Risque pucerons : ne pas se précipiter malgré le redoux
La pression pucerons s’est montrée plus élevée cet automne 2025 par rapport aux années passées. Leur activité a quelque peu été freinée par l’épisode de froid fin novembre ; mais le redoux de ces derniers jours amène des questions quant à la persistance du risque et la nécessité d’intervenir ou non.
Les céréales se situent actuellement entre le stade levée/1 feuille étalée pour les derniers semis de fin novembre, et mi-tallage pour les semis de fin septembre/début octobre, avec une majorité autour de 3 feuilles/début tallage.
Continuer d’observer même en cas d’application insecticide
L’insecticide a une action de contact, seuls les pucerons présents sur la parcelle au moment de l’application seront impactés. Toutefois, si après l’application des températures douces persistent, il existe un risque que des pucerons ailés puis aptères recolonisent la parcelle.
Au-delà de 12°C, les pucerons ailés ont la capacité de voler, tandis que les aptères sont actifs dès que les températures sont au-dessus de 3°C.
Figure 1 : Seuils de résistance des pucerons aux températures
Ne pas oublier également que les températures influencent le développement de la JNO dans la plante. Une transmission précoce du virus et des températures hivernales douces y sont favorables.
Tant que les températures permettent une activité des pucerons et que les céréales sont à des stades sensibles (jusqu’au stade 3 feuilles), il est recommandé d’observer les parcelles semées avec des variétés sensibles.
Un risque plus élevé en raison de semis plus précoces et de températures plus douces que l’an dernier
Cette année, les semis sont légèrement plus précoces, ce qui augmente le risque de colonisation des pucerons sur les parcelles. D’autre part, les températures très douces début novembre ont pu augmenter leur présence. La période de froid qui a suivi a permis de freiner fortement la progression.
Dans les dernières observations du BSV, des pucerons sont toujours observés début décembre, en moindre quantité cependant. Et malgré ces observations régulières en Normandie, on ne constate pas un regain de présence de pucerons pour le moment. Le redoux des derniers jours incite à continuer les observations sur les plantes et à rester vigilant malgré tout !
Figure 2 : Températures et précipitations moyennes enregistrées et prévisionnelles de septembre à décembre 2025 sur la station météo d’Evreux (comparaison aux températures moyennes des 10 dernières années)
Figure 3 : Evolution des observations de pucerons dans le BSV jusqu’à la semaine 48 (fin novembre)
Quels risques d’une transmission de la JNO sur des stades tardifs ?
La sensibilité de la plante au virus est surtout importante sur les stades levée – 2 feuilles, mais la sensibilité reste présente jusqu’au tallage. Au-delà, celle-ci diminue jusque début montaison. Si les pucerons sont actifs et transmettent le virus à tallage, cela peut impacter la plante, mais dans une moindre mesure par rapport à une transmission au stade 1 feuille.
L’enjeu est donc de continuer à surveiller les parcelles en cours de levée jusqu'à 2-3 feuilles, bien que la période hivernale s’amorce.
A retenir
- Depuis mi-novembre, les températures moyennes ont pu ponctuellement dépasser les 12°C, nécessaire à l’activité des vols de pucerons.
- A partir de début tallage, la sensibilité au virus diminue petit à petit jusqu’à début montaison. Ainsi, un bon nombre des parcelles sortent de la période de sensibilité maximale au virus. Mais l’observation reste de mise, et tout particulièrement pour les parcelles qui n’ont pas encore atteint le stade tallage.
- Seule l’observation régulière au champ permet de piloter le déclenchement (ou non) d’une intervention, ainsi que son positionnement. Les insecticides étant des produits de contact, mieux vaut intervenir tard pour toucher le maximum de pucerons que trop tôt.
- Pour rappel, le seuil de risque sur pucerons est de 10 % de plantes porteuses de pucerons ou présence sur plus de 10 jours dans la parcelle de pucerons sur variétés sensibles.
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