Lutte contre les foreurs du maïs : se préparer à intervenir
Alors que les parcelles de maïs se situent majoritairement en début de montaison, la surveillance des foreurs est déjà en place depuis quelques semaines : pour les sésamies, le piégeage a démarré mi-mai en région Centre ; pour les pyrales, les vols sont confirmés depuis fin mai / début juin selon le secteur. La stratégie de lutte va dépendre de la cible dominante.

Des vols précoces de sésamies et de pyrales
La sésamie, bien installée sur les secteurs Touraine et Champagne Berrichonne, est également piégée dans les parcelles de maïs du Val-de-Loire, voire Sud Beauce (absence pour le moment en Auvergne et Ile-de-France). Les vols de première génération ont démarré tôt dans la saison (figure 1). On estime que 50 % des vols ont eu lieu autour du 5-10 juin.
Figure 1 : Dynamique du vol de sésamies – évolution pluriannuelle des captures

Concernant les pyrales, les captures sur pièges à phéromones se sont intensifiées fin mai dans les secteurs les plus chauds (Champagne Berrichonne). Les conditions actuelles leur sont favorables, ce qui explique des captures en hausse sur les secteurs « plus froids » : Beauce, Ile-de-France et Allier à partir du 5-10 juin (figure 2). A noter que le secteur Limagne ne démontre pas de pyrales pour le moment.
Figure 2 : Dynamique du vol de pyrales – évolution du nombre moyen de foreurs piégés par secteur

Broyer et enfouir les cannes pour limiter les risques
La gestion des cannes après récolte s’avère le premier levier de lutte contre les foreurs : le broyage sous bec se révèle insuffisant (mais pas neutre), mais un broyage fin juste après la récolte a une efficacité de 50 à 70 % sur les foreurs, et jusqu’à 85 % si le broyage est suivi d’un travail du sol pour enfouir les résidus. La lutte doit être collective pour être efficace !
Intervenir avec une protection adaptée au bon stade en fonction du ravageur
Au niveau de la lutte en végétation, plusieurs options sont possibles en fonction de la dominance des ravageurs, de l’équipement disponible sur la ferme (ou ETA) et de la méthode de lutte choisie. Le seuil d’intervention recommandé pour nos régions se situe au-dessus de 0,5 à 0,8 larve par plante à l’automne précédent (carte 1) :
Carte 1 : Infestations larvaires en pyrales sur la région Centre en 2024

En cas de risque pyrale dominant (cas majoritaire dans nos trois régions) :
- Le positionnement des trichogrammes (biocontrôle) doit viser les premières pontes de pyrales, soit au début des piégeages (pleinement efficaces qu’après 3-4 jours après les lâcher). Au regard des captures, les trichogrammes doivent être positionnés dès à présent dans la région. Attention, ils ne sont pas efficaces sur sésamies.
- Les insecticides à base de pyréthrinoïdes à action larvicide sont à positionner pour toucher le plus de larves possibles, c’est-à-dire au pic de vol. Au vu de la présence avérée de pyrales résistantes aux pyréthrinoïdes (notamment en Beauce), cela limite l’intérêt de recourir à cette famille chimique.
- Le chlorantraniliprole (Coragen), dont l’action est essentiellement larvicide, peut être positionné de manière plus souple, à l’optimal au moment du pic de vol, ou avant. Cette année, au vu de l’avancée des stades des maïs, il sera sans doute délicat d’intervenir au pic de vol sans équipements spécifiques. Ainsi, les applications peuvent être réalisées, soit à l’enjambeur pour coller au pic de vol des pyrales, soit juste avant le stade limite passage tracteur pour être au plus proche du pic (tableau 1).
Figure 3 : Positionnement de la lutte chimique ou biologique dans la lutte contre les pyrales

Si risque sésamie dominant (rare – sud Centre)
Cette situation est relativement minoritaire, mais peut se retrouver sur certaines parcelles du sud de la région Centre. L’application doit être réalisée une semaine après 50 % du vol de sésamies. Cette date correspond au stade où les jeunes larves (dites « baladeuses ») colonisent les pieds voisins du pied porteur de la ponte.
Si risque pyrale et sésamie (sud Centre)
Il faudra trouver un compromis entre les deux périodes optimales, pour toucher un maximum de larves.
Tableau 1 : Date prévisionnelle d’une stratégie en un traitement en fonction des secteurs

Pour plus d’informations sur les dynamiques de vols, pensez à consulter les BSV maïs de votre région.
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