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Alsace

Céréales : les clés pour piloter les apports d’azote et de soufre

Selon la réglementation régionale issue de la directive nitrates, il est possible d’apporter de l’azote minéral dès le 1er février. Cependant, il faut avant tout s’appuyer sur un raisonnement technique pour évaluer les besoins de ses parcelles et positionner au meilleur moment le premier apport.

Epandage d’azote sur céréales en Alsace

Quand faut-il déclencher le premier apport ?

Tout d’abord, s’assurer que la culture a atteint le stade début tallage. Avant le tallage, l’absorption d’azote par la céréale est extrêmement faible : si de l’azote est apporté, la plante ne pourra en absorber qu’une très petite partie et le reste risque d’être lixivié en cas de fortes pluies, surtout en sol filtrant.

Tableau 1 : Date du premier apport recommandée sur céréales selon la date de semis
Tableau 1 : Date du premier apport recommandée sur céréales selon la date de semis

Dans tous les cas, positionner l’apport avant des pluies annoncées (viser 15 mm sous 15 jours) pour permettre une bonne valorisation.

Autres cas particuliers 

>> Parcelles semées à plusieurs dates 

Attendre la reprise de végétation pour les premiers semis devrait permettre aux derniers semis d’atteindre le tallage, et ainsi, de grouper la date du premier apport.

>> Pour les parcelles sales 
Privilégier le désherbage des graminées dès que les conditions le permettent (absence de gelées, faibles amplitudes thermiques, absence de vent) : les adventices seront moins difficiles à détruire jeunes et non alimentées par un apport d’engrais azoté. La correction d’une éventuelle carence en azote de la culture pourra attendre que la concurrence soit levée.

Quel est l’enjeu du premier apport ?

L’apport « tallage » a pour but de permettre à la plante d’atteindre le stade épi 1 cm sans subir de carence azotée. Les besoins de la plante entre le semis et le stade épi 1 cm sont faibles et estimés à maximum 60 kg N/ha. S’il est nécessaire, l’apport réalisé au tallage doit être limité à 40 kg N/ha maximum, le reste étant fourni par le sol.

Plusieurs situations nécessitent un apport pour couvrir ces besoins :

  • Les parcelles où le reliquat en sortie d’hiver (RSH) mesuré est inférieur à 60 kg N/ha sur trois horizons. Il s’agit souvent de parcelles de sols superficiels, filtrants, à faible taux de matière organique, sans historique d’apport d’effluents organiques.
Si le RSH est inférieur à 60 kg N/ha sur trois horizons, un apport est nécessaire, une fois le tallage atteint et la reprise de végétation amorcée. Ne pas dépasser 40 kg N/ha pour cet apport.
  • A l’inverse, les cultures bien implantées avec un bon tallage en sol profond peuvent fréquemment se passer d’un apport précoce. Leur système racinaire est à même d’atteindre l’azote présent dans le sol.
Si le RSH est supérieur à 60 kg N/ha sur trois horizons, une impasse au tallage est à privilégier. Elle permettra de reporter la dose d’azote pour la montaison et la fin de cycle, et ainsi de mieux la valoriser en rendement et en protéines.
  • Les situations de mauvaises implantations, liées par exemple à un excès d’eau durant l’automne/hiver, qui ont généralement un enracinement peu développé et superficiel. Le système racinaire de ces cultures ne leur permet pas d’accéder à tout l’azote présent dans le profil de sol. Un apport leur est nécessaire pour atteindre le stade épi 1 cm sans carence, développer la biomasse aérienne mais surtout racinaire qui permettra à la culture d’accéder au stock d’azote du sol durant la montaison. Ces situations sont minoritaires cette année dans la région.
Dans tous les cas, l’apport au stade épi 1 cm est indispensable car les besoins en azote de la culture deviennent importants dès le début de la montaison : en cas de températures élevées en février/mars, il peut être atteint tôt, ne pas le rater.
Si une impasse a été réalisée en sortie d’hiver, il peut être judicieux de fractionner la dose prévue à épi 1 cm en deux : la moitié à partir de début mars, dès qu’une pluie est annoncée, et l’autre moitié environ 15-21 jours après le premier passage (en visant également une pluie).

Qu’en est-il du soufre ?

Le soufre est un élément sensible à la lixiviation. Dans les situations les plus à risque (sols superficiels, filtrants, pauvres en matière organique et sans apports réguliers de produits organiques), un apport de 30 à 50 kg de SO3/ha est recommandé selon le potentiel de rendement.

Tableau 2 : Grille de préconisation pour les apports en soufre sur blé tendre pour piloter ses apports
Tableau 2 : Grille de préconisation pour les apports en soufre sur blé tendre pour piloter ses apports

Les cumuls de pluies depuis le 1er octobre varient selon les secteurs. Le risque est à évaluer en fonction du type de sol et sera à réévaluer en fonction de la pluviométrie du mois de février.

Tableau 3 : Cumul de pluies (mm) du 1er ​​​​​​​octobre 2024 au 30 janvier 2025
Tableau 3 : Cumul de pluies (mm) du 1er ​​​​​​​octobre 2024 au 30 janvier 2025
Source des données : Météo France

Le soufre doit être apporté au plus tard au stade épi 1 cm, de préférence au cours du tallage. La forme n’a pas d’importance, sulfate, thiosulfate et soufre micronisé ayant une efficacité équivalente. Les engrais contenant à la fois de l’azote et du soufre (ammonitrates soufrés par exemple) sont couramment employés. Le choix d’apporter le soufre au premier ou au second apport peut être réalisé selon la dose à apporter, l’enjeu étant de ne pas apporter une dose d’azote trop importante au premier apport.

- Si la dose de soufre à apporter est importante (50 à 60 unités) et selon le type d’engrais choisi, l’apport peut être décalé à épi 1 cm pour ne pas engendrer une dose d’azote trop importante au tallage. Dans ce cas, l’apport d’azote au tallage peut se faire sous forme d’ammonitrate. Il est également possible d’apporter de l’azote soufré au premier et au second apport (raisonner alors selon la dose d’azote).

Pour les doses de soufre moins importantes (30-40 unités) et si celle d’azote associée est proche de 40 unités, privilégier un apport azote + soufre au tallage.

- Aucun écart d’efficacité n’a été mis en évidence entre les différentes formes de soufre.

Pour aller plus loin sur les questions suivantes :

  • « J’apporte de l’azote en sortie d’hiver pour faire redémarrer et taller mon blé/mon orge »
  • Les parcelles ayant reçu un apport d’azote conséquent et/ou précoce peuvent sembler plus vertes ou plus développées, qu’en est-il ?
  • Les préconisations « formes » de soufre

>> Consultez l’article « Azote sur blé et orge : le premier apport peut attendre »

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