Résultats d’essais

Les systèmes innovants au banc d’essais : rompre une monoculture de maïs en introduisant du soja et une avoine CIVE

Face aux contraintes réglementaires et techniques, de nombreux agriculteurs du Sud-Ouest pratiquant la monoculture de maïs cherchent à diversifier leur rotation. Parmi les cultures (ré)introduites, citons le soja. ARVALIS, en partenariat avec Terres Inovia, Euralis, la Chambre d’agriculture 64 et la FDCUMA 64, teste, depuis plus de 3 ans sur la plateforme de Sendets (64), une rotation maïs – soja (avec une avoine implantée en tant que culture intermediaire a vocation énergétique - CIVE - avant le maïs). Retrouvez ses performances technico-économiques comparées à la monoculture de référence (mulchée et labourée).

Introduire du soja en monoculture de maïs

Comment mener un soja dans le Sud Aquitaine ?

Les besoins en eau du soja sont très voisins de ceux du maïs. Hormis dans les sols profonds comme les terres noires, l’irrigation est indispensable pour que la culture soit compétitive.

Même si le soja peut être semé avec un semoir monograine à 80 cm d’écartement, on préfèrera un écartement à 40 cm pour faciliter la fermeture du rang par le couvert et ainsi diminuer les levées d’adventices.


A 80
 cm d’écartement, le désherbage chimique du soja peut être subtil mais le binage est facilité.

Afin de prévenir le risque sclérotinia, le fongicide de biocontrôle Contans WG® est incorporé au sol tous les ans sur la plateforme SYPPRE Béarn(*). L’inoculum a été utilisé tous les ans depuis 2016 (en 2018, avec des semences pré-inoculées). Etant donné que la nodulation est actuellement satisfaisante, il a été décidé de ne pas inoculer en 2019.

Le désherbage est un point sensible pour la culture du soja. Les adventices sont les mêmes que celles du maïs (panics, sétaires, digitaires, chénopodes, datura…). Il convient de désherber en prélevée (en chimique ou avec une herse étrille) et de rattraper en postlevée avec des produits adaptés à la flore présente ou avec un ou deux passages de bineuse, le soja étant très adapté à cet outil.

Quel rendement et quelle rentabilité attendre d’un soja ?

Sur la plateforme SYPPRE Béarn, le soja est semé en même temps que le maïs (aux alentours du 20 avril en général). La variété utilisée (ES Pallador) appartient au groupe I. Le rendement moyen sur trois ans atteint les 47 q/ha. Ce chiffre est relativement stable.

La figure 1 permet de visualiser les écarts de marge avec aides entre le soja et le maïs. La comparaison est à l’avantage du soja les années où le prix du maïs est faible (2016 et 2017). A l’inverse, lorsque le prix du maïs est plus haut (2018), le maïs dégage une meilleure marge brute.

Figure 1 : Comparaison des marges brutes avec aides (€/ha) entre un maïs et un soja, tous deux implantés fin avril

Quelle rentabilité de la rotation maïs – soja (avec une avoine CIVE avant le maïs) ?

L’introduction du soja dans la rotation permet d’avoir droit à l’aide couplée. Le produit brut dégagé en moyenne sur 3 ans est légèrement inférieur à celui de la monoculture de maïs de référence (tableau 1). Quant aux charges opérationnelles, elles diminuent franchement (- 179 €/ha). Deux raisons peuvent expliquer cette baisse de charges : l’économie d’engrais azoté et l’économie des frais de séchage (le maïs n’étant présent qu’un an sur deux). La marge brute avec aides est donc améliorée par rapport à la monoculture de référence.

Dans ce système, les charges de mécanisation sont augmentées (notamment à cause de la présence de la CIVE). La marge nette avec aides reste néanmoins plus élevée que celle de la monoculture de référence (+ 37 €/ha en moyenne sur 3 ans).

La quantité d’azote est largement diminuée (- 86 kg N/ha en moyenne sur trois ans) grâce à l’introduction du soja, qui ne requiert aucun apport d’azote. Quant à la consommation de carburant, elle augmente.

En ce qui concerne l’IFT global, celui-ci baisse légèrement (- 0,5 point) grâce à l’économie d’un traitement de semences antifongique et d’un insecticide antitaupins un an sur deux. L’IFT herbicides augmente légèrement (le désherbage du soja restant un point critique).

A noter que la baisse drastique de l’utilisation d’engrais azotés impacte favorablement la consommation en énergie primaire totale et réduit les émissions de gaz à effet de serre.

Tableau 1 : Performances technico-économiques du système innovant comparées au système de référence (indicateurs calculés avec l’outil Systerre)

Simulations sur une exploitation de 63 ha, 1 UTH avec les hypothèses suivantes (moyenne sur 3 ans) : Aides découplées : 270 €/ha ; Fermage : 199 €/ha ; Charges diverses : 145 €/ha ; Rémunération MO familiale : 247 €/ha.

(*) projet inter-instituts ARVALIS / ITB / Terres Inovia pour « construire ensemble les systèmes de culture de demain »

Retrouver les actualités et les résultats du projet Syppre sur www.syppre.fr

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