Cultures intermédiaires avant maïs - Gérer avec précaution les destructions tardives
Des destructions tardives d’un couvert d’interculture avant maïs sont possibles. Elles apportent dans certaines situations des bénéfices inattendus. L’essentiel est de ne pas compromettre la levée et le rendement du maïs.

La durée de l’interculture peut être très longue avant un maïs : de l’ordre de 9 mois derrière une céréale à paille, et de 5 ou 6 mois derrière un maïs grain. Lorsque l’objectif des couverts d’interculture est de piéger le nitrate et de limiter sa lixiviation hivernale, il n’y a pas d’intérêt à retarder leur destruction au-delà de mi-novembre. Allonger la période de couverture du sol apporte en revanche une meilleure préservation des sols sensibles à la battance, à l’érosion, ou à la reprise en masse, ainsi qu’une compétition plus longue sur les adventices.
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Pour les couverts semés tardivement derrière un maïs grain, une destruction tardive peut aussi permettre d’atteindre une biomasse correcte. Cela peut être le cas par exemple avec de la féverole, pure ou associée, détruite au dernier moment avant le semis comme cela se pratique de plus en plus dans le Sud-Ouest dans les situations sans contrainte hydrique.
Des effets dépressifs avec des couverts de graminées détruits tardivement
Plus la destruction du couvert est tardive (faible délai destruction-semis), plus l’impact du couvert peut être fort sur le rendement du maïs, avec des effets dépressifs en particulier avec les graminées détruites tardivement. Les couverts peuvent perturber l’implantation du maïs (retard de levée, exposition accrue aux ravageurs de début de cycle), ou sa nutrition minérale ou hydrique.
Quand détruire le couvert ?
La biomasse du couvert n’est pas un critère pour décider du moment de sa destruction. Les couverts très développés ne sont pas forcément synonymes d’effet dépressif sur la culture suivante. Cinq critères sont en revanche déterminants pour décider de la date optimale de destruction du couvert : la date d’implantation du couvert, sa composition, le type de sol, le travail du sol et le contexte hydrique de la parcelle (tableau 1).
La date d’implantation du couvert doit être prise en compte. Un couvert semé derrière une céréale a eu le temps en entrée d’hiver de jouer son rôle en produisant de la biomasse. La destruction peut intervenir entre l’entrée d’hiver et le printemps. Pour les couverts semés tardivement derrière un maïs grain, la destruction interviendra au plus tôt fin février pour laisser un minimum de temps au couvert de pousser. Dans les cas où un labour d’entrée d’hiver est souhaité, il n’est pas possible d’implanter un couvert tard derrière maïs grain, sauf à semer ce couvert sur le labour fait en automne.
Tout dépend du type de travail du sol envisagé
Le type de sol conditionne les dates possibles de travail du sol profond. Les sols argileux doivent impérativement être labourés en entrée d’hiver, rendant ainsi obligatoire la destruction précoce du couvert. Les sols très légers peuvent être travaillés au dernier moment avant le semis du maïs, que ce soit avec ou sans labour. Dans les systèmes sans travail du sol (semis direct ou strip-till) et les sols très légers, il y aurait même intérêt à détruire très tardivement les couverts pour qu’ils préservent le plus longtemps possible la structure du sol.
La présence d’une légumineuse dans le couvert donne plus de souplesse
La composition du couvert est également à prendre en compte. Les crucifères ont pu montrer des effets dépressifs sur le maïs suivant en cas de destruction tardive. Ce phénomène s’expliquerait par la présence de glucosinolates dans cette famille de plantes : ces molécules auraient un effet toxique sur les mycorhizes du maïs. On déconseille la destruction des crucifères au-delà de fin février. De même, la présence de légumineuses dans le couvert va conditionner le rapport Carbone/Azote de ses résidus. Un couvert sans légumineuse semé tôt et détruit tard va immanquablement présenter un rapport C/N élevé, défavorable à la nutrition azotée du maïs suivant. On peut corriger ce risque, soit en détruisant plus tôt le couvert, soit en intégrant au moins une légumineuse dans le couvert. Si la légumineuse du couvert n’a pas gelé pendant l’hiver, détruire au plus tôt fin mars ce couvert laissera la possibilité à la légumineuse de croître en mars et de fixer des quantités d’azote très élevées dans certains cas (plus de 100 kg N/ha), avec une restitution rapide au maïs suivant.
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Attention à l’effet « asséchant » d’un couvert
Dans les cas où la composition du couvert le permet, ainsi que le type de sol et la technique d’implantation du maïs (légumineuse dominante en sol très léger ou en agriculture de conservation), on pourrait détruire le couvert au dernier moment avant de semer le maïs. Il faut cependant prendre en compte le contexte hydrique pour vérifier que l’eau prélevée par la culture intermédiaire en mars ou avril ne soit pas préjudiciable à la culture suivante. Si l’eau est un facteur limitant (sol à faible réservoir utile, climat modérément arrosé, absence d’irrigation), on préconise de ne jamais détruire un couvert après le 1er mars environ, de manière à ne pas avoir de couvert vivant aux périodes où l’évapotranspiration potentielle devient plus élevée. A contrario, d’autres situations sont plus favorables à la destruction très tardives des couverts, comme dans le Béarn (climat très arrosé, sols limoneux profond), sous réserve d’avoir semé un minimum de légumineuse dans le couvert.
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