Maïs fourrage : comment expliquer les fortes disparités de rendement 2025 ?
En maïs fourrage, ARVALIS estime le rendement moyen national autour de 11,8 t MS/ha en 2025. Un chiffre en net retrait par rapport à 2024 (estimé à 13,4 t MS/ha par Agreste, mais légèrement supérieur à la moyenne quinquennale (11,4).
Les surfaces de maïs fourrage en 2025 sont en baisse par rapport à 2024. Selon Agreste, elles s’établissent à 1,210 millions d’hectares (Mha), contre 1,280 Mha en 2024. Il est assez aisé de mettre en relation la baisse des surfaces avec la baisse lente mais structurelle du cheptel bovin français.
A l’opposé de 2024, le début de printemps 2025 est plutôt sec sur les deux tiers nord de la France. Les semis de maïs fourrage peuvent démarrer dès la fin mars/première décade d’avril et progresser rapidement. La part des semis précoces est importante en 2025. La période de montaison (en mai et juin) se caractérise par un déficit de pluviométrie et des cumuls de températures excédentaires par rapport à la normale.
Juin connaît à la fois une première période de canicule et des passages de phénomènes orageux mais qui sont par définition inégaux.
Les rendements sont contrastés, à l’image de la pluviométrie estivale, allant de mauvais à bons. Un des éléments explicatifs est la concordance du retour de ces pluies avec la floraison ; elles sont parfois arrivées trop tard.
Des semis précoces dans la moitié Nord
Contrairement à l’année 2024, les semis ont pu démarrer tôt dans de nombreuses régions de la moitié nord de la France (Grand Est, Bourgogne, Hauts-de-France, Normandie, Île-de-France, Centre, Pays de la Loire). La Bretagne fait exception, avec des semis réalisés à partir de la fin avril (ce qui correspond néanmoins à des dates classiques pour cette région).
A contrario, les conditions plus humides au sud de la Loire ont eu pour conséquence des semis plus tardifs qu’à l’accoutumée.
Sur les mois de mai et surtout juin, l’écart à la moyenne de la température est excédentaire par rapport à la normale sur 20 ans. Cela entraîne une progression rapide des stades des maïs et par conséquent une floraison précoce. Beaucoup de parcelles vont fleurir sur la première décade de juillet. On pouvait alors s’attendre à des récoltes précoces sans compter que le déficit hydrique est déjà marqué sur les régions du Centre-Ouest. Cela va accélérer l’atteinte du « stade optimal de récolte maïs fourrage ».
Cartes 1 et 2 : Cumul de pluies entre le 1er et le 31 mai (à gauche) et entre le 1er et le 30 juin 2025 (à droite)
Un mois de mai sec sur les deux tiers nord de la France, un retour des pluies bien souvent sous forme orageuse à la mi-juin sur la bordure maritime Nord et l’Est alors que le déficit s’accentue en Centre-Ouest.
Graminées et datura, deux flores à combattre
Une autre conséquence négative du début de cycle sec se situe du côté de la gestion de la flore adventice, et particulièrement de la gestion des graminées. Celle-ci se complique d’autant plus que 2025 est la première année depuis l’arrêt du S-Métolachlore. Les produits racinaires ont été mis en difficulté par les sols secs. Le développement du ray-grass et du vulpin dans les cultures d’été est à surveiller d’autant plus que les solutions efficaces se raréfient.
Un autre point qu’il convient de mettre en avant concerne le datura qui gagne du terrain dans toutes les régions. Il est important de sensibiliser les éleveurs à le reconnaître pour l’éliminer par tous les moyens (pouvant aller jusqu’à l’arrachage manuel) des parcelles avant l’ensilage. Les alcaloïdes tropaniques qu’il contient, dans toutes les parties de la plante, sont très toxiques pour les bovins.
