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Ce mois-ci dans Perspectives Agricoles : réduire les volumes affecte-t-il l’efficacité des traitements contre le mildiou

Les traitements contre le mildiou de la pomme de terre, majoritairement avec des produits de contact, sont le plus souvent réalisés à volume élevé avec des buses à fente classique. Bénéficier des avantages des traitements à bas volume apparaît néanmoins possible selon Benjamin Perriot, spécialiste en techniques de pulvérisation chez ARVALIS - Institut du végétal.

Peut-on baisser les volumes de bouillies visant le mildiou

Perspectives Agricoles : Est-il vraiment intéressant de traiter à bas volume ?

Benjamin Perriot : Les résultats obtenus sur d’autres cultures montrent qu’il est possible de réduire le volume de la bouillie, dans une certaine limite, sans réduire l’efficacité du traitement. Des essais menés par ARVALIS depuis trois ans ont vérifié ce principe en pommes de terre : une réduction du volume, jusqu’à 50 l/ha dans les essais avec des buses à fente classique, a maintenu l’efficacité du traitement. Il s’agit ainsi de réduire le temps de travail par une vitesse de chantier plus rapide et la possibilité de traiter davantage de parcelles avec une seule cuve de bouillie. Cependant, une réduction de volume entraîne une plus grande sensibilité aux conditions hygrométriques. L’humidité doit être la plus élevée possible au moment du traitement pour éviter l’évaporation du produit. L’absence de vent, afin d’éviter les effets de dérive, est bien entendu un autre critère essentiel. De plus, le risque de bouchage est plus important lorsque la concentration de la bouillie augmente. Il est donc recommandé d’utiliser des buses à 80°, moins sensibles au bouchage que celles à 110°.

P.A. : Faut-il privilégier les buses à fente classique ?

B.P. : Les gouttelettes fines produites par les buses à fente classique favorisent une répartition homogène de la bouillie sur la plante mais leur sensibilité à la dérive est élevée. Les buses à injection d’air proposent une répartition plus hétérogène des gouttes mais une dérive réduite de l’ordre de 75 % par rapport aux buses à fente classique. Cela diminue les risques de pertes de produit qui n’atteint alors pas la cible et évite que des zones ne soient sur-traitées par rapport à d’autres, notamment en conditions légèrement venteuses (dans la limite de 19 km/h fixée dans la réglementation). Des essais sur blé et maïs ont montré que la buse à injection d’air n’affecte pas l’efficacité du traitement, tant que le volume de la bouillie n’est pas trop réduit : l’application d’herbicide de contact en maïs est possible jusqu’à 50 l/ha avec fente classique et 80 l/ha avec injection d’air. On s’attend donc à un résultat de même nature pour les fongicides de contact sur pomme de terre. Cette hypothèse est en cours de vérification dans des essais.

P.A.  : Les adjuvants sont-ils une solution complémentaire ?

B.P. : À première vue, l’utilisation d’agents mouillants pour augmenter l’étalement des produits de contact sur la plante semble logique - d’autant plus à bas volume. Cinq essais réalisés dans le Centre et en Picardie, en 2014 et 2015 avec des buses à fente classique, n’ont pas montré de différence d’efficacité significative avec l’utilisation d’un adjuvant, quel que soit le volume appliqué (50, 150 et 250 l/ ha). Il reste à savoir si ce constat se retrouvera avec les buses à injection d’air ou si, par exemple, un effet de l’adjuvant permettrait de réduire la limite basse du volume de bouillie au même niveau que celle des buses à fente classique a priori plus faible.

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