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ARVALIS - CETIOM Infos - Désherbage : jouer l'automne c'est jouer gagnant

Le contrôle des graminées dans les céréales à paille se complique au fur et à mesure des années mais le désherbage d'automne aide à faire face à la dérive d'efficacité des traitements d'hiver.

Privilégier le désherbage d’automne

Les résultats des essais sont catégoriques : les résistances des graminées aux inhibiteurs de l'ALS se généralisent et, d'année en année, les résultats des désherbages de sortie d'hiver se dégradent. Miser sur cette seule sortie d'hiver est désormais risqué.

Il est donc urgent de réinvestir sur des passages d'automne, autant pour maintenir les parcelles propres que pour limiter les pertes de rendement liées à la concurrence des graminées. Ces pertes sont d'environ 10 % pour une application de sortie d'hiver par rapport à une application d'automne efficace. Sur un potentiel de 70 q/ha, cela représente tout de même 7 q/ha perdus.

Au regard des trois dernières campagnes d'essais (2011, 2012 et 2013), l'excellence technique contre les graminées ne s'atteint qu'avec des programmes (automne puis sortie d'hiver) ou bien des applications d'automne en un ou deux passages (Figure 1).

L'objectif reste d'atteindre 100 % d'efficacité.

Cette tendance s'est confirmée en 2012/2013, avec une campagne marquée par un automne très humide et une sortie d'hiver chaotique. Les retards de semis ont rendu difficile les désherbages d'automne et la pluie a repoussé les applications de sortie d'hiver.

En conséquence, les efficacités finales sont extrêmement variables, avec une très forte déception de la sortie d'hiver. Les conditions d'applications tardives sur des adventices développées sont bien entendu en cause, mais elles s'accompagnent de la dérive d'efficacité généralisée et des cas de résistance avérés sur le vulpin et le ray-grass.

En revanche, les bases d’automne, en programme avec une sortie d’hiver par exemple, ont confirmé leur suprématie en 2013.

Un point d’efficacité, c’est 0,25 q/ha

Le coût du désherbage s’accroit, pour atteindre 90 voire 100 €/ha. Malgré cette augmentation, l’objectif reste d’atteindre 100 % d’efficacité.

Et cela pour deux raisons : les pertes de rendement et les résistances. Car le gain de rendement, par rapport à une situation non désherbée ou mal désherbée, est d’autant plus important que l'efficacité finale est élevée. Un point d'efficacité supplémentaire correspond en effet à un gain de 0,25 q/ha.

Bien entendu, les variations sont importantes, en fonction des essais (type de milieu) et de l'infestation en graminées. En 2013, les écarts d'efficacités ont varié de 15 à 70 points entre la sortie d'hiver seule et les programmes. Avec toutes les limites et les variations de la relation présentée ci-dessus, les chiffres de pertes moyennes de rendement sont donc compris entre 3,75 et 17,5 q/ha.

Par ailleurs, d'un point de vue gestion des résistances, il est essentiel de viser 100 % d'efficacité afin d'éviter la sélection de populations à problèmes, en particulier les populations résistantes métaboliques, beaucoup plus difficiles à gérer que les résistants de cible.

Figure 1 : Graminées, les sorties d'hiver ne suffisent plus


Relation entre le coût du désherbage et son efficacité, en fonction dela période d'intervention, dans les essais ARVALIS - Institut du végétal de 2011 à 2013 (30 essais sur le ray-grass et le vulpin)

Quelques recommandations pour 2013-2014

Les situations extrêmes avec de très fortes densités (> 100 plantes/m²) et de la résistance exigent des programmes Tout-Automne à base de racinaires (de la prélevée rattrapée par une post précoce à 1-2 F de la céréale). Les limites des herbicides sont atteintes. Cela impose une remise en cause des pratiques culturales. Ces situations ressemblent à celles rencontrées en Angleterre par exemple. Les résistances aux sulfonylurées y sont désormais généralisées sur les vulpins et les coûts de désherbage flirtent avec les 180 €/ha. Pour contrer les pertes de rendement estimées à 10 q/ha pour 100 épis de vulpins au m2, les Britanniques appliquent des associations en prélevées et des programmes avec des applications en post-levée ou au stade pointant.

Dans les situations de densités moyennes à fortes (à partir de 20 pl/m²), le désherbage se construit sur des programmes d'automne à base de racinaires (association de graminicides) puis sur une application de fin hiver en choisissant la famille encore efficace.

Enfin, dans les situations à faible pression sans risque de résistance, l'application de fin d'hiver peut retenir un inhibiteur de l'ALS ou FOP ou DEN, sans oublier d'alterner les modes d'action dans la rotation afin de préserver ces substances actives. Cela signifie l'emploi de bases racinaires à l'automne de manière intermittente (en orge d'hiver par exemple).


Les limites des herbicides imposent la remise en cause des pratiques culturales.

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