Les Essentiels d'ARVALIS - Fertilisation des céréales / Quel intérêt des pulvérisations tardives d’azote foliaire sur bl
Plusieurs séries d’essais réalisées par ARVALIS entre 1991 à 2013 montrent, à dose totale d’azote équivalente, qu’un apport tardif d’engrais foliaire sur blé tendre est au mieux aussi efficace sur le rendement qu’un apport d’ammonitrate apporté sous forme solide au stade dernière feuille. Concernant la teneur en protéines finale des grains, l’emploi d’un engrais foliaire tardif engendre en moyenne des teneurs inférieures à celles permises par l’emploi d’ammonitrate.
Par temps sec, les engrais azotés solides appliqués sur le sol peuvent s’avérer peu efficaces, notamment si la sécheresse perdure après la floraison. Il peut sembler alors plus judicieux de pulvériser un engrais foliaire. Il en existe de nombreuses formes applicables au stade dernière feuille étalée du blé. Plusieurs séries d’expérimentation réalisées par ARVALIS ont permis d’en tester l’intérêt sur la production et la teneur en protéines du grain.
►Les références expérimentales ARVALIS
►Les préconisations d'ARVALIS
►Pour en savoir plus
Tout l’azote pulvérisé n’est pas absorbé par les feuilles. Une partie parvient au sol au cours de la pulvérisation, puis éventuellement par lavage des feuilles si la pluie survient peu après. En fait, au maximum la moitié seulement de l’azote pulvérisé sous forme d’urée (dose maximale apportée de 20 kg N/ha) pénètre dans les feuilles dans les heures suivant l’apport. À l’instar de l’azote absorbé par les racines, celui absorbé par les feuilles est ensuite transporté vers les grains au cours de leur formation.
• Le Coefficient Réel d’Utilisation pour un apport foliaire réalisé après le stade 2 nœuds varie de 65 à 80 %.
• Les brûlures sont souvent mentionnées dans le cas d’utilisation d’engrais à base de nitrate ou de sulfate d’ammonium. L’urée, forme la plus souvent rencontrée dans les engrais foliaires, est moins concernée mais peut néanmoins provoquer aussi des brûlures à des doses élevées. Ainsi, l’emploi d’engrais azotés foliaires ne doit pas excéder 20 kg N/ha par apport pour éviter de brûler les feuilles.
• En raison d’une plus grande surface d’échange avec l’atmosphère, les pertes par volatilisation peuvent être plus importantes que dans le cas d’un apport au sol.
Plusieurs séries d’essais ont été réalisées par ARVALIS de 1991 à 2013. Ces essais comparent un apport d’ammonitrate à des engrais foliaires généralement appliqués au stade dernière feuille du blé à dose totale d’azote identique sur tout le cycle de la céréale.
31 essais conduits de 1991 à 2003
Une première série d’expérimentation a consisté à comparer divers produits foliaires (urée, solution azotée, Nutriforce, Phyleas*) à de l’ammonitrate. Effectuée entre 1991 et 2003, elle compte 31 essais.
*Le produit n’est plus commercialisé sous ce nom. Un produit contenant le même principe actif est disponible sous le nom de BALSAMO© de la société Via Végétale.
En ce qui concerne le rendement :
• l’efficacité d’un apport d’azote courant montaison s’est avérée maximale jusqu’au stade dernière feuille ligulée.
• les résultats sont plus favorables à l’ammonitrate (voire à la pulvérisation foliaire de solution azotée) appliqué au sol qu’à la pulvérisation foliaire d’urée.
En ce qui concerne les protéines : l’ammonitrate s’avère plus efficace que la pulvérisation foliaire, quelle que soit la forme d’engrais.
Une seconde série de 11 essais de 2001 à 2013
Une seconde série d’expérimentation a comparé divers produits appliqués en pulvérisation foliaire à de l’ammonitrate. Ces produits contiennent de l’azote le plus souvent sous forme d’urée, mais également sous forme de nitrate, d’ammonium, d’amide ou d’urée polymérisée. Effectuée entre 2001 et 2013, cette série compte 11 essais.
En ce qui concerne le rendement : l’azote des engrais destinés à l’application tardive en pulvérisation sur le feuillage des céréales est apparu au mieux aussi efficace que celui de l’ammonitrate apporté sous forme solide au cours du développement de la dernière feuille.
En ce qui concerne la teneur en protéines : elles sont inférieures de 0,3 % en moyenne à celles permises par l’emploi d’ammonitrate, dont 40 kg N/ha ont été appliqués au stade « dernière feuille » du blé à dose totale d'azote apporté équivalente.
L’azote des engrais destinés à l’application tardive en pulvérisation le feuillage des céréales est donc apparu au mieux aussi efficace que celui de l’ammonitrate apporté sous forme solide au cours du développement de la dernière feuille et souvent moins efficace concernant les teneurs en protéines. L’obligation de restreindre l’apport de ces produits à de faibles quantités d’azote pour éviter les brûlures des feuilles en limite fortement l’intérêt.
L’utilisation des engrais foliaires ne peut se concevoir qu'en cas de manque de pluie rendant difficile la dissolution de l’azote des engrais solides comme l’ammonitrate et son absorption par les racines mais néanmoins sans mettre en péril la capacité d’absorption racinaire et foliaire du blé. De telles situations sont assez rares en France. Lorsqu’elles se produisent, l’eau est un facteur plus limitant que l’azote dans le sec. Ce qui rend l’emploi de ces produits très limité…
Sources documentaires
- Laurent François et al « Pulvérisation foliaire d’azote sur blé - Une technique qui doit encore faire ses preuves » - Perspectives Agricoles N°234 - avril 1998 (pages 17 à 22).
- Castillon Pierre et al « L’intérêt des engrais foliaires est limité » - Perspectives Agricoles N°376 - mars 2011 (pages 48 à 52).
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