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Normandie / Hauts-de-France

Altises du lin : adapter la stratégie de lutte selon le risque 

La période de sensibilité du lin aux altises s’étend de la germination au stade 3 cm. Durant cette période, le niveau de risque doit être régulièrement évalué. Après la détection des premiers vols, il est conseillé de suivre sa parcelle tous les 24 à 48 h.

La période d’émergence des altises du lin coïncide avec celle du semis de la culture. Si les attaques sont précoces, les altises peuvent s’insinuer dans les failles du sol et endommager les germes, conduisant à des pertes de pieds à la levée. Après la levée, les attaques se traduisent par des morsures en forme « d’impact de balle » sur les cotylédons et les feuilles. Si les bourgeons terminaux sont touchés, cela peut entraîner une ramification (activation des bourgeons axillaires), affectant le potentiel en fibre. Ces dégâts peuvent éclaircir le peuplement et retarder le développement des lins.

photo lin
Altises présentes sur une graine de lin en germination – Photo Baptiste GAMAIN - ARVALIS

Le risque s’anticipe dès le semis

Le risque altise, appréhendé à travers leur abondance et les dégâts observés sur la culture, est plus important dans certaines linières.

En 2021 et 2022, un réseau de 77 parcelles a été suivi afin d’identifier les facteurs influençant ces deux paramètres. Les parcelles semées au mois de mars étaient plus infestées que les semis d’avril. De même, davantage d’altises ont été capturées à proximité de cultures de printemps (légumes, betteraves et pommes de terre). Si le niveau d’infestation était corrélé au niveau de dégât dans les parcelles, ces derniers étaient également plus importants lorsque le lin se développait lentement.

Ainsi, la lutte contre les altises s’anticipe dès le semis. Il est alors fortement recommandé d’assurer des conditions poussantes pour le lin.

Plusieurs méthodes pour évaluer le risque

Estimer l’abondance d’altises dans les parcelles est nécessaire pour envisager des solutions de luttes directes. Plusieurs méthodes complémentaires existent pour suivre les populations.

Suivi de la somme des températures 

Au travers du cumul de températures, il est possible d’effectuer un suivi prévisionnel des populations. Les recherches effectuées dans le cadre du projet Alticontrôle (2014-2016) ont mis en évidence une corrélation entre l’activité des altises et le cumul des températures maximales supérieures à 13° C depuis le semis. Celle-ci permet d’estimer une date prévisionnelle du début du pic d’activité des altises.

Toutefois, l’activité des altises étant inégale entre les linières, il convient de suivre les populations sur le terrain. La surveillance des parcelles doit commencer dès la germination du lin car, en cas de journée chaudes et peu venteuses, les premières altises peuvent déjà être présente. Dans certaines parcelles, semées aux alentours du 25 mars, notamment en Normandie et en Seine-et-Marne, les altises seront présentes dès la fin de semaine (tableau 1).

Il sera alors nécessaire de surveiller attentivement ces parcelles par l’intermédiaire de la feuille A4 et de la cuvette jaune.

Tableau 1 : Dates prévisionnelles du début du pic d’activité des altises en fonction de la somme de températures calculées à partir de différentes dates de semis
Tableau 1 : Dates prévisionnelles du début du pic d’activité des altises en fonction de la somme de températures calculées à partir de différentes dates de semis.

(Source des données : METEO FRANCE)

Détecter les premiers vols grâce à une cuvette jaune 

Une cuvette jaune, identique à celles utilisées pour le colza, est enterrée au moment du semis dans la parcelle et relevée tous les deux jours. Lorsque les captures évoluent rapidement (entre 50 et 100 par jour), on estime que les altises sont en activité.

Dénombrer les individus sur une feuille A4 de couleur verte

Cette méthode permet d’évaluer l’activité et les populations d’altises sur la parcelle à un instant « t ». Elle consiste à déposer une feuille A4 de couleur verte au sol, d’en faire le tour à 30 cm des bords et compter les altises sautant sur la feuille. Il est préférable de réaliser cette mesure en début d’après-midi et de la répéter quatre fois à différents endroits de la parcelle (du bord au centre). La moyenne des altises comptabilisées représente un des indicateurs clefs permettant d’ajuster sa stratégie de lutte.

Adapter sa stratégie de lutte en fonction du risque

Pour évaluer le niveau de risque, quatre paramètres doivent être pris en compte : l’abondance des altises à l’aide la méthode de la feuille A4, les conditions météorologiques, le stade du lin et le niveau de dégâts. Une grille d’évaluation du risque altise a été réalisée par ARVALIS pour accompagner la prise de décision quant à l’ajustement de sa stratégie de lutte directe.

Figure 1 : Grille d'évaluation du risque lié aux altises du lin
Figure 1 : Grille d'évaluation du risque lié aux altises du lin

Si le risque est faible, il est inutile d’intervenir mais une réévaluation du risque est nécessaire 24 h ou 48 h après l’observation.

Si le risque est moyen, il est préférable d’opter pour une solution à base de lambda-cyhalothrine (type KARATE ZEON à 0,075 l/ha). Deux interventions peuvent être nécessaires si le risque est élevé. Enfin, en cas d’attaques précoces et intenses, TREBON 30 EC à la dose de 0,2 l/ha permet une efficacité satisfaisante.

Attention, depuis fin 2022, les produits à base de phosmet (BORAVI WG et BORAVI 50 WG) ne peuvent plus être utilisés.

Optimiser l’efficacité des traitements insecticides

La réussite de sa stratégie de lutte chimique dépend des conditions d’applications des produits. Les solutions homologuées étant principalement des produits de contact, leur efficacité dépendra du nombre d’altises touchées lors de la pulvérisation. Trois règles sont à retenir :

  • Traiter quand les altises sont présentes dans les linières : les altises étant principalement actives lorsque les températures sont douces, la période optimale pour réaliser un traitement se situe en fin d’après-midi d’une journée ensoleillée.
  • Traiter avec un volume de bouillie conséquent : les traitements doivent être réalisés avec un volume minimal de 150 l/ha afin d’augmenter la probabilité de toucher les altises.
  • Adapter le type de buses : elles doivent permettre la formation de gouttes de taille petite à moyenne afin d’augmenter la probabilité qu’une altise soit atteinte par celles-ci. Ce matériel expose toutefois à un risque de dérive plus important.

La période idéale pour traiter est la fin d’après-midi. Ce créneau assure la présence des altises tout en limitant le risque de dérive. 

Pour en savoir plus :

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