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ARVALIS - CETIOM Infos - Agronomie contre adventices : un match gagnant

Le raisonnement agronomique offre plusieurs leviers majeurs pour lutter contre les adventices : l’allongement de rotation et le décalage de la date de semis. Sans oublier le labour intermittent.

Activer les leviers agronomiques sur les mauvaises herbes

La maîtrise des adventices se heurte à de nombreux enjeux règlementaires comme techniques, alors que des infestations massives de graminées d’automne (ray-grass, vulpin, brome…) sont de plus en plus souvent signalées. Pour réduire le recours aux herbicides et limiter l’apparition d’adventices résistantes, l’agronomie offre cependant des leviers efficaces pour casser le cycle de développement des mauvaises herbes, à condition d’accepter la règle de base qui est la variabilité de l’efficacité.

Figure 1 : Essai monoculture de blé à Boigneville

L'introduction d'un pois de printemps en 2011, associé à des stratégies herbicides différentes, a permis de gérer
les infestations. Après 40 ans de monoculture, la pression de ray-grass était devenue trop importante avec des
plantes résistantes, obligeant à détruire le blé avant la récolte en 2010.

L’allongement de la rotation en tête d’affiche

Allonger la rotation c’est introduire de nouvelles espèces : or, l’augmentation du nombre de cultures dans la rotation réduit la densité des adventices et évite que la flore ne se spécialise dans une parcelle.

L’alternance entre familles de plantes (graminées-dicotylédones) élargit également les familles chimiques disponibles et les modes d’action des herbicides utilisables, un bon moyen d’éviter l’apparition de populations résistantes. Plus le système de culture est diversifié, plus le choix d’itinéraires culturaux et d’herbicides s’accroit. Cela bien évidemment dans la limite des contraintes techniques (sols, irrigation…) et économiques (temps de travail, débouchés…).

L'agronomie offre des leviers efficaces pour casser le cycle de développement des mauvaises herbes.

Décaler le semis pour limiter les levées d’adventices

Autre levier agronomique, le décalage de la date de semis a montré son efficacité en céréales à pailles. Ainsi, sur des semis précoces des trois premières semaines d’octobre, un décalage de 10 jours par rapport à un semis classique peut réduire de moitié l’infestation de vulpins en non-labour comme en labour. Les bénéfices et les risques d’une telle stratégie se raisonnent dans chaque exploitation : conditions d’implantations plus difficiles, réduction du nombre de jours disponibles pour semer (surtout pour les sols lourds hydromorphes), diminution du potentiel de rendement (de -2 à - 4 q/ha en moyenne). Le choix de variétés adaptées vient en renfort.
Le décalage de la date de semis des céréales ne s’envisage qu’à l’échelle d’une parcelle fortement infestée (par exemple au delà de 100 pieds de vulpins par m2) et non pour toute l’exploitation.

Cette stratégie gagne à être couplée avec la technique du faux-semis. Il s’effectue grâce à un travail superficiel du sol avant le semis (à moins de 5 cm). Le faux-semis vise à faire lever les adventices pour les détruire une vingtaine de jours plus tard, avant l’implantation de la culture, soit de façon mécanique (labour ou dent profonde) soit par voie chimique.

Cette technique permet de diminuer le stock semencier d’adventices. Pour être efficace, elle demande cependant des conditions pratiques : un sol frais ou des pluies dans les jours suivant l’intervention et un sol bien rappuyé pour favoriser la levée des adventices. Les pluies orageuses de la fin août constituent souvent une période optimale. Il est préférable de laisser a minima deux semaines entre le dernier faux-semis et le semis de la culture, délai suffisant pour assurer une levée d’adventices, sans risquer de retarder la levée de la culture. 

Il n’exige qu’un outil de préparation superficiel (herse de déchaumage par exemple) qui prépare une terre très fine afin d’assurer un bon contact graine/terre.

Le faux-semis ne fonctionne pas ou peu sur les dicotylédones mais permet de gérer les graminées comme le brome ou le ray-grass avant l’implantation des céréales d’automne. La période de levée courte de ces adventices coïncide avec la fin de l’été. La technique fonctionne aussi pour le vulpin même si ses graines en dormance, dont la période de levée est plus étalée, germent plus tard.

Le faux-semis se pratique également au printemps avant l’implantation d’un maïs par exemple.


Vulpins : décaler la date de semis s'avère efficace quand l'infestation est massive

Penser au labour occasionnel

La réintroduction du labour peut également contribuer à diminuer le stock semencier des adventices dans certains itinéraires. Un système combinant semis précoces, rotation courte de cultures d’automne (colza-blé-blé) et un travail simplifié amplifie en effet la difficulté de maîtrise des adventices.

Le labour enfouit les graines présentes en surface. Une fois enterrées profondément, elles ne peuvent plus germer et disparaitront progressivement. L’idéal est de pratiquer le labour par intermittence, plutôt tous les 3 à 4 ans que chaque année, car cette pratique remonte aussi des graines viables. Il faut alors le positionner de préférence après la culture « salissante ».

Cette solution est très efficace sur les vulpins, les ray-grass et les bromes, ainsi que sur la plupart des adventices qui ont un taux annuel de décroissance élevé.

Ce retour au labour présente cependant quelques limites avant tout car la suppression du labour est décidée dans un contexte global : coût élevé, consommation d'énergie et temps de travail, difficultés techniques (milieux, type de sol…), impact sur la matière organique. Quand le retour au labour n'est pas possible ou pas souhaité, il faut multiplier les faux-semis et les déchaumages à l'interculture, ou encore s’appuyer sur la diversification de sa rotation, tout en visant un désherbage efficace en culture.

Ce qu’il faut surtout retenir des leviers agronomiques, c’est que les efficacités seront variables ! Contrairement à un herbicide où les efficacités sont généralement groupées dans une plage de variation de 30 %, les efficacités de moyens agronomiques varient dans une plage de 100 %. Il est donc très difficile de prédire l’efficacité d’une technique, celle-ci dépendant du milieu, du matériel utilisé, de la flore visée et de son état, etc.

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