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Bretagne

Sols froids : ne pas se précipiter pour semer les maïs

Avec l’absence de pluies, les chantiers vont bon train dans la plaine : récolte des dérobées, épandage de fumiers, destruction de couverts. En vue des semis de maïs, la préparation des parcelles est en cours, mais il est impératif d’attendre que la température des sols remonte pour optimiser la germination et la levée de la culture.

Semoir de maïs en avril 2024 en Bretagne

Un semis sur sol réchauffé pour une levée rapide et sans danger !

La germination des semences de maïs et la levée sont conditionnées par la présence d’oxygène, d’humidité (avec un bon contact terre-graine) et de températures. La durée de ces premières phases germination-levée est déterminée par la température du sol.

A titre d’exemple, la durée nécessaire à la germination et à la sortie de la radicule et du coléoptile jusqu’à la levée est :

  • A 6°C, de 1000 h, soit six semaines.
  • A 10°C, de 200 h, soit une semaine.
  • A 15°C, de 100 h, soit moins d’une semaine.

Semer trop précipitamment sur un sol non réchauffé et qui ne va pas se réchauffer dans les prochains jours va rendre la levée très lente et le risque d’attaques de bioagresseurs fort !

Pour semer dans de bonnes conditions, la température du sol doit être d’au moins 10°C autour de 5 cm de profondeur – idéalement de 15°C. Elle se mesure le matin à 10 h ou à 20 h le soir pour avoir une bonne vision de la moyenne de la journée.

Le lien entre température du sol et température de l’air n’est pas toujours très bien défini, cela dépend du type de sol : un sol caillouteux et filtrant se réchauffe plus vite qu’un sol battant hydromorphe.

Figure 1 : Exemple de la mesure de la température du sol à 4 cm et 15 cm entre le 19 et 22 avril à Ploërmel (56)

Figure 1 : Exemple de la mesure de la température du sol à 4 cm et 15 cm entre le 19 et 22 avril à Ploërmel (56)

L’évolution de la température du sol est très nette : le sol se refroidit, il est urgent d’attendre !

En profiter pour diagnostiquer l’état du sol

En attendant que les sols se réchauffent pour démarrer les semis, un diagnostic de leur état physique permet de corriger si nécessaire des tassements. Les chantiers d’ensilage d’herbe ont pu parfois se dérouler sur une terre tout juste ressuyée. Les contraintes exercées par les machines peuvent générer des tassements profonds (> 20 cm), qui seront potentiellement non corrigés par un travail classique du sol (labour, déchaumage…).

Consultez la vidéo  du Paysan Breton « Maïs : corriger le tassement pour ne pas impacter le rendement »

Pour autant, ces tassements profonds limitent le volume de sol exploré par les racines et multiplient les conséquences des stress hydrique. Des essais récents en maïs semences dans le sud de la France ont mis en évidence des pertes de rendements de 16 %, liées au stress hydrique sans tassement et jusqu’à 25 % dans les zones tassées.

Quels outils pour identifier rapidement et facilement des problèmes de tassement ?

Pour identifier ces tassements profonds, un pénétromètre classique permet d’observer si des ruptures de résistances fortes existent dans les sols. Les racines sont sensibles à des modifications brutales de la résistance du sol. En cas de présence de zones plus résistantes en profondeur avec le pénétromètre, un mini profil 3D ou un test bêche plus profond affinent le diagnostic. L’objectif est d’identifier si des mottes compactes sont présentes et nécessitent d’être décompacter.

Figure 2 :  Etat des mottes selon le niveau de compaction

    Figure 2 :  Etat des mottes selon le niveau de compaction

    En cas de présence de mottes delta (fermées) trop importante, un décompactage sera nécessaire.

    Quelles précautions prendre lors de la correction mécanique ?

    Il est illusoire de penser que l’activité biologique peut rectifier en quelques semaines des problèmes de tassements. En général, celle des vers de terre permet de corriger partiellement un sol tassé après deux ans.

    Le travail mécanique à l’aide d’outils à dents pour décompacter doit se faire à une profondeur idéale de 5 cm en dessous de la zone tassé et sur un sol friable à la profondeur maximale de travail.

    Figure 3 : Aptitude au décompactage selon la texture et l’humidité du sol

      Figure 3 : Aptitude au décompactage selon la texture et l’humidité du sol
      A retenir 

      Une douceur printanière qui décale les semis 
      • Un refroidissement des sols qui nécessite d’attendre avant de semer les maïs.
      • En dessous de 10°C, la levée prend plusieurs semaines.
      • Viser au moins 10°C voire 15°C idéalement de température du sol pour semer.
      • La mesure de la température du sol peut se faire à 10 h le matin ou 20 h le soir.
      • En cas de levées trop lentes, les attaques de ravageurs (taupins, mouches, corvidés…) peuvent être plus importantes et mettre en péril la densité de plantes, composante essentielle du rendement en maïs.

      Identifier et corriger les tassements 
      • Les récoltes de dérobées et épandages de produits résiduaires organiques (PRO) ont pu générer des tassements profonds (> 20-25 cm) qui ne seront pas corrigés par un travail du sol classique (labour à 25 cm ou déchaumage à 15 cm).
      • Ces tassements profonds sont préjudiciables au maïs, surtout en année sèche.
      • Si nécessaire, corriger avec un passage de dents à 5 cm en-dessous de la zone tassée sur un sol friable à la profondeur de travail.

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