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Rhône-Alpes

Désherbage du maïs : comment réussir ses rattrapages ?

Les semis de maïs sont quasi finalisés dans la région. Si le mois d’avril chaud a permis des implantations et des désherbages de prélevée en bonnes conditions, il est déjà temps de rattraper les parcelles les plus avancées. Le tir à vue est de mise mais sans oublier que certaines adventices n’en sont peut-être qu’au début de leur émergence (ex graminées estivales).

bineuse sur mais a environ 3 F

Avant toute chose : évaluer la situation

En premier lieu, il convient de bien repérer le stade du maïs : à l’heure actuelle, les stades vont de semis-levée à 7 feuilles visibles. On évitera toujours les applications d’herbicides sur des maïs pointant, et on attendra le stade 2 feuilles sur des maïs en bon état végétatif.

Parallèlement, il s’agit d’inventorier précisément la flore en présence : espèces et stades de développement. Cet inventaire est indispensable pour composer les mélanges et choisir les doses les plus adaptées.

Enfin, il faut évaluer l’impact des interventions déjà réalisées sur la flore présente et à venir. Pour ce qui concerne les herbicides racinaires, une humectation minimale du profil est indispensable. Aujourd’hui, trois situations se distinguent dans la région :

  • Les semis précoces (< 5 avril), dont les applications de prélevée ont pu se faire sur sol parfois sec et avec peu de pluies dans les 15 jours (tableau 1) ;
  • Les semis plus classiques (5-30 avril) qui ont bénéficié de bonnes conditions, voire trop de pluies dans certains secteurs ;
  • Les semis tardifs (> 5 mai) : maïs ensilage ou secteurs plus tardifs avec le retour des fortes chaleurs. Les prochains jours seront déterminants pour la réussite des prélevée (retour des pluies).
Tableau 1 : Conditions climatiques après les interventions de prélevée

Adapter le programme de postlevée à l’année

Les dicotylédones classiques (chénopodes, morelles, amarantes et renouée persicaire) sont bien gérées par les tricétones seules ou associées aux sulfonylurées, même à des stades assez avancés. Il faut être beaucoup plus attentif sur dicotylédones difficiles, type renouée des oiseaux, renouée liseron ou mercuriale. Ces dernières sont peu ou mal contrôlées par les produits de prélevée, lèvent tôt, se développent très rapidement, et sont difficiles à détruire à des stades avancés. Dans les parcelles où ces espèces dominent la flore classique, il ne faut pas hésiter à intervenir avant 2 feuilles des renouées (tableau 2).

Tableau 2 : Proposition de rattrapage en parcelles de maïs sur dicotylédones classiques et difficiles
Tableau 2 : Proposition de rattrapage en parcelles de maïs sur dicotylédones classiques et difficiles
Liste non exhaustive, doses à adapter au stade des adventices et aux conditions climatiques le jour de l'intervention. 1 mésotrione : si formulation WG, ajouter un adjuvant 2 Calaris : à partir du stade 3 feuilles étalées - restriction 1 an sur 3

Sauf densité très faible, on aura souvent recours à deux applications pour gérer l’échelonnement des levées. On pourra se baser sur les propositions de le tableau 2, en respectant les possibilités de fractionnement des produits (ex. : Calaris ou certaines mésotriones non fractionnables).

Concernant les graminées, des dérives d’efficacités peuvent être observées suite à des usages répétés de nicosulfuron (Pampa, Pantani, Elumis etc). Il est dès lors conseillé de passer sur des produits à base de tembotrione, foramsulfuron, rimsulfuron ou thiencarbazone (Laudis, Equip, Monsoon, Capreno) Bien que le foramsulfuron , le rimsulfuron et la thiencarbazone restent de la même famille que le nicosulfuron (groupe 2), des différences dans la métabolisation de la molécule peuvent apporter quelques points d’efficacités.

Pour en savoir plus, consultez le dépliant « protection du maïs » édition 2025.

Les conditions actuelles se prêtent aux binages
Au vu des conditions sèches actuelles, un ou deux binages pourraient se révéler très efficaces pour le désherbage des dicotylédones, voire des graminées. En présence de vivaces, on évitera le passage d’outils mécaniques qui tendent à multiplier les organes de reproduction végétative.

Et en cas de vivaces ?

En cas de présence de vivaces, on préfèrera en général dissocier leur gestion de celles des annuelles, graminées et/ou dicotylédones, pour des raisons d’efficacité et de sélectivité. En effet, l’efficacité sur vivaces est conditionnée par des interventions sur des stades développés et, après 6 feuilles, les plantes de maïs deviennent mouillables et absorbent plus de produits. Passé ce stade, on plafonnera donc les doses à un tiers de la dose homologuée pour les dérivés auxiniques (dicamba et fluroxypyr).

