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NORMANDIE / HAUTS-DE-FRANCE

Lin de printemps : adapter la stratégie de lutte en cas de risque altises

A la faveur des températures des semaines passées, les altises ont été observées dans les premières parcelles semées en lin fibre de printemps. Leur activité devrait être freinée, voire arrêtée, en raison du retour du froid. Tout comme la croissance des cultures. Dans ce contexte, il est nécessaire de maintenir la surveillance dans les linières, afin d’évaluer le niveau de risque altises et décider d’intervenir ou non.

Estimer le risque

La parcelle est-elle exposée ?

Certaines parcelles sont davantage sujettes aux attaques d’altises. En 2021, un premier réseau a été constitué dans la Somme afin de déterminer les facteurs favorables :

  • La présence de mottes et de résidus au moment du semis : une population et des dégâts plus importants ont été observés sur ces parcelles.
  • La texture du sol : les sols sableux présentent une abondance et des dégâts plus importants. De plus, si les populations d’altises semblent similaires pour les sols limoneux et argileux, ces derniers affichent davantage de dégâts, l’argile favorisant la formation de mottes.

La conduite de la culture

Les conditions de semis du lin influencent également le risque d'altises. La préparation du sol doit être effectuée sur un sol ressuyé avec une bonne structure, afin de limiter la présence de mottes et permettre une levée rapide et homogène. Un semis dans un sol réchauffé permettra une croissance active des lins jusqu’au stade 3 cm, réduisant alors la période de sensibilité de la culture aux ravageurs.

L’évolution des températures

Les recherches effectuées dans le cadre du projet Alticontrôle (2014-2016) ont mis en évidence une corrélation entre l’activité des altises et le cumul des températures maximales supérieures à 13°C depuis le semis. Le début du pic serait atteint lorsque ce cumul dépasse les 30°C. Cette corrélation permet de calculer une date prévisionnelle en fonction de la date de semis (tableau 1).

Tableau 1 : Dates prévisionnelles du début d’activité des altises
Dates prévisionnelles du début d’activité des altises

La somme des températures maximales supérieures à 13°C est calculée à partir des données météorologiques de la date de semis jusqu’au 29 mars (date de fin des données disponibles). Les dates prévisionnelles (en bleu) sont calculées à partir de ces sommes de températures déjà connues (jusqu’au 29 mars), des températures prévisionnelles (jusqu’au 7 avril) puis de la moyenne des températures des 20 dernières années (Source des données : Météo France).

Selon ces prévisions, les altises seraient déjà présentes dans la majorité des parcelle semées avant le 21 mars. Toutefois, les températures fraîches de cette semaine pourraient ralentir, voire stopper leur activité. Si les parcelles semées plus tardivement sont moins exposées, ce refroidissement risque aussi de freiner la croissance du lin, rallongeant sa période de sensibilité. La surveillance est donc de mise pour les parcelles semées précocement et tardivement.

Cependant, avant d’envisager un traitement, il convient de se rendre sur la parcelle pour observer la population réelle d’altises, puis de se référer à la grille de décision.

Évaluer la population d’altises

Pour suivre les populations d’altises, ARVALIS a mis au point un protocole spécifique : retrouvez en vidéo la méthode simple d’observation pour raisonner la lutte.

Ce protocole d’observation consiste d’abord à détecter l’arrivée des altises dans l’environnement de la parcelle avec la pose d’une cuvette jaune remplie d’eau savonneuse (figure 1). On estime que l’activité débute lorsqu’une centaine d’insectes est retrouvée dans le piège. Par la suite, un suivi dynamique de l’activité peut être réalisé régulièrement en comptant les altises atterrissant sur une feuille A4 verte déposée dans la parcelle (figure 1). Il est préférable de réaliser cette mesure en début d’après-midi et de la répéter quatre fois à différents endroits (du bord au centre). La moyenne des altises comptabilisées représente un des indicateurs-clés permettant d’ajuster la stratégie de lutte.

Figure 1 : La cuvette jaune pour déterminer le début d'activité des altises et la feuille A4 verte pour suivre les dynamiques de populations sur la parcelle
La cuvette jaune pour déterminer le début d'activité des altises et la feuille A4 verte pour suivre les dynamiques de populations sur la parcelle.

Ajuster la stratégie de lutte en fonction du niveau de risque

Pour évaluer le niveau de risque sur une parcelle, il est essentiel de prendre en compte quatre paramètres : l’abondance des altises, les conditions météorologiques, le stade du lin et le niveau de dégâts. La grille d’évaluation de risque conçue par ARVALIS accompagne la prise de décision (figure 2).

En fonction du niveau de risque, trois stratégies peuvent être mises en œuvre :

  • Si le risque est faible, il est préférable de ne pas intervenir, mais de le réévaluer ultérieurement ;
  • Si le risque est moyen, mieux vaut opter pour une solution à base de lambda-cyhalothrine (type Karaté Zéon à 0,075 l/ha) ;
  • Si le risque est élevé, deux applications peuvent être nécessaires : une première avec un produit à action choc (type Karaté Zéon à 0,075 l/ha) et une seconde, quelques jours plus tard, avec un produit présentant une rémanence plus importante comme l’association de Boravi WG (1 à 1,5 kg/ha) et de Neutral (0,05 %). Attention, à noter que c’est la dernière année d’utilisation pour Boravi (fin de commercialisation au 1er août 2022 – fin d’utilisation au 1er novembre 2022).

En cas d’attaque précoce et intense, Trebon 30 EC à la dose de 0,2 l/ha offre une efficacité satisfaisante.

Figure 2 : Grille de décision permettant d'ajuster la stratégie de lutte contre les altises
Grille de décision permettant d'ajuster la stratégie de lutte contre les altises

Optimiser l’efficacité des traitements insecticides

Pour assurer une meilleure efficacité des traitements insecticides, certaines règles sont à respecter :

  • Traiter quand les altises sont présentes dans les linières : les produits homologués étant essentiellement de type contact, ils doivent être pulvérisés sur les insectes. Les altises étant surtout actives avec des températures douces et un fort ensoleillement, la période optimale pour réaliser un traitement se situe en fin d’après-midi d’une journée ensoleillée. Elle permet aussi d’éviter une trop forte dispersion du produit dans l’atmosphère.
  • Traiter avec un volume de bouillie conséquent : un minimum de 150 l/hectare est nécessaire.
  • Adapter le type de buse : l’objectif est de permettre la formation de gouttes de taille petite à moyenne afin d’augmenter la probabilité d’atteindre une altise.

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