Quelle part de blé dur dans mon assolement ?
Votre assolement n’est pas tout à fait finalisé ? Vous hésitez encore sur la part de votre sole à consacrer au blé dur ? Tour d’horizons des atouts du blé dur dans nos régions Centre-Val de Loire et Ile-de-France.
Le blé dur est depuis plusieurs décennies maintenant une espèce emblématique dans les assolements des exploitations céréalières des régions Centre-Val de Loire et Ile-de-France, profitant d’un pédoclimat favorable à sa croissance et l’expression de son potentiel. Le blé dur bénéficie de surcroît d’un savoir-faire régional de la part des producteurs comme des organismes de développement (coopératives, négoces, chambres d’agriculture, conseillers indépendants, instituts techniques). En effet, les variétés et itinéraires techniques se sont améliorés au fil du temps pour mieux correspondre aux marchés et aux conditions culturales et pédoclimatiques. Ces progrès aussi importants soient-ils se confrontent toutefois aux aléas fluctuants du climat et des cours déstabilisant les producteurs.
Le travail engagé par la filière, accompagné par l’interprofession et l’état, vise à renforcer l’attrait du blé dur essentiel à notre alimentation humaine. De la recherche fondamentale et appliquée à la semoulerie, en passant par la génétique et la production, chaque acteur se mobilise pour renforcer l’attractivité technique et économique de cette culture.
Une espèce aux nombreux atouts
Le premier avantage du blé dur réside dans sa très grande souplesse. Espèce alternative, le blé dur se sème de novembre à mars, idéal lorsque les fenêtres d’intervention automne-hiver sont réduites.
Son deuxième atout est - sans nul doute - sa productivité : sauf forts à-coups climatiques, le blé dur est productif et régulier. Les rendements pluriannuels en attestent. Par ailleurs, cette espèce valorise particulièrement l’irrigation, permettant l’atteinte de rendements plus élevés.
Troisième avantage : le blé dur est une espèce assez rustique. L’incidence des maladies du feuillage les plus présentes dans nos régions (septoriose et rouille jaune) est largement limitée par un choix variétal adéquat, complété par un fongicide en cas de pression maladies précoce et/ou importante. La protection pivot du blé dur repose sur l’intervention sur épis face aux fusarioses.
Un autre avantage à mettre au crédit du blé dur est son importance au sein des rotations : il s’agit d’une culture de diversification qui valorise en particulier les précédents colza, tournesol ou légumineuses. Il pourra également se semer derrière des cultures à récolte tardive comme la betterave, à condition de soigner la préparation de sol.
Une marge brute en pluriannuel en faveur du blé dur
Dans notre bassin de production, le blé dur peut être en concurrence avec le blé tendre et/ou le blé améliorant. Pour autant, les données comptables observées sur un large panel d’agriculteurs montrent que le blé dur est, en pluriannuel, une culture intéressante, même avec une variabilité de la production, une variabilité de la qualité et les réfactions associées.
L’analyse des données de l’Observatoire ARVALIS-Unigrains et des données CER France dans le département du Loir-et-Cher nous confirment que le blé dur permet de dégager de meilleures marges brutes que le blé tendre dans 11 campagnes sur 16. Ces calculs sont issus d’observations réelles, prenant en compte les prix payés avec les réfactions et les différentes stratégies de commercialisation, que ce soit en blé dur ou en blé tendre.
En moyenne sur les dix dernières années, le différentiel de marges brutes entre blé dur et blé tendre est de +110 €/ha en Loir-et-Cher (et de +180 €/ha en moyenne sur les cinq dernières années). Les dernières campagnes, malgré des difficultés de production, de qualité et de prix des intrants, ne dérogent pas à l’observation globale : le blé dur est économiquement intéressant en pluriannuel.
