Céréales d’hiver : retour sur la campagne 2024/2025

Un automne et un hiver pluvieux

La période de semis a été contrainte par les pluies. La troisième décade d’octobre et la première de novembre ont été moins arrosées, ce qui a permis d’entreprendre les chantiers de semis. Ces derniers ont pu être réalisés sans trop s’éloigner des dates optimales mais avec des préparations et surtout des interventions de désherbage perturbées par les précipitations. Les semis en montagne (Cantal et Haute-Loire) ont parfois été trop tardifs, au-delà du 20 octobre. Ceci a pu être pénalisant à l’arrivée du coup de gel de janvier, avec des pertes sur des plantes encore au stade 3 feuilles, mais également en fin de cycle lors de l’arrivée de fortes températures au début du remplissage.

Dans la continuité de l’automne, l’hiver s’est avéré pluvieux. Plusieurs secteurs de l’Allier, particulièrement le Bocage et, dans une moindre mesure, la Sologne ont été pénalisés par une hydromorphie qui s’est prolongée jusqu’en sortie d’hiver. Cette situation a pu entraîner un manque de pieds/m² dans ces secteurs. En Limagne et en Forterre, les niveaux de tallages étaient corrects.

Un manque de pieds et d’épis rattrapé par une bonne fertilité et une pression maladie faible

Contrairement aux dernières campagnes, les blés ont échappé au gel tardif pouvant impacter le nombre d’épis. L’Auvergne a connu un régime pluviométrique printanier contrasté. Tandis que le Puy-de-Dôme a bénéficié de petites pluies régulières tout au long de la montaison, l’Allier a subi un printemps sec, avec des pluviométries inférieures à la médiane et de longues périodes sans eau. Le nord-ouest de l’Allier est passé d’une situation d’hydromorphie importante à une situation de stress hydrique.

Globalement, les apports d’azote fin tallage et début montaison ont été suivis de précipitations, ce qui a permis une bonne valorisation des engrais. En revanche, la valorisation du troisième apport a été contrainte dans les secteurs où le mois de mai a été sec. Par ailleurs, l’absorption d’azote a pu être impactée par la mauvaise structure des sols dans certaines parcelles. En effet, dans de nombreuses situations, la répétition au cours de la campagne précédente de chantiers en conditions humides et la difficulté de travailler le sol à l’automne ont conduit à dégrader la structure du sol. Ces sols plus compactés avaient donc un réservoir utilisable moindre, et les blés implantés un système racinaire limité.

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Le nombre d’épis mis en place était correct dans les sols argilo-calcaires et à bonnes structures, suffisamment désherbés. Il était moins bon dans les sols compactés et dans les parcelles marquées par une forte concurrence des adventices.

En effet, la pluviométrie de la campagne précédente avait déjà complexifié les interventions de désherbage. La pression des adventices (ray-grass, vulpin) s’est avérée importante, augmentant les risques d’un fort enherbement en 2025. Une fois de plus, les courtes fenêtres d’intervention cet automne ont impacté les possibilités de désherbage. Les désherbages de prélevée ont pu être faits sans grosse difficulté, contrairement aux désherbages de postlevée. Au printemps, l’enherbement était très fort sur l’ensemble de l’Allier mais aussi en Limagne, avec une concurrence qui s’installe vis-à-vis des céréales.

En revanche, les conditions étaient défavorables pour le développement de maladies foliaires. Dans nos essais, les écarts traités/non traités sont plutôt faibles cette année, en particulier pour l’orge et pour le blé. La pression était également moins forte que la moyenne sur le triticale.

Avec des niveaux de rayonnements et des températures non limitants pour la méiose et pour la floraison, la fertilité épi de l’année 2025 s’est avérée excellente, avec des résultats dans les références hautes de l’historique Auvergnat.

Un mois de mai et de juin très chauds mais de bons résultats à la récolte

Les températures très élevées lors de la canicule du mois de juin et les périodes de stress hydrique ont fait craindre un impact généralisé sur le remplissage des grains. Il a été surtout fort dans les sols les plus filtrants ou les plus compactés et dans les parcelles les plus tardives (pas d’esquive). Les zones les plus touchées sont plutôt celles d’altitude où les blés étaient encore proches de la floraison. En revanche, les dégâts ont été moindres dans les secteurs où le remplissage était déjà bien avancé au moment du coup de chaud (Limagne sud, nord-Allier). On note également des remplissages corrects en Forterre et en Limagne nord.

Après une période d’orage avec de la grêle et du vent ponctuellement, les moissons ont débuté particulièrement tôt cette année : 20 juin pour les orges, 1^er juillet pour les blés. Elles se sont déroulées dans de bonnes conditions, ce qui a permis le maintien de poids spécifiques élevés pour les orges comme pour les blés et les triticales.

Les rendements sont supérieurs aux dernières années, +8 % par rapport à 2024 et +7 % par rapport à la moyenne 2020-2024 (source : Agreste- Estimation précoces de productions au 1^er août 2025).

Les teneurs en protéines des blés sont plutôt bonnes dans le Puy-de-Dôme et moyennes dans l’Allier. Les teneurs en protéines, ponctuellement faibles, peuvent s’expliquer par des rendements supérieurs aux objectifs (effet dilution) et/ou des difficultés d’absorption de l’azote (absence de pluie au troisième apport, exploration racinaire limitée).

D’un point de vue sanitaire, la collecte 2025 a été globalement épargnée par les mycotoxines. En revanche, la présence d’ergot a posé problème sur quelques secteurs du territoire. La fréquence d’apparition de cette maladie en Auvergne pour cette campagne 2025 est multifactorielle. La présence ponctuelle d’ergot au fil des dernières années a pu constituer des stocks de sclérotes dans les parcelles et les bords de champs, et a pu contaminer les semences. Les conditions météorologiques pluvieuses de l’automne n’ont pas toujours permis d’enfouir ces stocks par le travail du sol. La météo s’est également avérée favorable à la germination des sclérotes et à l’émission des spores dans les secteurs arrosés aux mois d’avril et de mai. La forte présence de graminées adventices (vulpin, ray-grass) est un facteur aggravant de la propagation des spores d’ergot.

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