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Poitou-Charentes

Les conseils pour le désherbage des céréales semées tardivement et arbitrer en cas d’impasse

Depuis le début de la campagne, les records de pluviométrie ont largement perturbé les chantiers de semis avec pour conséquence une grande hétérogénéité de situations, nécessitant un pilotage à la parcelle. On identifie deux grandes périodes de semis : les semis réalisés avant le 17 octobre, donc précoces, et actuellement au stade plein tallage ; et ceux conduits entre les 20-26 novembre à début décembre, qui sont au stade 3 feuilles/début tallage.

Forte infestation de ray-grass dans une parcelle de blé en 2024 en Poitou-Charentes

Afin de préserver le rendement de la culture et optimiser l’efficacité des herbicides, l’objectif est de désherber avant, ou dans les jours suivant le premier apport d'azote, qu’il est nécessaire d’adapter en fonction de la situation :

  • Dans le cas des semis précoces, avec un enherbement important des parcelles, les graminées sont parfois fortement développées et les solutions sont restreintes, voire inexistantes.
  • Dans le cas de semis fin novembre, le décalage de la date de semis et un labour dans un grand nombre de situations ont réduit considérablement le salissement en graminées. Néanmoins, les températures douces de décembre voire de fin janvier favorisent des levées tardives, notamment ray-grass.
  • Un semis de janvier sera assez épargné par les graminées. Cependant, dans les situations connues très difficiles, notamment avec un historique de ray-grass résistants, une prélevée simple est suffisante. Dans ce cas, on rappelle l’importance de l’humidité du sol pour une bonne efficacité et les conditions climatiques après traitement (pluies, amplitude thermique, et températures négatives). Il convient de nuancer cette possibilité en cas de semis réalisé dans de mauvaises conditions avec des grains en surface.

Désherbage : priorité à la gestion des graminées

Figure 1 : Focus sur le désherbage graminées (ray-grass, vulpin) en semis précoces

Figure 2 : Focus sur le désherbage graminée (ray-grass, vulpin) en semis tardifs

Seuil de retournement : arbitrer en fonction de la densité de plantes et/ou de la pression graminées

Dans les zones où l’excès d’eau s’est maintenu plusieurs jours ou semaines (mouillères, bords de parcelles), il est probable que l’ensemble des plantes ait disparu. Dans ce cas, la zone sera à ressemer avec une culture adaptée (tableau 1).

Dans les parcelles affectées par un engorgement en eau durable et/ou l’apparition d’une croûte de battance, le taux de levées peut être fortement abaissé. Dans ce cas, un comptage est nécessaire. On considère de manière un peu empirique que 80 à 100 plantes bien réparties constituent un seuil de maintien : ça n’assure évidemment pas l’atteinte d’un rendement maximum, mais ça permet de couvrir les coûts déjà engagés. Ce seuil est cependant à moduler en fonction du contexte de chaque parcelle :

  • Si la structure du sol a été dégradée lors de l’implantation, les capacités de rattrapage seront limitées.
  • Si la parcelle est irrigable, il peut être pertinent de refaire la culture avec un blé dur, une orge de printemps ou un maïs. A l’inverse, si la parcelle est séchante, s’engager vers une culture de printemps ou d’été est risqué : il convient mieux de conserver la culture en place.
  • Si la parcelle est enherbée et non désherbée avec plus de 60-70 ray-grass/m2, la nuisibilité directe et indirecte sera telle que le remplacement de la culture est à envisager (ou sa valorisation en fourrage ou méthanisation avant épiaison des ray-grass).

Si la culture est conservée, le désherbage doit être réfléchi : une parcelle clairsemée risque de se salir rapidement, mais appliquer un herbicide sur des plantes fragiles et dans des conditions encore froides peut accentuer les dégâts. Le choix du produit et des conditions d’application sont donc primordiaux. Il est important de ne pas stresser davantage les plantes en appliquant une spécialité provoquant une phytotoxicité.

Tableau 1 : Possibilité de réimplantation des cultures de printemps en fonction des programmes d’automne (essais ARVALIS à Boigneville (91) de 2013 à 2015)

Tableau 1 : Possibilité de réimplantation des cultures de printemps en fonction des programmes d’automne (essais ARVALIS à Boigneville (91) de 2013 à 2015)

NB : l’isoproturon a été retiré du marché en 2017, la flurtamone en 2019 (sur céréales) et le bromoxynil en 2021.

Le tournesol a été étudié deux années consécutives mais la destruction de la culture par les pigeons empêche toute conclusion.

Message rédigé par ARVALIS avec l’appui des Chambres d’Agriculture de Charente, Charente-Maritime et Deux-Sèvres, Soufflet Agriculture, coopérative de Mansle, Terre Atlantique, Sèvre et Belle, groupe Piveteau, Groupe Isidore et Océalia.

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