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Pays de la Loire

Céréales : pas d’urgence pour positionner les apports d’azote au stade épi 1 cm

Les situations au sein de la région sont très disparates selon la date de semis, la qualité d’implantation et le contexte pédoclimatique. Conséquence de la fraîcheur observée depuis début janvier, les céréales ont perdu l’avance qu’elles avaient accumulées à la faveur de la douceur de l’automne dernier : l’atteinte du stade épi 1 cm s’annonce désormais à des dates proches des valeurs médianes - celles-ci sont donc nettement plus tardives que celles des deux campagnes précédentes caractérisées par un début de montaison précoce -. 

Parcelle de blé tendre début mars 2025 en Pays de La Loire

Des cumuls de température déficitaires depuis le début d’année : stade épi 1 cm atteint à des dates proches de la médiane

Carte 1: Cumul des températures moyennes journalières (en pourcentage d’écart à la médiane 20 ans) entre le 1er novembre et le 31 décembre 2024
Carte 1: Cumul des températures moyennes journalières (en pourcentage d’écart à la médiane 20 ans) entre le 1er novembre et le 31 décembre 2024
Source des données : Météo-France et ARVALIS

Sur la première partie du cycle, cumul de températures excédentaire à la médiane sur 20 ans.

Carte 2 : Cumul des températures moyennes journalières (en pourcentage d’écart à la médiane 20 ans) entre le 1er janvier et le 28 février 2025
Carte 2 : Cumul des températures moyennes journalières (en pourcentage d’écart à la médiane 20 ans) entre le 1er janvier et le 28 février 2025
Source des données : Météo-France et ARVALIS

Depuis début 2025, le cumul de températures est déficitaire par rapport à la médiane des 20 dernières années.

Les céréales présentent à ce jour une croissance et des stades globalement assez peu avancés. Ce phénomène s’explique par la fraîcheur du début d’année, et le retard des semis, les cultures semées tard ayant moins bénéficié de la douceur automnale. Le retard est accentué dans les parcelles qui ont pâti des excès d’eau hivernaux prolongés.

Végétation peu avancée, apport tallage en cours d’assimilation : attendre encore pour le 2e apport

Dans le contexte de l’année, marquée par une pluviométrie hivernale excédentaire, nous avons recommandé de réaliser l’apport tallage.

La plupart des parcelles ont reçu cet apport au cours de février, qui est encore en cours d’assimilation par les plantes.

Par ailleurs, du fait du retard des semis et de la fraîcheur de l’année, les céréales sont actuellement peu avancées : pour une grande majorité des parcelles semées début novembre, l’épi est à peine décollé et le stade épi 1 cm (E1C) ne sera pas atteint avant la deuxième quinzaine de mars.

Les besoins en azote des céréales augmentent de manière exponentielle à partir de ce stade ; leurs besoins actuels sont globalement faibles et assurés sans difficulté par la fertilisation réalisée au tallage et la minéralisation de l’azote du sol.

La stratégie de fractionnement des apports pour encadrer le stade E1C peut s’avérer techniquement intéressante lorsque la dose à fournir à la culture est conséquente (supérieure à 100 kg N/ha) ; elle entraîne néanmoins une augmentation des charges et ne se justifie que si la dose à apporter au stade E1C dépasse 100 kg N/ha.

A ce jour, les cultures qui n’ont pas atteint épi 1 cm sont correctement alimentées en azote : il n’y a donc d’urgence à déclencher le prochain apport d’azote. Il est recommandé d’attendre l’atteinte du stade E1C, et une portance des sols satisfaisante pour apporter l’engrais.

Sur les parcelles pénalisées par l’excès d’eau, réajuster la dose d’azote au potentiel atteignable dans le contexte de l’année

L’état des parcelles à ce jour est en effet fortement lié à la qualité d’implantation et à la nature du sol, sa capacité à évacuer rapidement l’eau excédentaire. On observe aujourd’hui des situations très contrastées avec de belles parcelles en sols sains et des parcelles très affectées par l’excès d’eau.

Les pluies excédentaires depuis l’automne ont fortement pénalisé les parcelles les plus hydromorphes. La pluie, de janvier plus particulièrement, a été très préjudiciable sur ces sols fragiles. Sur ces parcelles, on observe aujourd’hui des plantes sont chétives, peu avancées, des pieds ont disparus dans les zones de mouillères.

Dans ces situations, il était important d’accompagner la culture par un apport au tallage et le fractionnement des apports en trois passages sera bénéfique. Toutefois, il est nécessaire de revoir le potentiel de rendement et de réajuster la dose totale d’azote en conséquence pour maîtriser les charges sur ces cultures accidentées.

En sol sain, en revanche, les cultures sont bien implantées, le potentiel de production est intact.

Sur une même exploitation, on trouve souvent des situations très différentes qui méritent un traitement différencié entre parcelles.

Des situations très contrastées d’une parcelle à l’autre – exemple sur la ferme ARVALIS de la Jaillière, photos prises le même jour (22 janvier 2025)

photoParcelle en sol limoneux battant hydromorphe marquée par l’excès d’eau, 56 % de pertes de pied au cours de l’hiver, peuplement limitant (142 pl/m²) = potentiel de rendement dégradé, ajuster la dose totale d’azote à apporter
photoParcelle de limon argileux plus sain, bon ressuyage du sol, « seulement » 29 % de pertes de pied au cours de l’hiver, peuplement correct 200 plantes/m² = potentiel de rendement préservé, dose prévisionnelle maintenue

 

Face à cette diversité de situations, le pilotage de la nutrition azotée au stade dernière feuille sera déterminant pour ajuster plus finement la fertilisation de la culture, permettant d’aller chercher le rendement et la teneur en protéines accessibles dans le contexte de l’année.

Message rédigé par ARVALIS en concertation avec Agrial, la CAPL, la CAVAC, la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire, Eureden, la coopérative d’Herbauges, les établissements Hautbois, Soufflet Agriculture

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