Résultats d’essais

Alimentation des bovins - Maïs denté-farineux : quelles performances en attendre ?

De nouvelles variétés de maïs dits « dentés farineux » ont récemment fait leur apparition sur le marché. D’après les essais conduits par ARVALIS sur une variété de ce type entre 2018 et 2019, ce profil génétique présente des valeurs alimentaires proches de celles des variétés cornées-dentées de même précocité, que ce soit pour le rendement ou la qualité, y compris pour les récoltes à taux de matière sèche élevés.

Maïs fourrage : la valeur alimentaire des « dentés farineux »

Récolte à 32-35 % MS : toujours le pivot de la qualité

Le stade de récolte préconisé du maïs fourrage se situe entre 32 et 35 % MS plante entière. C’est le meilleur compromis entre le rendement, la qualité de conservation et la valorisation par les bovins. En pratique, il est parfois compliqué de respecter cette préconisation du fait de conditions de fin de cycle très séchantes ou du manque de disponibilités des matériels de récolte. Pour preuve, plus d’un tiers des maïs fourrage sont récoltés à plus de 35 % MS chaque année, d’après l’observatoire qualité du maïs fourrage piloté par ARVALIS. La récolte à un stade trop avancé a des conséquences négatives sur la qualité du fourrage : baisse de la digestibilité des fibres et de la dégradabilité de l’amidon, augmentation du risque mycotoxines, augmentation des échauffements à l’ouverture du silo et donc des pertes au désilage…

La moindre dégradabilité de l’amidon est en partie compensée au silo, au cours du stockage, grâce aux enzymes protéolytiques qui prédigèrent les particules de grain. Mais, en cas d’ouverture rapide du silo après récolte, les enzymes n’ont pas le temps d’agir. Si l’éleveur s’attend à ce type de situation dès les semis, le choix d’une variété dont l’amidon est très dégradable peut être intéressant.

Concernant la qualité de la fibre, le processus d’ensilage a très peu d’effet sur ce critère qui est très lié à la durée de cycle, et ce quel que soit l’état visuel de l’appareil végétatif. Ainsi, un bon stay green n’améliore pas la digestibilité des fibres.

 

Une variété denté-farineux évaluée du champ à l’animal

Six essais ont été mis en place sur deux années (2018 et 2019) et trois sites (Bignan [56], La Jaillière [44], Estrées-Mons [80]) pour évaluer la variété P8666 à grain denté-farineux. Il s’agissait de mesurer son rendement et l’évolution de sa composition chimique par rapport à deux variétés témoins à grain corné-denté, de précocité équivalente (précoces, S1), l’une type « fibre » et l’autre type « amidon ».

Pour rappel, les maïs « fibres » sont des maïs à haute digestibilité des tiges et des feuilles, avec une teneur en amidon réduite, alors que les maïs « amidon », plus typés « grains », présentent des teneurs élevées en amidon et des fibres moins digestibles. Avec l’avancée du stade de récolte, et de bonnes conditions de cultures, un maïs passera d’un profil plus « fibre » à un profil plus « amidon ».

Dans les essais, les maïs ont été récoltés à quatre dates entre 28 et 45 % MS plante entière, soit avant le stade ensilage et jusqu’au stade « maïs épi ».

En complément, deux essais de digestibilité « in sacco » ont été menés sur les récoltes 2018 et 2019 de la Jaillière pour mesurer la dégradabilité de l’amidon dans le rumen.

L’essai d’Estrées-Mons de 2018 n’a pas pu être exploité en raison d’une verse précoce sur la variété P8666. Sur les cinq autres essais, la teneur en MS (épi et tiges + feuilles) de la variété P8666 a évolué de façon très similaire à celle du témoin fibre, alors que le témoin amidon semble avoir été légèrement plus précoce. Sur chaque site, à une date de récolte donnée, le rendement mesuré de 16,9 t MS/ha en moyenne (± 0,4) a été équivalent entre les trois variétés, sur une plage de récolte allant de 33 à 43 % MS et des niveaux de rendements microparcelles de 14 à 20 t MS/ha. L’évolution de rendement entre les points de prélèvements a été équivalente entre les trois variétés.

