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Ce mois-ci dans Perspectives Agricoles : faut-il favoriser le partage des données en agriculture ?

Alors que de plus en plus de données sont informatisées et leur acquisition automatisée, se pose la question de leurs usages et des risques éventuels à les diffuser. Bruno Lauga, gestionnaire de bases de données chez ARVALIS – Institut du végétal, resitue les enjeux de leur collecte sur les exploitations agricoles.

Le big data : un pari risqué en agriculture ?

Perspectives Agricoles : Quels avantages attendre du partage de données ?

Bruno Lauga : Comme dans les autres secteurs d’activité, il y a, en agriculture, un fort intérêt à collecter et à traiter des données en vue de créer de nouvelles connaissances et de nouveaux services.

Les usages des données sont souvent spécifiques à chaque application.  Au sein de l’exploitation, et avec les organismes techniques ou les sociétés de service, un partage plus ouvert des données améliorerait l’efficacité du pilotage des interventions, dans une démarche d’agriculture de précision par exemple.  

Alimenter en même temps différents outils d’aide à la décision peut éviter d’avoir à saisir des informations à plusieurs reprises et donnerait accès à une vision plus globale de l’exploitation.  
Au niveau des organismes de recherche, disposer de nouvelles sources d’information multiplie les possibilités de prendre en compte la diversité des situations agronomiques.

On peut aussi imaginer pouvoir identifier des pratiques culturales répondant à telle ou telle problématique et dont les effets n’auraient pas encore été mis en valeur.

P.A. : N’y a-t-il pas un risque de perte de contrôle des informations fournies ?

B.L. : Il importe en effet de s’assurer qu’aucune retombée négative ne puisse affecter celui qui a fourni les données et de garantir, à la fois, le respect de l’usage prévu et la confidentialité. Cette question de la gouvernance des données des exploitations agricoles, qui relève des relations contractuelles, ne trouve pas à ce jour de réponse claire sur les plans juridique, économique ou éthique. C’est donc, bien légitimement, une réelle inquiétude des agriculteurs qui ne peuvent maîtriser les usages de leurs données, mais également des fournisseurs de données qui ont du mal à déterminer les droits de mise à disposition et de réutilisation qu’ils peuvent accorder. Il est donc indispensable de créer les conditions de la confiance et de la transparence des usages en tenant compte des souhaits des agriculteurs à l’origine des données collectées.

P.A. : Des solutions techniques fiables existent-elles à ce jour ?

B.L. : La base de données du Système d’Information Génétique est un exemple représentatif. Elle collecte les informations sur les performances des troupeaux à destination des sélectionneurs dans le cadre d’un accord interprofessionnel encadré par l’État. Les organismes souhaitant accéder aux données ont l’obligation de s’assurer du consentement de l’éleveur pour tous les travaux de valorisation du SIG. Il s’agit d’établir une « chaîne de confiance », protégeant les échanges de données et garantissant à l’exploitant la maîtrise de ses données, ainsi que l’anonymat.

D’autres applications existent à ce jour, mais elles restent rares et sont toutes conçues pour des besoins spécifiques.

Un des freins importants à la mise en place de ce type d’outil est la réticence des entreprises à faciliter le partage d’informations considérées stratégiques pour leurs activités.

Une réflexion est menée par ARVALIS – Institut du végétal et les autres instituts techniques pour proposer des solutions reposant sur la technologie « blockchain », un système collaboratif et sécurisé d'échanges de données. D’autres projets visent à garantir l’interopérabilité entre les différents systèmes.

Pour accéder à l’intégralité du numéro, rendez-vous sur www.perspectives-agricoles.com

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