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Maïs : comment réussir son désherbage de postlevée ?

Face aux levées rapides de graminées (notamment de ray-grass) et à l’apparition de dicotylédones et de vivaces dans les jeunes maïs, le désherbage de postlevée offre des possibilités pour maîtriser ces populations. Le point sur les stratégies alliant efficacité et sélectivité selon la flore dominante.

ray-grass dans du maïs avec quelques feuilles

Avant toute chose : évaluer la situation

En premier lieu, il convient de bien repérer le stade du maïs : à l’heure actuelle, les stades vont de semis-levée à 7 feuilles visibles. On évitera toujours les applications d’herbicides sur des maïs pointant, et on attendra le stade 2 feuilles sur des maïs en bon état végétatif.

Parallèlement, il s’agit d’inventorier précisément la flore en présence : espèces et stades de développement. Cet inventaire est indispensable pour composer les mélanges et choisir les doses les plus adaptées.

Enfin, il faut évaluer l’impact des interventions déjà réalisées sur la flore présente et à venir. Pour ce qui concerne les herbicides racinaires (chloroacétamides principalement), une humectation minimale du profil est indispensable. Aujourd’hui, trois situations se distinguent dans la région :

  • Les semis précoces (< 5 avril), dont les applications de prélevée ont pu être pénalisées par le sec ou des levées de graminées avant les pluies (figure 1) ;
  • Les semis plus classiques (10-20 avril) qui ont bénéficié de bonnes conditions, juste correctes sur les zones les moins arrosées (nord Centre et Île-de-France) ;
  • Les semis tardifs (> 25 avril) : maïs ensilage ou secteurs plus tardifs avec relativement peu de pluies après les semis.
Figure 1 : Conditions climatiques après les interventions de prélevée
Figure 1 : Conditions climatiques après les interventions de prélevée

Adapter le programme de postlevée à l’année

Aujourd’hui, des levées de ray-grass liées à un problème d’efficacité de la prélevée ou des relevées récentes sont signalées dans de nombreuses parcelles. Cette adventice est une des plus compliquée à contrôler en maïs. Notre conseil : intervenir sur jeune plantule (1-2F), en conditions poussantes, avec un intérêt à l’adjuvantation notamment avec Monsoon Active (huile et sulfate d’ammonium permettent d’améliorer l’efficacité du traitement dans la plupart des essais). Attention, pour les parcelles désherbées avec Adengo Xtra, il ne sera pas possible de revenir avec Monsoon Active, et il faudra partir sur une autre option de rattrapage chimique (figure 2).

Figure 2 : Proposition de rattrapage sur parcelles de maïs avec ray-grass et dicotylédones difficiles
Figure 2 : Proposition de rattrapage sur parcelles de maïs avec ray-grass et dicotylédones difficiles

Les dicotylédones classiques (chénopodes, morelles, amarantes et renouée persicaire) sont bien gérées par les tricétones seules ou associées aux sulfonylurées, même à des stades assez avancés. Il faut être beaucoup plus attentif sur dicotylédones difficiles, type renouée des oiseaux, renouée liseron ou mercuriale. Ces dernières sont peu ou mal contrôlées par les produits de prélevée, lèvent tôt, se développent très rapidement, et sont difficiles à détruire à des stades avancés. Dans les parcelles où ces espèces dominent la flore classique, il ne faut pas hésiter à intervenir avant 2 feuilles des renouées (figure 3).

Figure 3 : Proposition de rattrapage en parcelles de maïs sur dicotylédones classiques et difficiles

Dans les situations où rien n’aurait été fait à l’heure actuelle, et que l’on ne suspecte pas de risques liés aux graminées, les flores de dicotylédones peuvent être gérées sur la base de programmes tout en postlevée. Sauf densité très faible, on aura souvent recours à deux applications pour gérer l’échelonnement des levées. On pourra se baser sur les propositions de la figure 3, en respectant les possibilités de fractionnement des produits (ex. : Calaris ou certaines mésotriones non fractionnables).

Pour en savoir plus, consultez le dépliant « protection du maïs » édition 2025.

Les conditions actuelles se prêtent aux binages
Au vu des conditions sèches actuelles, un ou deux binages pourraient se révéler très efficaces pour le désherbage des dicotylédones, voire des graminées. En présence de vivaces, on évitera le passage d’outils mécaniques qui tendent à multiplier les organes de reproduction végétative.

