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Stratégie fongicide sur blé : faut-il raisonner la dépense ou la dose ?

Ces derniers mois, les prix du quintal des blés et des orges ont pu doubler et le coût des intrants exploser. L’augmentation moyenne des fongicides pourrait se situer aux alentours de 10-12 % (de 0 à 20 %) selon les produits. Comment tenir compte de ces changements et de ces incertitudes dans la protection fongicide à mettre en œuvre en 2023 ?

Fongicide montaison

Les maladies ont généré de faibles dégâts sur les céréales en 2022, confirmant une tendance à leur moindre incidence depuis quelques années. Les pertes de rendement du blé liées aux maladies sur la période 2004-2016 sont estimées en moyenne à 18 q/ha dans nos essais, contre 12 q/ha sur les six dernières années. Deux paramètres pourraient expliquer cette évolution : un paysage variétal plus résistant et des printemps plus secs.

En parallèle, la volatilité des cours des céréales et des prix des intrants ajoute de l’incertitude économique à l’incertitude technique.

Si les efforts de caractérisation des variétés et le développement des OAD permettent aux producteurs d’adapter la protection à la pression parasitaire de l’année, quel comportement adopter face à la volatilité des cours ? Faut-il envisager en 2023 une protection fongicide sans augmenter la dépense ? Faut-il préférer un raisonnement technique à dose constante, pour une situation parasitaire identique ? Ou faut-il profiter des cours du blé soutenus pour aller chercher un petit bonus de rendement ?

Pour éclairer la réponse à cette difficile question, nous avons simulé l’impact technique et économique de ces trois approches sur la base d’hypothèses agronomiques « moyennes » (tableau 1).

Les résultats montrent que les trois options se valent. Que l’on choisisse de maintenir la dépense, de maintenir la dose, ou d’aller chercher le dernier quintal, les bénéfices de la protection fongicide sont très semblables sur le plan économique : l’écart maximal en gain net est de 8 €/ha, pour du blé à 30 €/q et des fongicides 20 % plus chers, en présence d’une pression de maladie « moyenne ». Dans le premier cas (dépense identique), l’investissement fongicide et l’IFT sont les plus faibles alors que dans le dernier cas, la dépense, la consommation d’intrants et le rendement sont les plus élevés.

Tableau 1 : Gains obtenus selon trois scénarios de protection fongicide en 2023 (prix des fongicides : + 20 %, prix du blé : +58 %), comparés au contexte de prix 2022, pour une nuisibilité des maladies sur blé de 17 q/ha - Simulations réalisées avec l'équation de Monod*
tab1 fongi

*L'équation de Monod est un modèle mathématique empirique utilisé pour la croissance d’un micro-organisme (levure, bactéries...) donné en fonction de la concentration en substrat limitant cette croissance. Il est adapté ici pour modéliser les gains de rendement permis par l’utilisation de fongicides en fonction de la dose utilisée.

Pour établir nos recommandations pour la saison 2023, nous avons retenu l’approche « technique » intermédiaire sans changer les doses proposées en 2022, à risque parasitaire identique. Du fait de l’évolution du prix des fongicides, nos propositions de programme sont de 10 à 12 % plus chères qu’en 2022 pour une protection identique. L’évolution du prix du quintal devrait sans doute plus que compenser cette hausse.

L’essentiel reste inchangé : il s’agira avant tout de retenir une protection adaptée au contexte parasitaire de l’année dans chaque parcelle.

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