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Poitou-Charentes

Semis d’orges en décembre : s’orienter vers un type « printemps » plutôt qu’« hiver »

Certaines parcelles prévues en orges d’hiver n’ont toujours pas été semées. Dans le contexte météo actuelle, mieux vaut désormais opter pour des orges de printemps. Toutefois, avec des semis tardifs en décembre, les conditions favorables se dégradent fortement et il faudra être opportuniste. Les orges de printemps sont en effet très sensibles à la qualité d’implantation : le sol doit être le plus finement préparé et ressuyé. Se tenir prêt et profiter si possible de période froide (semis sur gel). Dans le cas contraire, il sera sans doute nécessaire de reporter les chantiers en janvier...

Jeunes semis d’orges de printemps en Poitou-Charentes

Avec la pluviométrie record de cet automne et le retour de pluies significatives depuis ces derniers jours, les semis prennent toujours du retard en particulier sur les secteurs de limons, champagnes, doucins, marais… Dans ces situations, un nombre important de parcelles ne sont toujours pas emblavées. A cette période, des adaptations techniques doivent être envisagées avec des contraintes plus fortes, des changements d’espèces à prévoir. Pour les orges d’hiver, leur implantation nous semble compromise et il sera plus efficace de basculer sur des orges de printemps.

Risque de gel 

Les orges de printemps semées actuellement sont plus exposées aux différents risques de gel, bien que celui-ci soit faible pour la région :

  • Gel coléoptile : ce seuil se situe autour de -6°C, le risque sera accentué sur des parcelles gorgées d’eau.
  • Gel hivernal : des températures en dessous de -10/-12°C durant l’hiver peuvent provoquer un gel partiel ou total des plantes. Ce risque est de plus en plus faible pour la région.
  • Gel de début de printemps : des températures en dessous de -4°C lors de la montaison peuvent provoquer un gel des jeunes épis dans les tiges. Ce type de gel est rarement généralisé à toutes les plantes dans une parcelle et plus rare sur orge de printemps que sur orge d’hiver en raison des décalages de stade.

Le réchauffement climatique engendre des hivers de plus en plus doux (=> sur la région minimisant ces risques), mais également des extrêmes plus forts. Nous ne sommes donc pas à l’abri d’un coup de froid intense ! Le risque de gel est davantage ciblé sur un gel coléoptile pour notre secteur sur des semis de décembre mais il reste difficilement prévisible.

Adapter la densité de semis

Il existe peu de références régionales sur des essais « densités de semis » pour des orges de printemps semées à l’automne. Sur d’autres sites d’essais (semis en novembre), l’effet densité de semis est peu visible. L’optimum est même atteint pour les densités les plus faibles (à 300 gr/m²). Dans ces essais, les conditions de semis étaient plutôt bonnes avec un ressuyage rapide. De plus, il n’y a eu aucun dégât de froid durant l’hiver ou à la sortie de l’hiver : c’est ce point qui peut impacter le nombre de plantes – nombre d’épis sur certains secteurs (zone atlantique moins impactée). L’optimum du nombre d’épis/m² est de ce fait atteint avec la densité la plus basse. Sur ces éléments et en prenant une marge de sécurité, on peut arriver à des recommandations suivantes pour des semis de décembre sur notre secteur, à ajuster au cas par cas selon l’état des parcelles et des conditions de semis (tableau 1).

Tableau 1 : Densité de semis d’orges de printemps semée en décembre

Tableau 1 : Densité de semis d’orges de printemps semée en décembre

Soigner la protection vis-vis des maladies foliaires

Il faudra être particulièrement vigilant par rapport à la lutte contre les maladies foliaires : en effet, les orges de printemps semées à l’automne sont nettement plus exposées à ce risque et aux potentielles attaques de rhynchosporiose très précoces, parfois explosives. On peut souligner que les notes de tolérances aux maladies indiquées dans les catalogues sont réalisées sur orge de printemps en semis de printemps. L’exposition accrue aux maladies en semis d’automne dégrade les notes « officielles ». Choisir une variété a priori peu sensible aux maladies n’enlève pas la nécessité d’observer ses parcelles dès la sortie d’hiver. Nous aurons l’occasion de refaire un point ultérieurement en fonction de la pression de l’année.

Enfin, il est possible de recourir à un traitement de semences (SYSTIVA - BASF) qui permettra d’alléger la protection contre les maladies au printemps, en particulier vis-à-vis de la rhynchosporiose précoce. Seul inconvénient, ce traitement de semences représente un investissement actuellement sans garantie que l’orge ne gèle pas et ne permet pas une intervention foliaire ultérieure avec une SDHI (pour respecter l’alternance des modes d’action).

Fertilisation azotée : une conduite à se rapprocher d’une orge d’hiver 

Nous reviendrons ultérieurement sur cet aspect mais la fertilisation des orges de printemps en semis d’automne peut se rapprocher de celle d’une orge d’hiver : avec calcul de la dose totale (en prenant bien en compte le potentiel de rendement), fractionnement... Voici une technique qui peut rendre service au cours d’une campagne particulièrement délicate à suivre : la méthode HNT Max (avec sur-fertilisation d’une petite zone), pour piloter un éventuel apport supplémentaire afin de ne pas « louper » l’année favorable à la production, tout en maintenant une teneur en protéines compatible avec le débouché brassicole.

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