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Rhône-Alpes

Couverts végétaux : réussir l’implantation pour maximiser les gains sur la culture qui suit

Dans le contexte économique actuel, l’investissement dans des couverts végétaux peut parfois être remis en question. Néanmoins, leur intérêt dans le piégeage et la fixation de l’azote, entre autres, a été démontré sous réserve de réussir leur implantation. La station expérimentale de Saint Ex Innov à Pusignan (69) et ARVALIS travaillent cette thématique depuis plusieurs années. Voici quelques éléments à retenir pour les sols de graviers de la région.

roulage après semis de couverts

Le semoir direct à dent et le roulage, garants de l’efficacité des semis

Les derniers étés secs ont été l’occasion de comparer différentes techniques d’implantation des couverts avec les Chambres d’Agriculture de l’Ain, de l’Isère et du Rhône ainsi que la coopérative Oxyane. Trois types d’implantations ont été étudiés :

  • Semis de couverts à la volée avant la récolte des céréales ;
  • Semis avec un déchaumeur à disque indépendant en un passage ;
  • Semis avec un semoir à dent fines, adapté au semis direct.

Lire aussi : « Couvert semé à la volée avant moisson : tôt mais pas trop ! »

Sur chaumes propres, le semoir à dents fines donne de meilleurs résultats de levée : l’absence de travail du sol permet de conserver l’humidité et limite la levée des adventices.

Sur chaumes sales (ambroisie, liserons, etc.), la gestion du salissement en amont de l’implantation du couvert est impérative via un travail du sol superficiel et la réalisation de faux-semis. A noter que le semis en un seul passage (déchaumage + semis) donne de moins bons résultats : il active en effet la germination de mauvaises herbes en même temps que le semis du couvert. Ce dernier n’est alors pas en mesure de les concurrencer et finit par se salir.

Quel que soit le mode de semis, un rappui par roulage permet un bon contact terre-graine et sécurise les levées en refermant les sillons et limitant les échanges d’eau entre le sol et l’atmosphère.

Quant au semis à la volée (de sorgho, moha, radis), il offre des résultats aléatoires mais peut avoir un intérêt pour implanter des couverts rapidement et sur de grandes surfaces. Les intercultures courtes sont bien adaptées à ce type d’implantation dont la gestion du salissement peut s’envisager tôt à l’automne, avant grenaison des adventices.

Figure 1 : Biomasse aérienne d’un couvert de sorgho fourrager en fonction des dates et modes d’implantation – essai Lyon Saint-Exupéry, graviers profonds

Figure 1 : Biomasse aérienne d’un couvert de sorgho fourrager en fonction des dates et modes d’implantation – essai Lyon Saint-Exupéry, graviers profonds

En interculture longue, utiliser des mélanges « relais »

Quel que soit le mode d’implantation, sorghos et mohas sont des espèces bien adaptées aux contextes hydriques limitants des graviers de la plaine de Lyon ; elles valorisent bien les orages et fortes chaleurs de l’été. Néanmoins, leur développement se fait au dépend des autres espèces implantées, plus lentes.

L’ensilage du couvert est une solution trouvée par les éleveurs pour donner de la lumière aux espèces plus « hivernales » (ex : trèfle incarnat, vesces) qui prendront le relais durant l’hiver. Des essais sont en place pour évaluer, en contexte céréalier,  les bénéfices de la fauche des couverts en septembre à l’aide d’une écimeuse ou d’un broyeur (photo 1). A cette période, le sursemis d’espèces de couverts passant l’hiver a également montré son intérêt, mais cela nécessite un deuxième semis (photos 2 et 3).

Passage de l'écimeuse pour réduire la biomasse des sorghos piper
Passage de l'écimeuse pour réduire la biomasse des sorghos piper.
Sursemis avec le semoir à dent de fèveroles en septembre dans des sorghos
Sursemis avec le semoir à dent de féveroles en septembre dans des sorghos.
En sortie d’hiver, féveroles sursemées en septembre dans du sorgho piper
En sortie d’hiver, féveroles sursemées en septembre dans du sorgho piper.

Quels retours d’azote pour les cultures de printemps ?

La quantité d’azote piégée par le couvert est en premier lieu dépendante de la biomasse produite. La composition du couvert est un deuxième facteur explicatif. ARVALIS a conduit des essais de 2009 à 2012 sur le sujet dans les graviers de la plaine de Lyon. Il en ressort que les couverts limitent bien la perte (lixiviation) d’azote durant la période hivernale, y compris pour des mélanges à dominante légumineuses. Par ailleurs, ils participent à préserver l’azote dans le système.

Les quantités d’azote mesurées dans les couverts au printemps vont de 25 à 40 kg/ha pour des mélanges de graminées et crucifères. Elles s’échelonnent de 40 à plus de 150 kg/ha pour ceux composés de légumineuses pures.

La restitution de cet azote est importante pour des couverts de légumineuses pures ou associées, en participant à la fertilisation du maïs qui suit. En absence de fertilisation azotée, les couverts de légumineuses ont en effet permis un gain de rendement par rapport au sol nu de l’ordre de 23 à 53 q/ha selon les mélanges. Dans les conditions de l’essais, le trèfle incarnat semblait être l’espèce avec l’influence la plus positive sur la culture suivante. Ces gains ne sont pas observés avec des graminées pures ou des crucifères qui tendent plutôt à déprécier le rendement.

Les couverts à forte biomasse de légumineuses peuvent donc subvenir de façon significative aux besoins du maïs. Il est en revanche nécessaire d’intégrer ces données-là dans le calcul de la dose à apporter au risque de sur- ou sous-fertiliser.

N’oublions pas que les couverts remplissent bien d’autres fonctions et la recherche d’une production de biomasse maximale participe également à l’entretien du stock de carbone du sol.

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