Fertilisation azotée des céréales : attendre que le sol soit ressuyé pour intervenir
L’excès d’eau persiste, avec de très fortes précipitations sur janvier. Les céréales sont encore peu développées vu les températures fraîches, le retard des semis et l’asphyxie des sols engorgés. Pas d’urgence pour réaliser le premier apport d’azote : il sera valorisé correctement dès lors qu’il est apporté sur une culture poussante dans un sol bien ressuyé.

Tenir compte de la date de semis et de l’état de développement des cultures
Notre précédent article « Céréales : raisonner le premier apport azoté en fonction de la date de semis » indiquait les recommandations pour raisonner le premier apport d’azote.
En résumé : deux cas de figures se présentent cette année :
- Les parcelles semées « tard » (semis à partir de début novembre) vont nécessiter un apport au tallage. Toutefois, elles sont actuellement peu développées, leurs besoins en minéraux sont encore peu importants. Il n’y a donc pas urgence à intervenir, d’autant plus que les parcelles sont loin d’être ressuyées. Attendre que le sol soit bien ressuyé pour intervenir.
- Les parcelles bien implantées en sol sain, qui présentent une croissance satisfaisante et ont capacité à absorber l’azote du sol au fur et à mesure de sa minéralisation. Dans ces situations, le premier apport d’azote est à programmer au plus tôt pour fin février – début mars, à l’approche du stade épi 1 cm. Dans ces parcelles, notamment celles qui ont été semées très tôt, la priorité va au rattrapage du désherbage. Un apport d’engrais prématuré ne ferait que favoriser les adventices au détriment de la culture.
Apport sur sol détrempé = apport d’engrais gaspillé
Certains équipements (chenillards) sont proposés pour permettre des épandages d’engrais sur des parcelles encore très humides. Face à une culture qui souffre d’excès d’eau, il peut être rassurant de « tenter le tout pour le tout » pour améliorer la situation.
Il convient de rappeler qu’une céréale asphyxiée par l’excès d’eau n’a pas capacité à absorber les éléments nutritifs. L’absorption reprendra une fois l’eau excédentaire évacuée. Entre temps, l’engrais qui aurait été apporté sur sol non ressuyé est exposé au lessivage… Au final, la part de l’engrais effectivement valorisée dans ces conditions sera très faible (inférieure à 30 %).
Des trombes d’eau sur janvier : réactualiser les mesures de reliquats dans le calcul de la dose du bilan
La pluviométrie depuis début septembre excède fréquemment les 400 mm. En conséquence, une partie de l’azote minéralisé en novembre-décembre a migré en profondeur et n’est actuellement pas accessible aux racines, notamment pour les semis tardifs. Les pluies intenses de janvier (carte 1) ont fortement accentué cette tendance, avec des niveaux de reliquats azotés attendus faibles cette année.
Aussi, conviendra-t-il de réajuster les valeurs mesurées par analyse si le prélèvement de terre a été réalisé début janvier.
- Comment ajuster la valeur du poste Ri en fonction des précipitations après le prélèvement d’échantillon de sol ?
- Tables d’ajustement du terme L en fonction de la lame drainante

Suite à la forte pluviométrie de janvier, une partie du stock d’azote minéral mesurée dans le sol a été perdue. Il conviendra de réactualiser ce poste du bilan azoté si le prélèvement de terre a été effectué avant les fortes pluies.
Recommandations pour optimiser les apports d’engrais
- Attendre le ressuyage des parcelles pour limiter pertes d’engrais et tassement du sol : rappelons que la culture n’absorbe rien tant que le sol est asphyxié.
- La forme d’engrais (ammonitrate, urée, solution) n’entraîne pas de retard dans la valorisation de l’engrais : pas besoin d’anticiper la date d’apport selon la forme.
- Surveiller le salissement et priorité au désherbage : les adventices détournent l’engrais apporté au détriment de la culture.
- Le phosphore n’est pas nécessaire en sol bien pourvu : nos essais d’apport d’engrais P réalisés sur cultures pénalisées par l’excès d’eau montrent que celles-ci ne répondent pas à la fertilisation phosphorée « de circonstance », sauf si le sol est pauvre en P.
- Attendre la toute fin tallage ou le stade épi 1 cm pour apporter du soufre, si nécessaire – nous aurons l’occasion d’en reparler dans un prochain message.
Message rédigé par ARVALIS en concertation avec la CAVAC, La Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire, Eureden, la coopérative d’Herbauges, les établissements Hautbois, Soufflet Agriculture.
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