Variété denté-farineux : une teneur en amidon intermédiaire entre les maïs typés fibre et amidon

La teneur en amidon de la variété témoin « profil amidon » a été supérieure d’environ 1,5 point à celle de la variété « témoin fibre », alors que celle de la variété P8666 a été intermédiaire. A l’inverse, la teneur en sucres solubles a été plus élevée pour le témoin fibre, de 1,5 à 2,5 points par rapport au témoin amidon et P8666.

Tableau 1 : Teneur en matière sèche et composition chimique de chaque variété en fonction du stade de récolte (moyenne de 5 essais sur les récoltes 2018 et 2019)
Teneur en matière sèche et composition chimique de chaque variété en fonction du stade de récolte

Une digestibilité amidon et fibres comparable aux témoins

Dans les essais in sacco, la dégradabilité de l’amidon de P8666 a été élevée et équivalente à celle du témoin amidon, à hauteur de 84 % au stade 30-35 % MS, et supérieure de 7 points à celle du témoin fibre. La baisse de la dégradabilité de l’amidon avec l’avancée en maturité a été équivalente pour les trois variétés, de l’ordre de - 0,8 point par point de MS supplémentaire entre 30 et 40 % MS. Quel que soit le stade de récolte, la quantité d’amidon dégradable (teneur en amidon x dégradabilité) a été supérieure pour le témoin amidon par rapport au témoin fibre, celle du P8666 étant intermédiaire. A noter qu’au stade 40 % MS en 2019, l’augmentation de la teneur en amidon n’a pas compensé la baisse de dégradabilité de l’amidon, d’où la plus faible quantité d’amidon dégradable par rapport au stade 35 % MS pour les trois maïs (sur vert et fermenté 60 jours). Les écarts de teneur en amidon dégradable entre les deux années s’expliquent essentiellement par la proportion d’amidon plus élevée en 2018, en lien avec des conditions plus favorables qu’en 2019 sur la fin de cycle.

Figure 1 : Teneur en amidon dégradable des trois variétés mesurée sur vert en fonction de la teneur en MS plante entière (site de la Jaillière [44], récoltes 2018 et 2019)

Les étiquettes de données correspondent à la dégradabilité de l’amidon (DT6Amidon en %) mesurée à partir des essais in sacco.
Teneur en amidon dégradable des trois variétés mesurée sur vert en fonction de la teneur en MS plante entière

La qualité de l’appareil végétatif a été estimée par la DMOna (calcul de la digestibilité de la matière organique hors amidon). La DMOna a logiquement été supérieure pour le témoin fibre par rapport au témoin amidon. La variété P8666 a présenté une qualité de fibres intermédiaire. La baisse de la digestibilité des fibres a été marquée pour les trois variétés entre 30 et 40 % MS. Au final, la valeur énergétique (UFL) de P8666 a été proche des deux variétés témoins.

Tableau 2 : Digestibilité de l’appareil végétatif (dMOna) et valeur énergétique (UFL) calculées pour chaque variété en fonction du stade de récolte (moyenne de 5 essais sur les récoltes 2018 et 2019)
Digestibilité de l’appareil végétatif (dMOna) et valeur énergétique (UFL) calculées pour chaque variété en fonction du stade de récolte

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A retenir

En résumé, le rendement de la variété P8666 est équivalent à celui des variétés témoins mesuré à un stade donné. Sa teneur en amidon, sa quantité d’amidon dégradable et la digestibilité de son appareil végétatif sont intermédiaires à celle des maïs typés fibre et amidon. Ces deux derniers critères évoluent à la baisse avec le stade de récolte, de façon identique pour les trois variétés.

Une bonne dégradabilité de l’amidon présente un intérêt zootechnique significatif en cas d’ouverture de silo précoce ou de récolte tardive. Il n’est toutefois pas conseillé de dépasser 35 % MS à la récolte afin d’assurer une bonne qualité de conservation au silo et limiter les pertes au désilage.

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