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Pays de la Loire

Fertilisation azotée des céréales : s’adapter aux conditions difficiles

La gestion du premier apport d’azote sur les céréales nécessite cette année de s’ajuster à la grande diversité des situations. Dans les parcelles implantées en conditions difficiles et pour les semis tardifs, la stratégie habituelle doit être adaptée.

Apport d’azote au tallage des céréales

Des reliquats sortie hiver faibles

La pluviométrie historiquement élevée de cet hiver a entraîné l’azote minéralisé en novembre -décembre dans les horizons profonds du sol. Cet azote minéral lixivié n’est plus accessible aux racines et ne sera pas valorisé par les cultures. Dans ce contexte, le niveau des reliquats d’azote minéral dans le sol en sortie d’hiver est bas, entre 20 et 40 kg N/ha sur trois horizons.

Pour une large partie du territoire, les cumuls de pluie mesurés entre le 1er septembre et la fin janvier dépassent 400 mm.

Carte 1 : Cumuls de pluie du 1er septembre 2023 à fin janvier 2024

Carte 1 : Cumuls de pluie du 1er septembre 2023 à fin janvier 2024
Des situations très contrastées cette année

Des enracinements déficients pour les semis retardés, corrects pour les semis d’octobre

Dans les premières parcelles semées et dans les sols les plus sains, les cultures sont bien implantées et présentent un état de croissance satisfaisant.

En revanche, pour les semis tardifs, échelonnés de fin novembre à début janvier, les appareils racinaires n’ont pas encore exploré les horizons profonds. De plus, les sols hydromorphes sont régulièrement asphyxiés dès le retour de la pluie et les plantes souffrent de l’excès d’eau. Dans ces conditions difficiles, l’enracinement restera déficient et l’absorption d’azote sera pénalisée tout au long du cycle de la culture.

Conduite à tenir pour le premier apport d’engrais azoté 

Prévoir un apport au tallage cette année 

Dans le contexte de l’année, un apport au tallage est justifié dans la majorité des situations. Vu l’échelonnement des semis, il faut bien raisonner en stades des cultures et pas en dates calendaires. Pour les semis d’octobre – novembre, on peut envisager un apport autour du 20 février.

Ne pas gonfler la dose de l’apport tallage 

Inutile de majorer la dose au motif que la culture est mal implantée. Avant le stade épi 1 cm, la céréale a de faibles besoins en azote. 30 à 40 kg d’azote /ha en cours de tallage suffisent. Vu le mauvais enracinement, il est préférable d’accompagner les cultures par des apports fractionnés réguliers (trois à quatre passages).

Passer sur des sols ressuyés 

Il est inutile de passer « en force » pour apporter de l’engrais : en sol saturé d’eau, les racines sont asphyxiées et n’absorbent pas les nutriments. On a tout à perdre à intervenir dans ces conditions : tassement des sols, perte de l’engrais.

Et pour la suite ?

Réajuster les postes du bilan N

La dose pivot apportée autour d’épi 1 cm devra être ajustée au potentiel des cultures attendu. Dans les parcelles semées tard, et/ou en mauvaises conditions, celui-ci sera revu à la baisse. Il faut minorer toutefois les fournitures du sol du fait des reliquats faibles notamment.

Fractionner et piloter le dernier apport 

Pour maximiser l’efficacité de l’engrais apporté, il est essentiel de ne pas tout solder à épi 1 cm et de réserver une partie de l’engrais pour la fin montaison. Le pilotage de la nutrition est stratégique cette année car il permettra d’accompagner au mieux la diversité des situations rencontrées et de réajuster les apports prévus au plus près des besoins des cultures. C’est dans ces situations atypiques que le recours aux outils de pilotage est le plus payant.

Vigilance sur le soufre 

Cet élément est soumis au lessivage comme l’azote. Cette année, les situations exposées à une carence seront plus nombreuses.

Tableau 1 : Recommandations sur les apports de soufre selon la situation

Tableau 1 : Recommandations sur les apports de soufre selon la situation

L’apport de soufre sera réalisé de préférence autour du stade épi 1 cm : éviter un apport au tallage.

NB : Les apports de phosphore (P) ne seront bénéfiques que sur les sols dont la teneur en P justifie un apport (cf plan prévisionnel de fumure). Un apport n’aura pas capacité à compenser un mauvais enracinement causé par l’excès d’eau. En sol bien pourvu, il n’aura pas d’effet sur le rendement.

Message rédigé par ARVALIS en concertation avec Agrial, Cavac, la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, Eureden, les établissements Hautbois, la coopérative d’Herbauges, Soufflet Agriculture.

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