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Poitou-Charentes

Risque graminées sur céréales : miser sur des programmes tout automne si possible

Une première vague de semis de céréales a débuté avant le 20 octobre, souvent par anticipation de la période pluvieuse annoncée. Les stades des blés se situent entre levée à 2F pour les plus précoces. Dans ces situations précoces, où la présence de vulpins et/ou ray-grass est habituelle, le désherbage d’automne est crucial. Or, la pluie abondante depuis la semaine dernière a pu empêcher les passages de prélevée juste après les implantations. Les chantiers vont reprendre après ressuyage des parcelles : les traitements de prélevée seront également à positionner en contexte graminées.

Parcelle de blé au stade levée fin octobre 2025 en Poitou-Charentes

Parcelles semées avant les pluies (< 20/10) : priorité au désherbage d’automne et suivi des ravageurs d’automne (pucerons, cicadelles)

Le cycle des graminées est proche de celui des céréales : la concurrence s’exerce dès leur levée, ce qui en fait les adventices les plus nuisibles. Le plus sécurisant pour ces situations précoces est de désherber avant la levée de la culture, pour être certain de positionner correctement les produits d’action racinaire. Cet automne, il a parfois été difficile d’enchaîner le semis et le désherbage.

On peut distinguer deux situations :

  • Prélevée réalisée : dans les parcelles les plus infestées, avec suspicion ou résistance avérée des graminées aux produits foliaires (et donc où le désherbage de sortie d’hiver est peu efficace), il faut s’orienter sur un désherbage tout automne : dans l’idéal en prélevée puis en postlevée très précoce (souvent deux à trois semaines après le premier désherbage).

Tableau 1 : Exemples de programmes blé tendre en deux passages à l’automne efficaces sur ray-grass ou vulpin - les produits en rouge sont interdits sur sols drainés (propositions non exhaustives)

Tableau 1 : Exemples de programmes blé tendre en deux passages à l’automne efficaces sur ray-grass ou vulpin - les produits en rouge sont interdits sur sols drainés (propositions non exhaustives)
  • Prélevée non effectuée : dans ces situations, on va privilégier un désherbage en postlevée. L’idéal sera alors de positionner l’intervention à des stades très jeunes en visant 1 feuille de la culture. Concrètement, cette intervention est à positionner dès ressuyage des parcelles (conditions actuelles favorables en termes de températures et humidité des sols). Dans nos essais, l’efficacité d’une application de postlevée, même très précoce, est en moyenne en retrait de 10 à 15 %, selon les substances actives appliquées, par rapport à une application de prélevée. Beaucoup d’échecs sont dus à des applications sur adventices trop développées, d’où la nécessité d’intervenir à des stades jeunes. Pour les parcelles les plus infestées en graminées et en situations de résistance, il faudra sans doute revenir une quinzaine de jours après ce premier passage de postlevée.

    En l’absence de résistance, il sera possible de rattraper ce premier passage à l’automne par un désherbage de sortie hiver.

Cas particulier des orges
Désherber en deux passages à l’automne est plus risqué en termes de sélectivité. En cas de graminées résistantes, on optera pour une stratégie double automne mais avec des doses réduites : par exemple, une prélevée à base de Défi 3 l ou Chlortoluron 1500 à 1800 g, relayé par Fosburi 0,6 l, en veillant aux conditions d’application. Mais la meilleure solution serait de ne pas cultiver d’orge dans ces situations trop complexes à désherber. Pour plus de détails, se référer au guide régional Choisir et Décider spécial Désherbage.

Parcelles dont les semis vont reprendre prochainement : priorité à la prélevée pour les situations généralement infestées en graminées

Le plus sécurisant pour ces situations où les graminées posent habituellement des problèmes sera de désherber en prélevée juste après la reprise des semis, pour être certain de positionner correctement les produits à action racinaire et de profiter des conditions humides de sol.

Attention aux conditions de pulvérisation

Les applications aux stades jeunes de la céréale provoquent fréquemment des symptômes de phytotoxicité, jaunissement, tassement, légères pertes de pieds… Bien que spectaculaires, ces symptômes donnent rarement lieu à des pertes de rendement. L’accident est nettement moins préjudiciable qu’une phytotoxicité herbicide provoquée en sortie d’hiver car, à ce stade précoce, la céréale a une bonne capacité de récupération. Il est malgré tout déconseillé d’intervenir si de fortes pluies sont annoncées juste après le traitement et/ou surtout si les semences sont mal enterrées (plus de 10 % de grains en surface) ou encore sur céréales en mauvais état végétatif. De même, on reportera l’intervention si de fortes amplitudes thermiques (amplitudes > 15°C) sont annoncées. 

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