Résultats d’essais

Les systèmes innovants au banc d’essai - Monoculture de maïs : introduire une avoine en interculture

En monoculture de maïs, l’interculture peut être mise à profit pour produire une Cive (Culture Intermédiaire à Vocation Energétique) sans que cela entre en compétition avec la culture alimentaire. Sur la plateforme SYPPRE(*) de Sendets (64), ARVALIS teste depuis 3 ans l’impact de l’introduction d’une avoine d’hiver, en tant que Cive, entre deux maïs. Retour sur les résultats techniques, économiques et environnementaux de ce système comparés à ceux d’une monoculture de maïs mulchée après récolte.

Performances technico-économiques d’un système innovant en Béarn

Un itinéraire technique à ajuster

Maïs : Adapter le choix variétal pour un cycle raccourci

Afin de maximiser la production de biomasse de la Cive, il est nécessaire de la semer le plus tôt possible (entre le 20 septembre et le 10 octobre dans le Sud-Ouest). Il faut donc viser une récolte du maïs à des humidités raisonnables dans la dernière quinzaine de septembre. Pour ce faire, il est préférable de s’orienter vers des variétés demi-tardives. Sur Sendets, c’est donc du DKC4814 qui a été implanté dans ce système, à la place du P0725 implanté en monoculture de référence.

Il faut également avoir à l’esprit qu’une grande partie de la production de Cive d’hiver se fait dans la dernière quinzaine d’avril, lorsque les températures clémentes permettent une bonne croissance des plantes. Le semis de maïs est donc en général retardé par rapport à un semis classique. La pratique dans le Béarn montre qu’attendre le bon stade pour la récolte de la Cive engendre en général un décalage de 15 jours par rapport à un semis « classique ».

L’avoine a besoin d’être fertilisée

Afin d’atteindre son maximum de production, l’avoine a besoin d’être fertilisée (environ 70 unités suffisent). Pour une meilleure valorisation de l’azote, l’apport doit intervenir en sortie d’hiver, quand la végétation redémarre. L’idéal est de fertiliser avec des produits organiques, afin de favoriser le retour au sol de la matière organique. Néanmoins, les conditions souvent pluvieuses des hivers béarnais ne sont pas favorables au passage des tonnes à lisier, ce qui nous a souvent conduits à faire des apports minéraux (ammonitrate).

Si les mauvaises herbes sont très présentes (stellaire intermédiaire notamment), un désherbage peut être nécessaire mais peu de produits herbicides sont sélectifs de l’avoine.

Une productivité du maïs légèrement en baisse

En moyenne sur 3 ans, l’avoine Cive a produit 6,1 t MS/ha. Les meilleurs résultats ont été obtenus en 2017 (8,4 t MS/ha), car le cumul de températures au mois d’avril avait été important, ce qui est favorable à la production de biomasse.

A l’inverse, les conditions froides et humides du printemps 2018 ont été très défavorables à l’avoine : certains maîtres-brins ont gelé, ce qui a pénalisé la croissance des plantes. La production a été cette année-là inférieure aux attentes (3,8 t MS/ha).

Après une avoine Cive récoltée fin avril, il est préférable de labourer avant d’implanter le maïs sous peine de voir émerger des repousses assez facilement si les conditions climatiques sont favorables.

Le décalage de la date de semis du maïs pénalise un peu son rendement : en moyenne sur 3 ans, le maïs avec l’avoine Cive produit 119 q/ha (contre 128 q/ha dans la référence), soit une perte de 9 q/ha. Le maïs est cependant récolté légèrement plus sec grâce au changement de précocité.


Photo 1 : Le mois d’avril est en général très favorable à la production de biomasse par l’avoine.

Les charges augmentent… mais la marge aussi !

En supposant l’existence d’un débouché pour la Cive, sa vente compense la baisse de production du maïs suivant et génère un surplus de produit brut de 540 €/ha en moyenne sur 3 ans (tableau 1).

En revanche, les charges de productions augmentent. Les principales différences se font sur les charges de mécanisation qui augmentent de 260 €/ha principalement pour récolter la Cive qui se fait en prestation avec une ensileuse classique, et sur les charges opérationnelles qui augmentent de 145 €/ha : + 110 €/ha pour une semence certifiée d’avoine rude diploïde, + 54 €/ha d’engrais pour fertiliser la Cive, - 35 €/ha en frais de séchage grâce au changement de précocité du maïs, et quelques différences entre les autres postes.

Au final, l’introduction et la vente de la Cive permet d’augmenter la marge nette de l’agriculteur de 93 €/ha en moyenne sur 3 ans dans notre cas, soit une augmentation de 26 % (si l’on compte les aides PAC).

Tableau 1 : Performances technico-économiques du système innovant comparées au système de référence (indicateurs calculés avec l’outil Systerre)

Les simulations ont porté sur une exploitation de 63 ha, 1 UTH avec les hypothèses suivantes (moyenne sur 3 ans) : Aides découplées : 270 €/ha ; Fermage : 199 €/ha ; Charges diverses : 145 €/ha ; Rémunération main-d’œuvre familiale : 247 €/ha.

Quels impacts sur les indicateurs environnementaux ?

L’introduction de la Cive intensifie le système de production tout en produisant des services environnementaux. Les indicateurs rapportés à la surface augmentent tandis que les indicateurs rapportés à la production baissent quasiment tous (tableau 2). En sortie de champ, la balance de production énergétique brute (énergie produite / énergie consommée) augmente de 14 % avec la Cive.

Tableau 2 : Evolutions des indicateurs environnementaux dues à l'introduction d’une avoine Cive dans une monoculture de maïs

La crainte fréquemment évoquée lorsqu’il s’agit d’introduire une Cive est le risque de diminution du taux de matière organique. Les simulations réalisées à ce jour montrent que le système monoculture de maïs avec Cive n’est pas moins favorable qu’une monoculture classique en termes de retour de matière organique au sol : la Cive produit des racines et des chaumes qui ne sont pas exportés.

Des recherches sont encore en cours pour essayer de fiabiliser le système, notamment sur le choix des espèces et des variétés de Cive. Pour limiter le recours au travail profond pour éliminer les repousses, il conviendrait d’avoir des Cive à épiaison précoce.

(*) Projet interinstitut ARVALIS / ITB / Terres Inovia "construire ensemble les systèmes de culture de demain".

Retrouvez les actualités et les résultats du projet Syppre sur www.syppre.fr

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