Et en cas de vivaces ?

En cas de présence de vivaces, on préfèrera en général dissocier leur gestion de celles des annuelles, graminées et/ou dicotylédones, pour des raisons d’efficacité et de sélectivité. En effet, l’efficacité sur vivaces est conditionnée par des interventions sur des stades développés et, après 6 feuilles, les plantes de maïs deviennent mouillables et absorbent plus de produits. Passé ce stade, on plafonnera donc les doses à un tiers de la dose homologuée pour les dérivés auxiniques (dicamba et fluroxypyr).

  • En cas de dominance liserons : la gestion en fractionné à deux tiers de la dose (par exemple Banvel 0,4 l – pouvant être associé à une base tricétone et/ou sulfonylurée) avant 6 feuilles étalées du maïs, sur liserons assez développés (15-20 cm) peut être une solution, mais elle devra être complétée avec le tiers restant après 6 feuilles. Il faudra toutefois attendre que les liserons soient bien repartis pour garantir une absorption correcte.
  • Sur chardons, intervenir avec du clopyralid (Lontrel) sur jeunes chardons jusqu’à la dose AMM (bonne sélectivité), avec possibilité de le mélanger avec les autres produits de postlevée.

Applications en postlevée : les risques à éviter

La pénétration des substances actives est favorisée en conditions poussantes le jour de l’application, mais l’efficacité et la sélectivité seront optimales si ces conditions sont également réunies au cours des journées qui encadrent l’application.

Le risque de phytotoxicité sur le maïs est augmenté si les conditions sont stressantes après l’application. Le tableau 1 résume les éléments à prendre en compte pour optimiser l’efficacité et minimiser le risque de phytotoxicité des substances actives foliaires systémiques (tricétones, sulfonylurées et dérivés auxiniques).

Tableau 1 : Facteurs jouant sur l’efficacité et la phytotoxicité herbicides foliaires en postlevée du maïs
Tableau 1 : Facteurs jouant sur l’efficacité et la phytotoxicité herbicides foliaires en postlevée du maïs
Ce qu’il faut retenir pour réussir la postlevée

> Au-delà de 6 feuilles, les doses des produits contenant des auxiniques (Dicamba, Fluroxypyr) sont plafonnées. Les autres produits sont en général utilisables jusqu’à 8 feuilles du maïs mais leur efficacité devient aléatoire (stade développé des adventices, effet écran du maïs…).
> Traiter des maïs en bon état, notamment avec des herbicides de type auxinique ou sulfonylurée,
> Le traitement doit impérativement s’effectuer alors que l’hygrométrie est élevée (au moins 65 %). Par temps sec, les applications doivent être réalisées le matin avant 9-10 heures. Le soir, le retour à des niveaux d’hygrométrie satisfaisants ne se fait pas avant 20 heures.
> Éviter de traiter avec des auxiniques ou des sulfonylurées si la météo des jours qui suivent l’application prévoit des températures minimales inférieures à 10°C et des maximales supérieures à 25°C. L’attention doit être redoublée vis-à-vis des températures dans les sols noirs riches en matières organiques qui exacerbent les écarts de températures.
> Tous les produits n’ont pas les mêmes exigences vis-à-vis de la qualité de pulvérisation. Une certaine souplesse existe pour les systémiques qui peuvent s’utiliser à volume réduit et/ou avec une granulométrie plus importante pour limiter la dérive. Les produits de contact (bentazone, pyridate) requièrent en revanche une qualité de couverture de la cible plus importante. Préférer des volumes supérieurs à 100 l/ha, 150 l/ha avec des buses anti-dérive. Augmenter en particulier les volumes d’eau pour des produits ou associations à base de bentazone (sur érodium ou géranium par exemple).
> Éviter les mélanges tricétone + auxiniques + sulfonylurées. Les risques de phytotoxicités sont accrus.
> Limiter l’usage d’adjuvants aux cas particuliers recommandés par les fabricants.

Consulter toujours l’étiquette pour les conditions d’emploi spécifiques du produit et vérifier les possibilités de mélange www.melanges.arvalisinstitutduvegetal.fr/

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