Ravageurs : des vers gris plus qu’à l’accoutumé
Sur cette première partie de cycle, la pression des ravageurs a été contenue (à mettre en relation avec une croissance rapide des maïs). Des attaques de vers gris sont signalées dans les régions les plus au Sud et des dégâts sont aussi observés dans une moindre mesure en Poitou-Charentes, Pays de la Loire et région Centre. Les attaques de géomyze (qui concernent plutôt les régions de l’Ouest) sont faibles. Quelques attaques de taupins sont signalées en Rhône-Alpes, Sud Aquitaine et Bretagne.
Parmi les ravageurs à considérer, il faut mentionner les corvidés pour lesquels les attaques sont imprévisibles. Des dégâts importants ont notamment été relevés en région Rhône-Alpes. Ailleurs, les semis relativement groupés et le taux de protection des semences avec la spécialité Korit420FS ont permis de diluer les attaques. Cependant, pour les parcelles ravagées, l’impact est souvent très fort entraînant des re-semis par zones ou parcelles entières.
Des dégâts de gros gibiers, sangliers et blaireaux, au semis comme à la récolte, sont aussi signalés sur tout le territoire. Ils peuvent être localement importants.
Concernant les foreurs, un peu plus tard dans le cycle, les captures de papillons de pyrales et de sésamies (pour les régions concernées) durant l’été laissent penser à une pression relativement élevée dans les parcelles. Celle-ci est nettement supérieure à 2024. Cependant, les dates de récolte beaucoup plus précoces que l’année dernière n’ont pas été favorables à l’expression des dégâts causés par les larves dans les tiges de maïs.
Des rendements dans le sillage des pluies estivales
La floraison femelle intervient avec 5 à 10 jours d’avance par rapport à la normale sur les situations de semis précoces. En dépit du stress hydrique marqué sur certaines parcelles (bilan hydrique déficitaire et ou faible capacité du réservoir utile) on peut signaler l’impact positif du rayonnement non limitant pendant la période de pré-floraison synonyme d’un potentiel de fertilité des épis important. Cependant certaines situations ont pu être impactées par les températures élevées et le stress hydrique précoce (autour de 8-10F du maïs) provoquant une régulation au niveau de la programmation des épis.
Même si elle est beaucoup moins marquée qu’en 2024, il existe tout de même une variabilité des situations en fonction de la date de semis et de la précocité variétale. Ainsi, pour les floraisons après le 14 juillet, les températures sont redevenues proches des normales et des épisodes pluvieux sont intervenus.
Pour les parcelles précoces, le début de remplissage du grain est concomitant avec un second épisode caniculaire (du 8 au 18 août). Celui-ci va déclencher les récoltes dans les régions les plus impactées par le stress hydrique comme en Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Limousin, Auvergne, Bourgogne, Rhône-Alpes. Le retour des pluies à partir du 19-20 août sera salvateur pour les situations les plus tardives qui pourront encore en bénéficier.
Beaucoup de parcelles récoltées à plus de 35 % MS
Beaucoup de parcelles ont été récoltées à des teneurs en matière sèche supérieures à 35 %. Ceci peut avoir des conséquences négatives sur la valeur alimentaire, la digestibilité des fibres mais peut aussi mettre en péril la bonne conservation du silo (difficultés de tassement pour des teneurs en matière sèche supérieures à 35 %).
Les rendements sont mauvais à bons avec une très forte hétérogénéité entre régions mais aussi intra-régionale. Les régions les plus fortement impactées par la baisse des rendements se situe en Centre-Ouest. A titre d’exemple, dans les Pays de la Loire, les estimations montrent une baisse de rendement de 20 % par rapport à 2024. Elles ont entraîné des transferts de surfaces de maïs grain vers des récoltes en maïs fourrage. A contrario, dans les régions de la bordure maritime, c’est l’inverse qui a pu se produire.
Tableau 1 : évolution des surfaces et des rendement en maïs fourrage dans les différentes régions françaises
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