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Sud-Ouest

Céréales en début de floraison : comment protéger au mieux les épis ?

Les parcelles de blé tendre les plus précoces ont amorcé la floraison. Avec les pluies du week-end dernier, il faut surveiller de près l’évolution du risque fusarioses et déclencher un traitement si nécessaire.

Parcelle de blé au stade début floraison, fin avril 2025 en Occitanie

Stades : le début des premières floraisons

Pour les premiers semis en blé tendre (avant le 31/10/24), la majorité des parcelles se situe entre gonflement et épiaison.

Les premiers semis sont entre début et mi floraison pour les parcelles les plus en avance (Prestance, Izalco CS). Les semis de novembre sont entre dernière feuille étalée et début épiaison.

En blé dur, la tendance est légèrement plus en retard que les blés tendres. Les semis de fin octobre sont en majorité entre gonflement et épiaison. Ceux de novembre sont entre gonflement et début épiaison.

En orges d’hiver, les premiers semis sont à épiaison voir début floraison. Et ceux réalisés de fin octobre à fin novembre, à épiaison.

Arrivée de pluies: des conditions favorables au développement des fusarioses

Le risque fusarioses sera faible à moyen si les précipitations restent inférieures à 20 mm autour de la floraison (entre +/- jours autour de la floraison) ; il sera modéré à fort avec des pluies comprises entre 20 et 40 mm ; et très fort si elles sont supérieures à 40 mm.

Les températures optimales de développement de Fusarium graminearum (mycotoxines règlementés) sont de 15 à 30°C, celles de Microdochium spp se situent autour de 10 à 20°C. Des températures moyennes autour de 15°C seront favorables au développement des deux champignons : c’est ce que nous observons depuis plusieurs années.

La pluviométrie fait remonter le risque pour cette maladie. Les variétés sensibles et précoces en situation à risque, par exemple Prestance, sont à suivre dès à présent. Les blés durs actuellement moins avancés ne sont pas encore concernés par le risque mais vont l’être très prochainement pour les premiers semis.

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Fusarioses sur blé dur

La période à risque se situe dès le début de la floraison ; c’est l’humidité persistante pendant plusieurs jours qui va favoriser l'installation des fusarioses, en particulier au moment de l'anthèse (début floraison) qui est le stade le plus sensible. Les précédents maïs grain ou sorgho grain, et semis directs, sont des situations d’autant plus à risques pour le développement des fusarioses.

Les facteurs de risque agronomiques et climatiques varient selon le type de champignons

Pour Fusarium graminearum, le risque est fortement corrélé à la présence d’inoculum présent sur les résidus de cultures du précédent (maïs, sorgho). On peut aussi observer que sa présence est moindre les années avec des sécheresses courant montaison.

Pour Microdochium spp., l’inoculum n’est pas limitant ; ce sont surtout les conditions climatiques qui vont avoir un impact.

Pour les deux types de champignons, les conditions de pluviométrie sont déterminantes :

  • Pour Fusarium graminearum, la période de contamination est courte, centrée sur la floraison.
  • Pour Microdochium spp., des contaminations peuvent avoir lieu tardivement pendant la première phase de remplissage du grain. Ce champignon est plus présent les années avec un mois de mai frais et pluvieux.
Schéma 1 : Cycle de développement de Fusarium graminearum et Microdochium spp. 
Schéma 1 : Cycle de développement de Fusarium graminearum et Microdochium spp. 

 Quelle protection fongicide mettre en place ?

Les traitements efficaces contre F. graminearum sont principalement des produits à base de prothioconazole, tébuconazole ou metconazole, utilisés début floraison à une dose suffisante (60 à 80 % de la dose homologuée minimum, selon le produit utilisé). Noter que parmi les solutions efficaces contre les Fusarium graminearum, il existe des différences marquées d’efficacité sur Microdochium spp. Une nuance qui peut s’avérer importante certaines années.

Le stade d’intervention est essentiel.

Le premier facteur d’efficacité du traitement est son positionnement : il faut être le plus proche possible du début de la floraison de la céréale (stade correspondant à la sortie des toutes premières étamines).

Par ailleurs, nos essais ont mis en évidence que le volume de pulvérisation est plus important que le choix des buses ou le recours à d’éventuels adjuvants. Aussi, il est recommandé d’intervenir avec un volume d’eau minimal de 150 l/ha.

Parmi les substances actives les plus efficaces, le prothioconazole est la seule à disposer d’une polyvalence sur les principales espèces du complexe des fusarioses. D’autres spécialités à base de tébuconazole ou de metconazole permettent également de lutter efficacement contre F. graminearum, mais présentent un intérêt très limité sur les espèces du genre Microdochium.

Il faut néanmoins rappeler que les meilleures protections fongicides ne dépassent pas, en moyenne, 50 % d’efficacité. Il est donc primordial d’agir en amont, sur l’ensemble des leviers à notre disposition (choix variétal et travail du sol notamment), ne serait-ce que pour contrecarrer l’effet du climat, non maîtrisable et difficilement prévisible. 

Tableau 1 : Efficacités de produits sur les maladies d’épi et du feuillage des blés
Tableau 1 : Efficacités de produits sur les maladies d’épi et du feuillage des blés

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