Maïs grain : une campagne 2025 entre sécheresse et canicules
La campagne maïs 2025 a été marquée par un climat estival difficile. Si le rendement national est globalement en retrait (estimé à 88,5 q/ha), de fortes disparités sont observées entre régions de production, mais aussi en fonction du contexte agronomique et de la disponibilité en eau d’irrigation.
Si la campagne s’annonçait précoce, les récoltes de maïs n’ont réellement débuté que mi-septembre, les prix de vente faibles ayant incité les producteurs à ne pas commencer trop tôt les récoltes pour gagner des points de séchage.
Au 27 octobre, 82 % des maïs sont récoltés. La façade Est a pris un peu de retard : -7 à -20 points selon les régions par rapport à la normale, la fin de cycle ayant été moins favorable.
Un cycle en avance sur la normale
Les maïs étaient en avance pour deux raisons. En premier lieu, les semis ont été précoces : 40 % des semis étaient réalisés mi-avril (+20 points par rapport à la moyenne quinquennale). A la mi-mai, plus de 90 % des maïs étaient semés. Des surfaces restaient encore à semer notamment dans le Sud-Ouest où des pluies parfois fortes ont ralenti les chantiers.
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L’autre facteur expliquant l’avance des maïs est à rechercher du côté du thermomètre : les températures cumulées ont été supérieures à la normale, avec deux phases caniculaires en juin et août. L’avance était surtout marquée dans l’Ouest, avec un excédent thermique de 216 degrés-jours (°Cj) à Angers. Dans d’autres secteurs, l’avance était plus limitée : +105°Cj à Strasbourg (carte 1).
Mi-juillet, 65 % des maïs étaient fleuris versus 43 % en moyenne quinquennale, et seulement 16 % en 2024 à la même date.
Carte 1 : Ecart à la normale des températures cumulées entre la 15 avril et le 15 septembre (en °Cj, base 6-30)
Entre sécheresse et épisodes caniculaires
Dès le début du cycle, des régions ont été fortement impactées par le stress hydrique, conséquence d’une faible pluviométrie à partir du mois de mai : Poitou-Charentes, Pays de la Loire, une partie du Centre et l’Auvergne en particulier. A partir de la mi-juin, la situation se complique dans toutes les régions avec un premier épisode caniculaire : les ETP ont atteint des valeurs de l’ordre de 9 mm, soit jusqu’à 4 mm de plus que la normale, accentuant les besoins hydriques.
Ce premier épisode caniculaire a eu un impact sur les maïs les plus précoces qui ont fleuri au cœur de cet épisode de chaleur. Cela concerne toutefois une minorité de situations : environ 10 % des maïs ont fleuri en juin, 36 % avant le 7 juillet. Ces situations concernent plutôt les semis précoces des zones méridionales. A l’inverse, 35 % des maïs ont fleuri après le 14 juillet, période plus favorable avec des températures proches des normales et des épisodes pluvieux qui ont accompagné la floraison.
Le remplissage du grain a souffert d’une faible pluviométrie, d’autant qu’avec le second épisode caniculaire (8-18 août), les besoins en eau du maïs pendant cette période étaient élevés. Le retour des pluies à partir du 19-20 août a soulagé les maïs des zones septentrionales, mais ces pluies sont arrivées trop tard en zone méridionale. Dans ces zones, ce 2e épisode caniculaire a fortement accéléré la dessication des maïs pluviaux, avec un effet type de sol et qualité de l’implantation.
Un démarrage précoce des irrigations
Entre fortes ETP et faible pluviométrie, le déficit hydrique est supérieur, voire très fortement supérieur, à la normale (plus de 150 mm) dans certains secteurs (carte 2). Les besoins en eau d’irrigation ont donc été très élevés : démarrage précoce et accompagnement pendant toute la période de sensibilité du maïs, nombre élevé de tours d’eau et cadence soutenue. Les restrictions d’eau en fin de cycle ont cependant été plus limitées qu’habituellement.
Carte 2 : Ecart à la normale du bilan hydrique P-ETP (en mm) entre le 1er juin et le 25 août
En situation non limitante, l’irrigation a généralement permis de compenser les effets du climat. Dans un essai au Magneraud (17) en sol de groie moyenne, le rendement a atteint 156 quintaux avec une floraison fin juin en pleine canicule. L’efficience de l’eau d’irrigation est bonne : plus de 10 quintaux de gain pour l’équivalent d’un tour d’eau (30 mm). Cependant, le nombre de tours d’eau est élevé avec 268 mm d’irrigation, soit 50 mm de plus que la moyenne.
La chrysomèle et le datura poursuivent leur progression
La pression des ravageurs du sol est restée généralement faible (taupins, géomyze). Les dégâts d’oiseaux sont contenus cette année, en raison de conditions agronomiques favorables et des surfaces protégées. En début de cycle, les vers gris ont en revanche étaient fortement présents en zone méridionale, et plus ponctuellement jusque dans le Centre. Les foreurs ont été actifs (sésamie en particulier) dans un certain nombre de régions, avec aussi une présence d’héliothis sur les épis dans le Sud-Ouest. La Chrysomèle poursuit son développement et son installation dans de nouvelles régions (Nouvelle-Aquitaine). Dans le sud de l’Aquitaine, des dégâts de MRDV ont impacté les productions : ce virus nanisant est transmis par la cicadelle brune (Laodelphax striatellus).
Côté désherbage, la gestion des graminées se complique depuis l’arrêt du S-Métolachlore. En 2025, les produits racinaires ont été mis en difficulté par la sécheresse. Le développement du ray-grass dans les cultures d’été est à surveiller. Le datura gagne du terrain dans toutes les régions, avec une forte pression cette année dans les régions historiquement touchées.
Lire aussi : « Comment identifier et gérer le datura dans le maïs ? »
Des rendements hétérogènes
Le rendement national est estimé à 88,5 q/ha par ARVALIS, notamment tiré par le maïs pluvial dont le rendement moyen pourrait être proche de 77 q/ha. Le maïs irrigué bien qu’en retrait reste proche de la moyenne (figure 1). Les baisses les plus marquées concernent le Poitou-Charentes, les Pays de la Loire, Limousin, la Bourgogne et le Sud-Ouest (-20 à -30 %).
Figure 1 : Evolution du rendement en maïs grain sur les 12 dernières campagnes
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