  • En cas de dominance liserons : la gestion en fractionné à deux tiers de la dose (par exemple Banvel 0,4 l – pouvant être associé à une base tricétone et/ou sulfonylurée) avant 6 feuilles étalées du maïs, sur liserons assez développés (15-20 cm) peut être une solution, mais elle devra être complétée avec le tiers restant après 6 feuilles. Il faudra toutefois attendre que les liserons soient bien repartis pour garantir une absorption correcte.
  • Sur chardons, intervenir avec du clopyralid (Lontrel) sur jeunes chardons jusqu’à la dose AMM (bonne sélectivité), avec possibilité de le mélanger avec les autres produits de postlevée.
  • Sur sorgho d’Alep, intervenir sur des repousses de +/- 15 cm pour favoriser l’absorption foliaire et laisser la plante puiser dans ses réserves. Le rimsulfuron ou le nicosulfuron fractionnés ont des efficacités correctes et la tembotrione (Laudis), moins efficace, peut cependant s’avérer utile en maïs semence.

Ne pas confondre liseron et renouée liseron 
En effet, si le premier est une vivace et possède des réserves souterraines (rhizomes), la seconde est une annuelle qui doit être gérée tôt. La confusion peut conduire à des échecs liés au positionnement des produits mais également au choix des molécules puisque le dicamba s’avère peu efficace sur renouée. 
Liseron des haies à gauche et renouée liseron

Applications en postlevée : les risques à éviter

La pénétration des substances actives est favorisée en conditions poussantes le jour de l’application, mais l’efficacité et la sélectivité seront optimales si ces conditions sont également réunies au cours des journées qui encadrent l’application.

Le risque de phytotoxicité sur le maïs est augmenté si les conditions sont stressantes après l’application. Le tableau 3 résume les éléments à prendre en compte pour optimiser l’efficacité et minimiser le risque de phytotoxicité des substances actives foliaires systémiques (tricétones, sulfonylurées et dérivés auxiniques).

Tableau 3 : Facteurs jouant sur l’efficacité et la phytotoxicité herbicides foliaires en postlevée du maïs
Tableau 3 : Facteurs jouant sur l’efficacité et la phytotoxicité herbicides foliaires en postlevée du maïs

Ce qu’il faut retenir pour réussir la postlevée

> Au-delà de 6 feuilles, les doses des produits contenant des auxiniques (Dicamba, Fluroxypyr) sont plafonnées. Les autres produits sont en général utilisables jusqu’à 8 feuilles du maïs mais leur efficacité devient aléatoire (stade développé des adventices, effet écran du maïs…).
> Traiter des maïs en bon état, notamment avec des herbicides de type auxinique ou sulfonylurée,
> Le traitement doit impérativement s’effectuer alors que l’hygrométrie est élevée (au moins 65 %). Par temps sec, les applications doivent être réalisées le matin avant 9-10 heures. Le soir, le retour à des niveaux d’hygrométrie satisfaisants ne se fait pas avant 20 heures.
> Éviter de traiter avec des auxiniques ou des sulfonylurées si la météo des jours qui suivent l’application prévoit des températures minimales inférieures à 10°C et des maximales supérieures à 25°C. L’attention doit être redoublée vis-à-vis des températures dans les sols noirs riches en matières organiques qui exacerbent les écarts de températures.
> Tous les produits n’ont pas les mêmes exigences vis-à-vis de la qualité de pulvérisation. Une certaine souplesse existe pour les systémiques qui peuvent s’utiliser à volume réduit et/ou avec une granulométrie plus importante pour limiter la dérive. Les produits de contact (bentazone, pyridate) requièrent en revanche une qualité de couverture de la cible plus importante. Préférer des volumes supérieurs à 100 l/ha, 150 l/ha avec des buses anti-dérive. Augmenter en particulier les volumes d’eau pour des produits ou associations à base de bentazone (sur érodium ou géranium par exemple).
> Éviter les mélanges tricétone + auxiniques + sulfonylurées. Les risques de phytotoxicités sont accrus.
> Limiter l’usage d’adjuvants aux cas particuliers recommandés par les fabricants.

Consulter toujours l’étiquette pour les conditions d’emploi spécifiques du produit et vérifier les possibilités de mélange www.melanges.arvalisinstitutduvegetal.fr/

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