Pour 2024, le différentiel de prix retenu entre le blé dur et le blé tendre est de +50 €/t, hypothèses de réfaction incluses. Sur cette base, le différentiel de marge brute est en faveur du blé tendre en 2024. Pour autant, les marges brutes prévisionnelles du blé dur sont meilleures qu’en 2012 et 2016 malgré des rendements décevants et de fortes probabilités de réfactions. La variabilité des résultats reste néanmoins importante entre deux années, mais il est difficile de ne choisir ces années qu’en fonction du marché, lui-même assez volatile d’une année sur l’autre. En général, les années où le différentiel de prix entre le blé dur et le blé tendre est très important, les marges brutes sont largement à l’avantage du blé dur. Cela signifie que le blé dur reste une culture intéressante pour notre bassin de production.
D’un point de vue stratégique, comme peu d’éléments sont prévisibles, il est préférable de semer du blé dur chaque année pour réduire les aléas plutôt que d’essayer de « viser » les bonnes années.
Attention néanmoins, un différentiel de marge à l’avantage du blé dur ne signifie pas obligatoirement que la marge est importante. C’est le cas notamment des années où les intrants augmentent fortement et/ou la production est en berne. Par ailleurs, le blé dur est une culture qui nécessite plus de précision sur le positionnement des traitements, notamment au stade floraison, et l’inconnu de la qualité finale existe jusqu’à la récolte. De fait, la culture de blé dur demande une trésorerie plus importante et comporte une prise de risque face à l’incertitude.
Quelles variétés choisir ?
Anvergur et RGT Voilur sont les deux variétés phares de nos régions. Leurs potentiels les rendent incontournables dans la sole blé dur régionale. RGT Voilur est cependant sensible à l’accumulation de mycotoxines (DON), cette variété est donc très fortement déconseillée en précédent maïs.
Récemment inscrite, Rocaillou tire son épingle du jeu en proposant une très belle qualité technologique et une grande régularité de rendement. Deux nouveautés ont fait leur entrée sur le marché cette année : RGT Insiemur et Cabayou. Leurs performances et comportements face aux maladies sont étudiés dans le réseau d’expérimentation régional.
Un accompagnement technique tout au long de la campagne
Pour être accompagné dans la conduite de votre blé dur, rapprochez-vous de votre coopérative, négoce, chambre d’agriculture qui vous aiguilleront dans les choix techniques à mettre en œuvre. Un guide technique du blé dur en régions Centre-Val de Loire et Ile-de-France est également disponible en ligne.
Pour aller plus loin et aborder les préconisations régionales : rendez-vous le 3 février 2025 de 13h30 à 17h30 au Lycée de Nermont à Châteaudun.
Le Comité technique blé dur du bassin de production Centre est une instance régionale composée des instituts techniques ARVALIS et FNAMS, des semenciers RAGT Semences et Florimond Desprez, des coopératives et négoces régionaux collecteurs de blé dur, des chambres d’agriculture d’Eure-et-Loir, du Loiret, du Loir-et-Cher et de la région Ile-de-France, ainsi que de trois producteurs de blé dur. L’ensemble des acteurs de la filière se coordonnent et se fédèrent pour mutualiser leurs forces, travailler des thèmes de recherche en commun, partager des actions de communication de manière conjointe.
Membres du Comité Technique Blé dur Centre / Ile-de-France : AUGIS Aurélie (ARVALIS), BAPTISTE Séverine (AXEREAL), BIGONNEAU Nathalie (ARVALIS), BONNIN Emmanuel (SOUFFLET AGRICULTURE), BOUVIALA Marion (FNAMS), DEGAS Julien (SCAEL), DELEZINIER Jean (Producteur), FOURAY Lucie (NATUP), GOND Frédéric (Producteur), GRIARD Emmanuel (CA IDF), HUET Patricia (CA 28), LEGENDRE Maxence (CA 45), LEJARDS Mathilde (BONNEVAL BEAUCE ET PERCHE), LEPLATRE Paterne (ETS LEPLATRE), LOLIVREL Margaux (CA 41), ROUSSEAU Sophie (RAGT SEMENCES), SAVIGNARD Frédéric (ARVALIS), STAM Edwin (ETS PISSIER), TERRIER Damien (Producteur), VANSUYT Jérôme (FLORIMOND DESPREZ)
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