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Pays de la Loire

Désherbage des céréales : six recommandations pour partir du bon pied avant les semis

Bientôt les semis de céréales d’automne… Dès maintenant, il est essentiel d’anticiper la gestion des adventices dans les parcelles, notamment par un travail du sol adapté pendant l’interculture. 

Parcelle en interculture, avant semis de céréales, La Jaillière, en Pays de la Loire, le 26 septembre 2025 : les pluies de fin d’été ont favorisé cette année les levées de ray-grass dès début septembre, les conditions météo sont favorables à la réalisation de faux-semis

En cas de forte infestation, réintroduire un labour occasionnel

Face à un salissement qui s’aggrave, le labour est un des leviers les plus efficaces. Positionné après un échec de désherbage, il permet d’enfouir les graines produites pour empêcher leur émergence les années suivantes. Ce levier fonctionne sur les espèces dont les graines persistent peu dans le sol – essentiellement les graminées, et dans une moindre mesure le séneçon. Mais attention, il convient d’attendre quatre ans avant le prochain labour afin de ne pas remonter de graines encore viables à la surface. Le fait de labourer occasionnellement ne va pas anéantir tous les effets agronomiques des techniques sans labour et peut sauver une situation à la dérive en matière de désherbage.

Réaliser des faux-semis oui… mais

Un faux-semis consiste à réaliser un déchaumage très superficiel et à rappuyer le sol pour faire lever des graines d’adventices à l’interculture. Cette année, les pluies régulières depuis fin août sont très favorables à sa mise en œuvre. Mais la technique n’est pertinente que si les graines sont aptes à germer lors de l’intervention. Avant les semis d’automne, cela fonctionnera sur les repousses de culture précédente (céréale, colza, pois…), les bromes, le séneçon et des dicotylédones estivales - comme les renouées, mercuriale, amarantes, chénopodes, géranium et véronique de Perse - ; et dans une moindre mesure, sur les graminées d’automne - comme le vulpin et le ray-grass -.

Attention toutefois, si la technique permet de déstocker des graines avec potentiellement des effets à moyen - long terme, elle n’aura pas d’effet sur les levées de graminées dans la culture suivante. On sera déçu si on en attend des effets bénéfiques immédiats (figure 1).

Figure 1 : Synthèse de 4 essais ARVALIS conduits sur blé infesté en ray-grass

Figure 1 : Synthèse de 4 essais ARVALIS conduits sur blé infesté en ray-grass
Les faux-semis à l’interculture augmentent la part de levées à l’interculture (bâtons orange). Avec ou sans faux-semis, à même technique d’implantation, on observe autant de ray-grass levés dans la culture (bâtons verts). Sans labour, ne pas perturber le sol dans les semaines qui précèdent le semis limite les levées dans la culture.

En non-labour, arrêter le travail du sol trois semaines avant semis

En l’absence de labour, il est impératif d’arrêter les déchaumages trois semaines avant le semis, sous peine de dynamiser des levées d’adventices précoces dans la culture. Nos essais montrent que, plus on perturbe le sol juste avant semis, plus on s’expose à des levées dans la culture qui suit. Autrement dit, dans les parcelles les plus sales, il est préférable de labourer avant de passer un combiné herse rotative - semoir ; ou alors de semer avec un semoir adapté pour le semis direct, qui perturbe très peu le sol et travaille juste la ligne de semis.

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A droite, témoin non déchaumé ; à gauche, parcelle déchaumée 10 jours avant (La Jaillière 44, 26 septembre). Cet essai pluriannuel implanté sur la station permettra d’évaluer l’efficacité à moyen terme des faux–semis sur la maîtrise des ray-grass.

Retarder le semis de 10 à 15 jours sur les parcelles les plus sales

Dans les parcelles très infestées, il est payant de retarder la date de semis d’une quinzaine de jours. Nos essais montrent une très bonne efficacité de ce levier sur ray-grass et vulpin, avec une réduction du salissement de 40 à 75 % en semis décalé à début novembre, comparé à un semis du 20 octobre. Cette recommandation concerne uniquement les parcelles les plus sales dans lesquelles un semis précoce conduira à une impasse de désherbage.

Une règle d’or : semer sur une parcelle propre !

Le jour du semis, on ne doit constater aucun repiquage après passage du semoir. Cela suppose d’avoir correctement nettoyé la parcelle avant de semer.

Les levées tardives doivent être détruites préalablement au semis, soit chimiquement, soit enfouies par le labour.

Prudence avec l’utilisation de désherbant non sélectif en postsemis !

En technique de semis direct, il peut paraître séduisant de semer en direct dans les repousses et de détruire celles-ci postérieurement au semis. Attention toutefois à cette stratégie périlleuse : en cas d’impossibilité de passage aussitôt après semis, si la météo est perturbée, le risque est de se faire piéger et de ne plus pouvoir désherber la parcelle à temps avant la levée de la culture. Il sera alors impossible de gérer le couvert et les adventices associées, car les stades des plantes seront trop développés pour pouvoir être maîtrisés par le désherbage sélectif de la culture.

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