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Maladies de fin de cycle sur blé tendre : adapter la protection fongicide à la situation et au risque

Risque élevé de septoriose - plus que les années passées -, symptômes de rouille jaune et rouille brune : les conditions climatiques du printemps 2024 ont été propices aux maladies foliaires. Il faut désormais se pencher sur le risque fusarioses, qui va dépendre de l'évolution de la météo.

 

Fusarioses sur épi de blé

Avec les conditions climatiques fraîches et le retour des pluies ces derniers jours, le risque maladies foliaires reste élevé. Si les conditions climatiques pluvieuses perdurent à l’approche de la floraison, le contexte sera favorable à la contamination des épis par les fusarioses. Des températures élevées au moment de la contamination favorisent Fusarium graminearum qui peut entraîner la production de mycotoxines (DON), alors que des températures basses favorisent Microdochium spp. (qui ne produit pas de mycotoxines). N’oublions pas que ces deux pathogènes ont en premier lieu un effet important sur le rendement.

Cette année, les températures annoncées pourraient permettre le développement d’une flore mixte, mais attention, ce sont les conditions effectives au moment de la floraison qui seront les plus déterminantes.

Evaluer son risque parcellaire en Fusarium graminearum

Concernant le risque Fusarium graminearum, et donc celui d’accumuler des DON dans les grains, indépendamment de la quantité de pluies autour de la floraison, toutes les parcelles ne présentent pas le même risque de contamination par les fusarioses. Il est donc nécessaire d’évaluer son risque parcellaire en utilisant la grille de risque ARVALIS.

Figure 1 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation de DON (déoxynyvalénol) dans le grain de blé tendre et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (Fusarium graminearum)

Figure 1 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation de DON (déoxynyvalénol) dans le grain de blé tendre et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (Fusarium graminearum)

Légende : recommandations associées à chaque niveau de risque 

1 et 2 : le risque fusariose est minimum et présage d’une bonne qualité sanitaire du grain vis-à-vis de la teneur en DON. Pas de traitement spécifique vis-à-vis des fusarioses quelles que soient les conditions climatiques.

3 : le risque peut être encore minimisé en choisissant une variété moins sensible. Traiter spécifiquement vis-à-vis des fusarioses en cas de climat humide (cumul de pluie > 40 mm pendant la période entourant la floraison).

4 et 5 : il est préférable d’implanter une variété moins sensible ou de réaliser un labour pour revenir à un niveau de risque inférieur. A défaut, effectuer un broyage le plus fin possible et une incorporation des résidus rapidement après la récolte. Pour ces deux niveaux de risque, envisager un traitement spécifique vis-à-vis des fusarioses, sauf si le climat est très sec pendant la période de floraison (cumul de pluie < 10 mm pendant les +/- 7 jours entourant la floraison).

6 et 7 : modifier le système de culture pour revenir à un niveau de risque inférieur. Labourer ou réaliser un broyage le plus fin possible des résidus de culture avec une incorporation rapidement après la récolte sont les solutions techniques les plus efficaces et qui doivent être considérées avant toute autre solution. Choisir une variété peu sensible à la fusariose. Traiter systématiquement avec un traitement * anti-fusarium efficace.

* Traitements efficaces contre F. graminearum et F. culmorum : principalement produits à base de prothioconazole, tébuconazole ou metconazole, utilisés début floraison à une dose suffisante (60 à 80 % de la dose homologuée minimum, selon le produit utilisé). Noter que parmi les solutions efficaces contre les Fusarium spp., il existe des différences marquées d’efficacité sur Microdochium spp. Une nuance qui peut s’avérer importante certaines années.

Figure 2 : Sensibilité des variétés au DON (Fusarium graminearum) – échelle 2023-2024

Figure 2 : Sensibilité des variétés au DON (fusarium graminearum) – échelle 2023-2024

Si des facteurs agronomiques peuvent influer sur le risque Fusarium graminearum (précédent, travail du sol, sensibilité variétale), une étude multipartenaires récente (FSOV Microdochium) a mis en évidence qu’il n’en était rien pour les espèces de Microdochium. Seules les conditions au moment de la floraison semblent déterminer le risque Microdochium.

Protection des parcelles : choisir des produits polyvalents

Plusieurs substances actives de la famille des triazoles ont une action sur les fusarioses. Certaines solutions à base de triazole solo (metconazole, tébuconazole, bromuconazole) peuvent être plus économiques mais n’agissent que sur les flores Fusarium graminearum. Si l’année confirme un risque de flore mixte, il sera plutôt conseillé d’intervenir avec des solutions qui combinent les substances actives les plus efficaces : une base prothioconozale associée à du tébuconazole ou métconazole ou encore de la fluoxastrobine. En fonction du programme déjà réalisé sur la parcelle, penser à l’alternance des matières actives pour cette intervention.

Quel que soit le produit, l’efficacité maximale sur fusarioses reste autour de 50 à 60 % pour les meilleurs produits et est atteinte quand les conditions d’application sont optimales.

Si les conditions météo sont réunies au moment de la floraison, nous conseillons une protection fongicide en situations à risque (variétés sensibles, précédent maïs). Mais cette protection doit aussi être efficace sur les maladies foliaires, en particulier la septoriose et la rouille brune pour les variétés sensibles. Quelques signalements en rouille jaune sont également faits depuis quelques jours. Il convient donc de choisir un produit de protection en fonction de la situation et du risque de la parcelle, afin de choisir un produit efficace sur l’ensemble des cibles visées.

Tableau 1 : Efficacité des produits sur les maladies d’épis et du feuillage du blé

Tableau 1 : Efficacité des produits sur les maladies d’épis et du feuillage du blé

Comment positionner mon intervention ?

La première condition d’efficacité du traitement est son positionnement par rapport au stade de la parcelle : être au plus proche du début de la floraison, ce qui correspond à la sortie des premières étamines.

La sensibilité de positionnement est un peu différente selon la flore attendue :

  • pour une cible Fusarium graminearum : le stade début floraison est primordial pour avoir une efficacité correcte de la protection appliquée.
  • pour une cible Microdochium spp. : le stade d’intervention est plus souple
  • en flore mixte : se rapporter au positionnement Fusarium graminearum, soit début floraison.

Du point de vue de l’application, le volume d’eau doit être au minimum de 150 L/ha, quelles que soient les buses utilisées. Nos essais ont montré que le volume de bouillie est plus important que le choix des buses ou le recours à d’éventuels adjuvants.

Fusarium graminearum : la teneur maximale en DON revue à la baisse

Les fusarioses peuvent pénaliser de manière importante le rendement et la qualité des grains. Derrière ce nom de maladie se cachent en réalité une multitude de champignons, notamment Fusarium graminearum qui peut entraîner un effet négatif sur la qualité des grains avec la production de mycotoxines : le DON.

Attention : Le règlement européen (CE) N°1881/2006, fixant les teneurs maximales en mycotoxines pour des céréales brutes, a fait l’objet d’un réexamen concernant le DON, afin de réduire l’exposition des consommateurs à cette toxine. Pour le blé tendre, le taux maximal de DON va passer de 1 250 µg/kg à 1 000 µg/kg de grains bruts (pour le blé dur, de 1 750 µg/kg à 1 500 µg/kg). Une entrée en vigueur est prévue au 1er juillet 2024.
Pour plus d’informations, se reporter au guide de préconisations régionales Choisir et Décider – Interventions de printemps 2024 - blé tendre 

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