Fortes températures & maïs : des impacts à prévoir sur le potentiel de rendement ?
Actuellement, les maïs se situent majoritairement entre 10 et 15 feuilles, et les plus précoces atteindront la floraison dans les prochains jours. Depuis une semaine, ils sont exposés à des températures maximales très élevées, excédant régulièrement les 34 à 35°C sous abri. Les conséquences des stress thermique et hydriques vont dépendre du stade des parcelles où ils surviennent.
Quelles conséquences du stress thermique ?
Le maïs est une plante originaire de la zone équatoriale et supporte assez bien des températures élevées au cours de son cycle. Les températures optimales de développement se situent entre 25 et 30°C mais la plante peut subir sans dommages jusqu’à 35°C. Au-delà, les conséquences possibles dépendent de son stade mais aussi de son alimentation en eau. En effet, la transpiration permet à la plante de réguler sa température, et donc de supporter des températures plus élevées.
Autour de la transition florale
La transition florale est atteinte lorsqu’on observe 50 % des feuilles visibles (environ 8-12 feuilles selon la précocité de la variété). Durant cette période, le maïs peut supporter des températures allant jusqu’à 38°C sans conséquence irréversible sur l’appareil végétatif, même si des brûlures en bout de feuilles peuvent apparaître. Mais dès 36°C, la température devient excédentaire pour la plante et peut causer un ralentissement de la croissance due à une diminution de la photosynthèse. Actuellement, aucune situation en Poitou-Charentes n’a entraîné de stress strictement thermique sur les maïs pendant cette période entre transition florale et floraison.
Autour de la floraison
A partir du début floraison, la sensibilité aux températures élevées s’accroît et si les températures maximales dépassent 36°C, la floraison peut être perturbée. La gravité de ce type d’accident devient importante au-delà de 38°C.
Concrètement, à partir de 36°C, la quantité et la qualité du pollen sont affectées ; cumulé à une période de floraison de la panicule réduite, cela peut entraîner d’importants problèmes de pollinisation et donc, de fécondation des ovules. Dans ce type d’incident, le nombre de grains peut être fortement pénalisé, les conséquences visibles variant selon le stade du futur épi lors de sa survenue.
Quelles conséquences du stress hydrique ?
Depuis le 1er mai, sur l’ensemble des stations du Poitou-Charentes, les cumuls de pluies moyens avoisinent 55 mm alors que la médiane sur 20 ans est de 130 mm sur la même période. La consommation actuelle des plantes augmente avec l’accroissement de la surface des feuilles. En absence d’irrigation, les sols se dessèchent rapidement et, y compris en sols profonds, les cultures subissent des déficits hydriques depuis quelques jours. Avec, cependant, des niveaux d’intensité variables en fonction du type de sol, de la date de semis et la précocité de la variété.
Carte 1 : Ecart à la normale de pluviométrie entre le 1er mai 2025 et le 23 juin 2025 - médiane 2005-2024

Autour de la transition florale
Les symptômes caractéristiques sont un enroulement ou un étalement (photos) des feuilles, accompagné d’un desséchement précoce et progressif des feuilles du bas de la plante. En effet, pour se protéger, la plante ferme ses stomates pour limiter la transpiration : l’activité photosynthétique se trouve alors réduite, induisant un ralentissement du développement (l’émission de nouvelles feuilles) et de la croissance (indice foliaire et appareil racinaire). La surface verte est encore fonctionnelle pour assurer la croissance lors du retour des pluies.

L’impact d’un stress hydrique avant 10 feuilles est généralement réversible et sans conséquence sur le rendement. Dans la région, peu de situations se trouvent en deçà de 10 feuilles et les conditions à venir sont encore séchantes.
- la régression du nombre de rang à partir de 50 % de feuilles visibles ;
- la régression du nombre d’ovules par rang.
En effet, le nombre de rangs de l’épi, est déterminé vers 10‐12 feuilles ; cependant, le nombre de couronnes continue d’évoluer au cours du temps et jusqu’à la floraison.
Autour de la floraison
Les effets négatifs d’un stress hydrique autour de la floraison sont similaires à ceux liés au stress thermique, le stress hydrique accentuant les phénomènes décrits plus haut. Plus spécifiquement, un stress hydrique à floraison ralentit la sortie des soies, combiné à une période d’émission du pollen diminuée et une moindre quantité de celui-ci, impactant donc le nombre de grains fécondés.
En conclusion, les stress thermique et hydrique visibles dès la transition florale dans la région Poitou-Charentes peuvent affecter le nombre d’ovules initiés et le nombre de grains mis en place, si la situation se poursuit pendant la période de floraison. L’impact sur le rendement peut être atténué si des pluies significatives arrivent en post-floraison. En effet, le nombre de grains sera sûrement affecté par les conditions actuelles, mais peut être compensé au moins en partie par le poids de mille grains (PMG) si les conditions de remplissage sont favorables.
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