Résultats d’essais

Maïs : réduire l’utilisation d’herbicides grâce au binage

Le maïs est une culture d’été très sensible à la concurrence des adventices. Le désherbage est une étape incontournable de son itinéraire technique. Quand les conditions sont réunies (météo favorable, disponibilité du matériel et réactivité, bons réglages), l’introduction d’un ou deux binages dans l’itinéraire permet de réduire significativement l’utilisation d’herbicides, tout en maintenant l’efficacité et la performance économique.

Bineuse nettoyant l’inter-rang d’un maïs

Parmi toutes les combinaisons testées dans les essais d’ARVALIS, la stratégie de désherbage associant une première intervention chimique (en prélevée ou post-levée précoce) puis une deuxième intervention mécanique, par binage, est celle qui permet d’obtenir les meilleures efficacités, notamment en situations de flore dicotylédones dominante. Positionné juste avant le recouvrement de l’inter-rang, vers 8-10 feuilles du maïs, un binage permet en général de remplacer la deuxième intervention chimique de rattrapage.

En situation de flore graminées dominante, un dernier passage chimique en plein peut parfois être nécessaire pour contrôler les levées tardives d’adventices.

En agriculture biologique, la répétition des passages et la combinaison d’outils mécaniques (herse étrille ou houe rotative, puis bineuse) est indispensable pour obtenir un résultat satisfaisant.

Figure 1 : Comparaison de programmes de désherbage, avec ou sans binage - Efficacité différenciée sur le rang et dans l’inter-rang
Figure 1 : Comparaison de programmes de désherbage, avec ou sans binage - Efficacité différenciée sur le rang et dans l’inter-rang

Source : synthèse essais techniques alternatives de désherbage du maïs, ARVALIS – Columa 2019

Des conditions d’intervention particulières

L’efficacité du binage est évidemment très dépendante de la météo. Un minimum de 2 à 3 jours sans pluie est nécessaire après l’intervention pour éviter la reprise des adventices. En fonction des années et des régions, selon les conditions du printemps, le nombre de jours disponibles pour intervenir est extrêmement variable.

Par ailleurs, la mise en œuvre du binage nécessite une bonne technicité et doit être anticipée dès le semis : rang rectilignes, sol bien nivelé, sans résidus en surface.

Tableau 1 : Les conditions de réussite du binage
Tableau 1 : Les conditions de réussite du binage

Des équipements complémentaires améliorent les performances du binage

Le contrôle du salissement sur le rang reste le point faible du binage. Cela peut être amélioré par l’utilisation d’équipements spécifiques : doigts Kreiss, herse-peigne à l’arrière, disques de buttage.

Par ailleurs, les systèmes de guidage améliorent la précision et permettent d’augmenter significativement le débit de chantier : roue traceuse, caméra, palpeur sur le rang… Le système GPS avec correction RTK apporte une précision de l’ordre de 2-3 centimètres et permet de s’approcher au plus près du rang de maïs, mais se révèlera moins réactif qu’une caméra HD dans les parcelles où les rangs de maïs ne sont pas rectilignes.

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Attention à ne pas favoriser les vivaces

Il convient d’être particulièrement vigilant sur les parcelles présentant une forte infestation en vivaces. En présence de chardons, le binage peut permettre de supprimer des plantes mères, mais il lève aussi la dormance apicale et provoque le démarrage de pousses sur les drageons, accélérant ainsi la multiplication végétative.

Sur rumex, plusieurs passages répétés peuvent affaiblir les plantes alors que sur liseron, la technique est inefficace, voire impossible en présence de tiges développées ; le binage pourra même avoir un effet contre-productif en augmentant la dissémination des espèces à rhizomes en les sectionnant.

Une économie de phytos, mais davantage de temps de travail et de gaz à effet de serre

En remplaçant la deuxième intervention chimique, l’introduction d’un binage (avec 2 passages pour avoir une efficacité équivalente) dans le programme de désherbage du maïs permet de réduire significativement l’usage d’herbicides. La contrepartie est une augmentation du temps de travail, de la consommation de carburant et des émissions de gaz à effet de serre. Le nombre de passages mécaniques doit rester limité, au risque d’avoir une empreinte environnementale plus importante, faisant perdre en partie les bénéfices liés à la réduction des phytosanitaires.

Tableau 2 : Analyse multicritères de différents itinéraires de désherbage du maïs
Tableau 2 : Analyse multicritères de différents itinéraires de désherbage du maïs

*0 = aucune efficacité ; 10 = 100 % d’efficacité
**GES : gaz à effet de serre
***IFT : Indice de Fréquence de Traitement

Source : synthèse essais techniques alternatives de désherbage du maïs, ARVALIS – Columa 2019

Sources : Boissière M., Leclercq  D., Bibard V., Jouy L., 2019 – Synthèse des essais de techniques alternatives pour le désherbage du maïs – Végéphyl - XXIVe Conférence du COLUMA, Journées internationales de la Lutte contre les Mauvaises Herbes.

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