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Pourquoi autant de traces d’héliothis sur maïs grain en 2024 ?

L’héliothis a été un des ravageurs marquants en production de maïs grain au cours de la campagne 2024. Habituellement cantonnées à quelques secteurs, les attaques observées en 2024 dénotent par leur ampleur géographique : du grand Sud-Ouest à la région Centre-Val de Loire, beaucoup de parcelles présentent une fréquence particulièrement élevée d’épis avec des traces d’attaques d’héliothis.

héliothis sur maïs

Sur maïs grain, la conséquence d’une attaque d’héliothis est le plus souvent limitée car les larves consomment uniquement une ou deux couronnes de grains situées à la pointe de l’épi. L’incidence sur le rendement est donc souvent négligeable, voire nulle, pour cette production. Ces dégâts directs favorisent en revanche la présence de champignons susceptibles de produire des mycotoxines et de dégrader la qualité sanitaire du grain.

Plus rarement, lorsque la croissance du maïs est ralentie juste après la floraison femelle ou bien en cours de remplissage, les larves peuvent descendre plus bas dans l’épi : elles occasionnent alors des dégâts sur un grand nombre de grains avec une incidence économique beaucoup plus importante.

Compte tenu du faible risque d’incidence économique, une lutte directe spécifique et systématique n’est pas d’actualité pour protéger les cultures de maïs contre l’héliothis. Seules exceptions : les parcelles de maïs semence et de maïs doux exposées à ce risque.

Des captures plus importantes dans le Sud-Ouest

Les papillons d’héliothis font l’objet d’une surveillance sur le territoire, en particulier dans les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes. En Aquitaine et en Midi-Pyrénées, les données acquises en 2024 montrent des captures médianes plus abondantes qu’au cours des années antérieures (figure 1). Mais elles restent inférieures à celles obtenues en Rhône-Alpes, régions où les captures de 2024 étaient elles-mêmes inférieures aux captures des années précédentes.

Figure 1 : Nombre cumulé de papillons d’héliothis capturés par pièges depuis 2011 pour deux secteurs

Si les captures observées dans le Sud-Ouest ne permettent pas de confirmer une abondance exceptionnelle de papillons d’héliothis en 2024, les courbes de captures montrent un premier vol intense de ces papillons dès le mois de juin (figure 2). Si ce premier vol a surtout été impactant pour d’autres cultures que le maïs, le vol s’est prolongé en juillet et a connu une intensité persistante durant le mois d’août.

Figure 2 : Nombre de captures moyennes hebdomadaires de papillons d’héliothis depuis 2018 pour deux secteurs

Des floraisons tardives concomitantes avec des vols intenses

Or, une grande proportion de parcelles de maïs a fleuri fin juillet/début août. Le maïs étant particulièrement attractif pour les papillons d’héliothis durant la floraison femelle, ces parcelles ont donc subi plus d’attaques que d’ordinaire. De plus, fin juillet/début août, les conditions climatiques dans le Sud-Ouest - particulièrement chaudes (+2,5°C en moyenne par rapport à la normale) et peu pluvieuses - ont favorisé la survie des pontes et le développement des jeunes larves d’héliothis. Ceci a également contribué à renforcer les attaques.

A noter que le vol précoce a permis d’établir une génération en début d’été dans le sud de la France, qui a pu donner lieu à un vol estival abondant dans les régions situées plus au nord. Cela contribue à expliquer les dégâts fréquemment constatés dans les parcelles ayant fleuri plus tardivement dans le centre de la France.

Quel risque pour 2025 ?

Les papillons d’héliothis sont principalement migrateurs (en provenance du bassin méditerranéen), mais une part de la population pourrait être autochtone.

Pour les populations migratrices, leur abondance en 2025 dépend à la fois des conditions de survie hivernale dans leur zone d’origine et des conditions météo plus ou moins favorables à la migration au cours des premiers mois de la prochaine campagne. Dans le cas où une part importante de la population est autochtone, sa survie sera surtout influencé par les conditions climatiques hivernales. Quelle que soit l’origine des héliothis, l’analyse des risques pour 2025 paraît bien prématurée.

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