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Prairies : pâturer un couvert pendant l’hiver, c’est possible

Les couverts végétaux sont mis en place pour éviter l’érosion ou pour réduire la lixiviation des nitrates. Leur valorisation par le pâturage offre une solution intéressante aussi bien techniquement qu’économiquement, notamment lorsque les stocks fourragers sont bas. Et elle ne présente pas de risques pour l’environnement si elle est bien menée.

Pâturer un couvert pendant l’hiver : c’est possible

Dans le cas de pâturage d'hiver, il est nécessaire de bien adapter le chargement à la production du couvert, sous peine de dégrader le sol ou d'entraîner des fuites de nitrates plus importantes.

C’est pendant la période de risque maximal vis-à-vis du lessivage d’azote dans les eaux de drainage que s’effectue le pâturage hivernal d’un couvert. L’analyse de son impact sur l’environnement est donc une question primordiale. Pour l’évaluer, un essai a été mis en place dans le Finistère pendant 3 ans par ARVALIS-Institut du végétal et les Chambres d’Agriculture de Bretagne. Le but : comparer les quantités d’azote lixiviées dans le cas d’un pâturage de ray grass d’Italie (RGI) semé comme culture intermédiaire piège à nitrates (CIPAN) après une céréale, par rapport à un RGI non pâturé.

 Des pertes proches de celles mesurées avec une Cipan

Les résultats obtenus montrent que la quantité d’azote lessivée lors du pâturage de fin d’automne ou d’hiver reste proche de ce qui est mesuré avec une Cipan. Elle est très inférieure aux pertes mesurées sous sol nu. Le pâturage en octobre ou en décembre n’entraîne donc pas d’augmentation importante de la quantité d’azote lessivée, à condition bien sûr de ne pas apporter d’azote (voir encadré).

Les résultats d’essais montrent que la quantité d’azote lessivée lors du pâturage de fin d’automne ou d’hiver reste proche de ce qui est mesuré avec une Cipan.

Attention toutefois : ces résultats ont été obtenus dans une région à hiver doux où l’herbe peut avoir une légère croissance et en situation de chargements animaux faibles, liés à l’herbe disponible. Il ne s’agit pas de pratique d’hivernage en plein air.

Adapter le chargement à la production du couvert

Le pâturage hivernal d’un couvert de RGI semé après blé permet de valoriser jusqu’à 1,5 t de matière sèche par hectare, soit environ 85 jours de pâturage pour 1 UGB (Unité gros bovins). Ce pâturage apporte de la souplesse à des systèmes ayant un déficit fourrager sur la surface fourragère principale, qu’il soit occasionnel et lié à une année climatique particulière comme 2011 par exemple, ou chronique du fait d’un chargement important.

Le pâturage doit être mené en respectant quelques règles élémentaires de bonne gestion. Il faut notamment adapter le chargement à la production du couvert. Il s’agit de ne pas surcharger la parcelle car cela entraîne une dégradation du sol et des fuites de nitrates plus importantes. Le niveau de chargement doit au contraire rester relativement faible et se situer autour de 0,8 UGB par ha. Attention, les conditions automnales et hivernales sont souvent plus humides. Il faut donc rester vigilant vis-à-vis du risque de piétinement généré par les animaux et les faire pâturer uniquement sur sol portant.

Dans le cas d’un besoin important de fourrage en hiver sur des parcelles pâturées en décembre, il peut être tentant d’apporter de l’azote sous forme organique au semis. Un apport de lisier équivalent à 50 unités d’azote pourrait augmenter la production d’environ 30 %. Mais il peut également engendrer des pertes d’azote importantes, surtout lors d’hivers pluvieux. Or au moment du semis, il est impossible de connaître les conditions climatiques de l’hiver, et de ce fait, cette pratique peut être considérée comme très risquée vis-à-vis des pertes d’azote par lessivage.

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