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Lorraine

Désherbage des céréales : des programmes bien spécifiques au ray-grass

Le ray-grass peut désormais être observé dans les parcelles de céréales lorraines (notamment le Barrois), pourtant longtemps préservées des infestations. En complément des moyens agronomiques, il est possible d'envisager des programmes herbicides dès l'automne, qui peuvent être légèrement différents de ceux appliqués sur vulpins.

Vulpin dans une parcelle de blé

Quelques éléments pour faire connaissance

D’un point de vue physiologique, le ray-grass est une plante du sud bien adaptée au sec, ce qui explique qu’il soit aujourd’hui présent dans les régions historiquement typées vulpins comme la Lorraine. Il n’est pas rare que les deux espèces cohabitent un temps… puis c’est généralement le ray-grass qui prend le dessus.

Son arrivée rapide dans une parcelle peut également s’expliquer par une dissémination des graines par les moissonneuses-batteuses. Le ray-grass plus tardif en maturité est récolté, alors que le vulpin est déjà complètement grainé.

Du côté des résistances, le ray-grass, comme le vulpin, n’échappe pas à ce phénomène vis-à-vis des produits foliaires, ce qui rend aléatoires les efficacités de sortie d’hiver et nous pousse vers des applications d’automne à base de produits racinaires.

Sans être alarmistes, il est cependant important d’avoir en tête que, contrairement au vulpin, des cas de résistances de ray-grass au flufénacet, et dans une moindre mesure au prosulfocarbe, ont déjà été observés. Le glyphosate utilisé en interculture n’échappe pas non plus  à ce premier constat.

Sur ray-grass, il faut donc être particulièrement vigilant à l’association des modes d’action.

Une lutte chimique centrée sur la prélevée

Chimiquement, la lutte contre le ray-grass repose en priorité sur une application de prélevée où le prosulfocarbe et le chlortoluron s’affichent comme des incontournables. Les positionnements d’interventions en postlevée à 1-2 feuilles du blé sont beaucoup plus délicats et peuvent parfois s’accompagner d’un manque de sélectivité sur les cultures.

Dans les situations où les herbicides de sortie d’hiver ne sont plus utilisables (du fait de résistances bien installées), avec des populations importantes de ray-grass, deux passages à l’automne sont recommandés.

Tableaux 1 et 2 : exemples de programmes de lutte
Extrait du guide Choisir et décider variétés et interventions d’automne sur blé tendre - Lorraine 2022/2023

Des préconisations ajustées aux résultats d’essais

Ces préconisations s’appuient notamment sur la synthèse des huit essais réalisés sur ray-gass en 2021/2022.

En prélevée, les modalités Défi + Compil et Défi + Codix affichent des efficacités très proches de la référence Mateno (autour de 77 %). Elles constituent un bon rapport technico-économique et ont l’avantage d’être utilisables en sols drainés.

Quant au mélange triple Défi + Enderix + Compil, il apporte la meilleure efficacité moyenne (83 %) pour un coût équivalent à la référence Mateno.

En postlevée, il est nécessaire de miser sur des associations, d’autant plus que leurs efficacités sont globalement en retrait par rapport à la prélevée. Dans cette même synthèse d’essais, il a été démontré que si l’efficacité de Fosburi reste insuffisante seule, elle devient satisfaisante en association (avec du prosulfocarbe par exemple). La modalité Défi + Enderix + Compil se rapproche de la référence Fosburi + Défi, pour un coût un peu inférieur. D’autres modalités à base de prosulfocarbe avec du Pontos ou du Merkur offrent un rapport coût/efficacité proche de cette référence.

En situations très infestées, le programme en double d’application d’automne peut être envisagé pour des efficacités globalement supérieures à 90 %. Il présente aussi l’avantage de régulariser les résultats.

Ainsi, même si la base Mateno en prélevée offre une bonne efficacité, la complémentarité avec Défi ou Défi + Beflex en postlevée permet de gagner 15 à 20 points d’efficacité.

Le programme Trooper + Compil suivi de Défi + Beflex est également intéressant et a l’avantage d’être possible en sols drainés.

Derniers conseils

Les herbicides disponibles à cette période étant quasi exclusivement des produits racinaires, leur efficacité est conditionnée par l’humidité du sol ou la pluviométrie en post application. Il faut en effet que les substances actives soient dissoutes dans la solution du sol pour pouvoir être absorbées par les adventices.

Ne pas oublier non plus le cas échéant de vérifier la sensibilité variétale au chlortoluron, même si des variétés de blé dites « sensibles » peuvent supporter un passage à 500 g/ha de cette substance active. Enfin, le maintien des produits à base de prosulfocarbe passe par le respect collectif de la nouvelle réglementation. Intervenir avec des buses anti-dérives, en l’absence de vent significatif, ne détériorera pas l’efficacité du produit, bien au contraire.

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