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Tassement des sols : une campagne à haut risque

La campagne 2023-2024 est marquée par des épisodes pluvieux depuis mi-octobre qui perturbent de nombreux chantiers. Arrachages de betteraves, récolte de maïs, semis de céréales d’hiver et de printemps se sont déroulés dans des conditions parfois très limites en termes de ressuyage. Intervenir dans ces conditions peut entraîner des tassements plus ou moins profonds. Un diagnostic s’imposera cette année dès que les conditions le permettront. Gros plan sur les différentes méthodes d’observation de l’état structural du sol.

Tassement des sols

Les pluies ont limité les fenêtres d’interventions, que ce soit en cumul ou en nombre de jours, en particulier dans les secteurs les plus pluvieux et/ou hydromorphes. De ce fait, de nombreuses interventions se sont faites dans des conditions limites de ressuyage, avec pour conséquence de possibles tassements.

Ajouter à cela que la quasi-absence de périodes gel-dégel sur la région n’a pas permis aux argiles de « travailler », et donc de participer à la restructuration naturelle des sols.

Carte 1 : Conditions climatiques enregistrées du 15 octobre 2023 au 25 mars 2024 sur le centre de la France

Quelles conséquences sur le rendement ?

Un sol tassé entrave la croissance racinaire, accident qui peut être aggravé dans le cas de stagnation d’eau plus ou moins longue. Peu colonisée par les racines, une zone compacte limite l’exploration par la plante des couches sous-jacentes, même si la structure de ces dernières est correcte. L’assimilation par la plante de l’eau et des nutriments tels que l’azote ou le phosphore s’en trouve réduite.

L’enjeu final sur le rendement peut être important, d’autant plus que la culture a un cycle court. Les pertes pour un blé seront limitées si les conditions hydriques ne sont pas extrêmes sur la suite du cycle (excès d’eau ou sécheresse). Les orges d’hiver pourraient être plus impactés du fait de leur plus grande sensibilité. Pour un maïs, les pertes pourront aller de 35 % pour un ensilage à 25 % pour un grain.

Un diagnostic fortement conseillé cette année

Plusieurs méthodes permettent d’identifier si un tassement est présent ou non. Ces méthodes sont plus ou moins complexes à mettre en œuvre et apportent des informations variables.

Dans tous les cas, un « coup de bêche » à plusieurs endroits de la parcelle et sur une profondeur suffisante est a minima à réaliser cette année. Bien évidemment, il est nécessaire d’attendre que le sol soit ressuyé pour observer.

Figure 1 : Positionnement des méthodes de diagnostic d'un tassement du sol selon la profondeur évaluable et la facilité de mise en œuvre

Figure 1 : Positionnement des méthodes de diagnostic d'un tassement du sol selon la profondeur évaluable et la facilité de mise en œuvre

Le test bêche

Simple et rapide de mise en œuvre, le test bêche nécessite peu de moyens si ce n’est une bêche. Mise au point par l’ISARA, c’est une méthode robuste de diagnostic d’un tassement dans l’horizon travaillé. La profondeur de diagnostic reste limitée à une vingtaine de centimètres mais elle permet d’examiner la porosité d’assemblage des mottes (entrée gauche de la figure 2) et la porosité interne des mottes (entrée haute de la figure 2) pour obtenir un niveau de tassement.

Figure 2 : Arbre de décision pour déterminer le niveau de tassement du sol par le test bêche

Figure 2 : Arbre de décision pour déterminer le niveau de tassement du sol par le test bêche

Le miniprofil 3D

Plus profond que le test bêche, le miniprofil 3D permet de réaliser des observations similaires sur plusieurs horizons. Moins destructeur qu’un profil cultural, il nécessite tout de même de disposer d’un chargeur télescopique.

Le profil cultural

Le profil cultural est la méthode la plus complète pour diagnostiquer un tassement du sol, elle reste lourde à mettre en œuvre et nécessite de l’expertise. La fosse doit être perpendiculaire au sens du semis.

Le pénétromètre

En complément de ces méthodes visuelles, la mesure de la résistance à la pénétration à l’aide d’une tige pénétrométrique permet de généraliser le diagnostic à l’ensemble d’une parcelle. Cependant, le diagnostic est dépendant de l’humidité du sol et de sa texture : il doit être accompagné d’au moins une observation visuelle pour l’interpréter correctement.

Tableau 1 : Points forts et points faibles des différentes méthodes d’observation d’un tassement

Tableau 1 : Points forts et points faibles des différentes méthodes d’observation d’un tassement

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