Articles et actus techniques
Bretagne

Pucerons sur céréales : un risque moyen à fort, selon les estimations

Les céréales ont déjà levée ou sont en cours, dans la majorité des parcelles. Les remontées terrain indiquent la présence possible de pucerons, ailés comme aptères. Ce qui induit un risque de transmission du virus de la JNO (jaunisse nanisante de l’orge). Malgré l’arrivée du froid, la vigilance reste de mise pour les variétés sensibles aux pucerons.

Jeune puceron Ropalosiphum padi - vecteur de la JNO mi novembre 2025 en Bretagne

Pas de traitement à prévoir sur les variétés tolérantes

Seule la présence de cicadelles (vecteur du virus des pieds chétifs) pourrait faire déclencher un traitement dans ces situations, mais la pression est historiquement faible en Bretagne.

Dans les essais avec une très forte pression (semis début octobre dans les secteurs très concernés – ex. Poitou Charentes), les orges sensibles à la JNO perdent jusqu’à plus de 80 % de rendement, contre tout au plus 10 % pour les orges tolérantes (moins de 1 % pour certaines variétés).

Essai au Magneraud (17) le 16 avril 2025
Essai au Magneraud (17) le 16 avril 2025

Quand intervenir sur les variétés sensibles ?

Dans les essais, l’observation de la présence de pucerons a pu amener à l’élaboration de ces seuils de risque.

Schéma 1 : Seuil de nuisibilité des pucerons

Schéma 1 : Seuil de nuisibilité des pucerons

Les ailés comme les aptères sont vecteurs du virus

Les pucerons ailés arrivent sur les parcelles en portant potentiellement le virus de la JNO. Ils transmettent ensuite le virus aux plantes, puis de la plante vers les colonies de pucerons aptères (sans ailes) qui se nourrissent de la sève. Ces aptères peuvent contaminer d’autres plantes à leur tour de proche en proche.

Observer uniquement les pucerons ailés peut amener à sous-estimer la pression réelle.

photos
On peut observer à la fois des pucerons ailés (photo à gauche), des colonies de pucerons aptères plus ou moins bien cachées (photos du milieu). Sur la photo de droite, trois pucerons aptères (sans ailes) ont fini une de leurs mues (enveloppe vide de leur ancienne peau).

Utiliser des plaques jaunes engluées pour savoir quand traiter ?

Les plaques jaunes servent uniquement à détecter l’arrivée des pucerons ailés, mais ne traduisent pas la pression sur la parcelle avec des colonies d’aptères.

Il n’existe pas de seuil vis-à-vis de la capture de pucerons ailés sur les plaques jaunes. Traiter dès que l’on détecte des pucerons ailés sur ces plaques est risqué. Les traitements présentent des modes d’action de contact : après, les pucerons peuvent donc revenir dans la parcelle et causer des dégâts.

C’est l’observation des pucerons (ailés et aptères) sur les plantes qui est déterminant dans la décision de traiter ou non.

Le modèle Aphibox et les observations terrain permettent d’orienter la pression de l’année

Développé par ARVALIS, Aphibox est un modèle basé sur près de quinze ans de données issues de réseaux d’essais couvrant tout le territoire. Il estime la dynamique automnale des populations de pucerons et le niveau de risque associé à partir de paramètres climatiques. Et ceci, pour différentes dates de semis depuis fin septembre jusqu’à début novembre.

Ces cartes de risque permettent surtout d’inciter à observer les parcelles plus attentivement à certaines périodes en cas de pression importante.

Cartes 1 à 3 : Evaluation du risque pucerons jusqu’au 24/11/25 en écart à la pression médiane entre 2012 et 2024 – pour trois dates de semis

Cartes 1 à 3  : Evaluation du risque pucerons jusqu’au 24/11/25 en écart à la pression médiane entre 2012 et 2024 – pour trois dates de semis
Source : Modèle Aphibox/ARVALIS.

Quelles que soient les dates de semis, le risque pucerons est moyen à fort sur l’ensemble de la région. La baisse des températures va réduire l’activité des pucerons, notamment des ailés.

En complément, les observations des parcelles dans le BSV (figures 1 et 2) sont une source d’informations sur la pression en cours dans la région. Cette semaine, la moitié des parcelles observées dépasse le seuil de plus de 10 % de plantes atteintes par des pucerons en blé et en orge. Toutefois, en orge, toutes les parcelles sont semées avec des variétés tolérantes : il est donc inutile d’appliquer un insecticide.

Figure 1 : Synthèse des observations pucerons sur blé tendre en Bretagne

Figure 1 : Synthèse des observations pucerons sur blé tendre en Bretagne
Source : BSV-traitement ARVALIS.

Figure 2 : Synthèse des observations pucerons sur orge d’hiver en Bretagne

Figure 2 : Synthèse des observations pucerons sur orge d’hiver en Bretagne
Source : BSV-traitement ARVALIS.

Mieux intervenir trop tard que trop tôt

Les insecticides contre les pucerons agissent par contact, ciblant uniquement les pucerons présents dans la parcelle au moment de l’intervention. Traiter trop tôt, c’est prendre le risque de voir arriver de nouveaux insectes si les conditions sont favorables pour l’arrivée d’ailés.

Dans les essais, déclencher le traitement plusieurs jours après l’atteinte du seuil (10 % plantes porteuses de pucerons ou 10 jours avec des pucerons) est plus efficace sur le rendement que de déclencher trop tôt.

L’intervention insecticide n’est donc pas toujours en cohérence avec le traitement herbicide de postlevée, qui est à réaliser idéalement autour de 1-2 feuilles des céréales. Selon la pression de l’année (dépendant également de la date de semis) et des conditions météo de fin novembre et de décembre, il peut être nécessaire de continuer à observer l’arrivée des pucerons sur les parcelles si un insecticide a été réalisé trop tôt.

Si une intervention est nécessaire, traiter en présence de pucerons avec un volume d’eau minimum de 150 l/ha.

A retenir

Les derniers jours ont été favorables à l’activité des pucerons. Les températures baissent, mais l’activité des pucerons peut reprendre en cas de remontées des températures.

  • Observer pour décider d’intervenir ou non :
    • 10 % de plantes avec pucerons,
    • ou plus de 10 jours avec présence de pucerons.
  • Vigilance sur les secteurs de l’est de la Bretagne.
  • Ne pas traiter les variétés tolérantes JNO très présentes en Bretagne.
  • Ne pas systématiser l’association d’herbicide et d’insecticide : vaut mieux traiter plus tard que trop tôt pour les pucerons, c’est le contraire pour le ray-grass.

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Mot de passe oublié

Un email vous sera envoyé pour réinitialiser votre mot de passe.