté, Vosges, Haut-Rhin, Saône-et-Loire, Auvergne, Aveyron, Rhône-Alpes, Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées
- « Sud-Ouest » : Charente et Charente-Maritime, Aquitaine (hors Pyrénées-Atlantiques), Midi-Pyrénées (hors Aveyron et Hautes-Pyrénées).
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