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Qualité des céréales à paille : comprendre l'impact des conditions de fin de cycle sur trois paramètres

Trois critères de qualité des céréales sont particulièrement sensibles aux conditions climatiques en fin de cycle : le poids spécifique, la germination sur pied et le temps de chute de Hagberg.

Critères de qualité du grain : un déterminisme climatique complexe

Si le déterminisme du rendement du blé est finalisé à la maturité physiologique, ces critères de qualité des grains peuvent évoluer pendant la phase de dessiccation et jusqu’à la récolte.

Les conditions tardives déterminent le niveau final de poids spécifiques

Le Poids Spécifique (PS) représente la densité d’un ensemble de grains. Il est déterminé par la densité de chaque grain et par leur agencement spatial les uns par rapport aux autres. La densité des grains serait essentiellement liée aux conditions de croissance de la culture, et donc à sa capacité à remplir densément l’enveloppe des grains. Leur agencement spatial serait plutôt soumis au facteur variétal, en lien avec la forme des grains (longueur, largeur, profondeur et ouverture du sillon). A densité de grain égale, les petits grains ont tendance à laisser plus d’interstices ; ils conduisent à des PS plutôt plus faible. De même, les grains vêtus (dont l’orge) présentent un moins bon agencement spatial, et donc des PS moindres.

Le climat pendant le début de la phase de remplissage (jusqu’à grain laiteux) intervient sur la mise en place d'un PS potentiel, en déterminant les conditions de formation des enveloppes des grains. Cette phase précoce est donc prépondérante sur la valeur finale de PS. De faibles pluies et un rayonnement élevé pendant cette période agissent favorablement sur ce critère.

Ensuite, à partir de la fin du remplissage, lors de la dessiccation des grains, les mouvements d’eau dans les grains vont dégrader ce potentiel. Il semblerait que les conditions d’assèchement rapide soient moins impactantes que celles où la teneur en eau chute lentement. En revanche, des pluies au moment de la moisson engendrent des reprises en eau des grains, ce qui dégrade le PS ; on considère en général qu’une pluie de 20 mm fait perdre 1 point de PS au blé.

Il est important de rappeler qu’une baisse de PS durant cette phase ne signifie pas baisse de rendement ! Les grains sont moins denses, mais le poids total reste inchangé.

Temps de chute de Hagberg et germination sur pied : un déterminisme complexe

Une dégradation du temps de chute de Hagberg (TCH) résulte d’un déclenchement de l’activité alpha-amylasique dans les grains. L’amidon ainsi dégradé peut affecter le processus de panification et donc la qualité du produit fini.

Il existe différentes voies de déclenchement de cette activité, comme la germination sur pied, le climat de fin de cycle (humidité et chocs thermiques, la présence de cécidomyies, la verse et l’existence d’impuretés dans le lot de grains (grains verts notamment).

La sensibilité à la germination sur pied se détermine en deux temps : le climat au cours du remplissage, couplé au facteur variétal, détermine un niveau de dormance (il augmente par temps chaud et sec, il diminue significativement en cas de chocs thermiques). Ensuite des conditions fraîches et humides entre la maturité physiologique et la récolte vont conduire à la levée de dormance et à la germination sur pied.

L’effet variétal sur les critères temps de chute de Hagberg et germination sur pied peut être très fort.

Le scénario climatique de l’année est donc complexe, avec une combinaison de chocs thermiques et de stress hydrique. L’arrivée d’un temps perturbé et incertain cette semaine nécessite d’être vigilant, surtout s’il y a déclenchement de verse. En cas de doute, il est recommandé de prioriser les récoltes en fonction de la sensibilité des variétés (notamment sur la note de sensibilité à la germination sur pied). Il est également important de veiller à l’homogénéité du peuplement : les situations touchées par un stress hydrique précoce suivi de retours de pluies, ou par les gelées d’avril, sont davantage exposées à des montées tardives de talles, pas forcément mûres lors de la moisson. L’impact de ces grains immatures est disproportionné par rapport à leur niveau de présence : quelques grains verts peuvent abaisser la valeur de TCH d’un lot.

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