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Céréales : quelle dose prévoir pour le dernier apport d’azote ?

Les stades des céréales se situent actuellement autour de dernière feuille pointante / étalée. L’état des cultures est favorable. Avec les prévisions de pluie en fin de semaine, c’est le moment de raisonner le dernier apport d’azote, dans l’optique d’atteindre le potentiel de l’année. Pour cela, un outil de pilotage peut s’avérer très pratique, en complément du bilan prévisionnel.

Un distributeur d'engrais épand de l'azote sur du blé - 2e noeud

Au printemps 2024, les outils de pilotage indiquaient dans la grande majorité des situations d’apporter de fortes doses au dernier apport. En cause : de mauvaises conditions d’absorption de l’azote courant montaison (excès d’eau prolongée jusque montaison) avant le dernier apport.

Cette année, les conditions d’implantation et de valorisation des apports ont été globalement satisfaisantes. Selon les situations (zones hydromorphes, parcelles à fortes biomasses…), les outils pourront indiquer de ne pas rajouter ou mettre peu d’azote, en appliquant la dose initialement prévue pour le dernier apport ou une dose plus élevée.

Pourquoi piloter le dernier apport ?

La fertilisation azotée vise à obtenir à floraison une nutrition azotée correcte de la plante pour qu’elle ne soit pas limitante sur le rendement. L’INN (indice de nutrition azotée) est utilisé comme indicateur pour connaître l’état de nutrition de la plante. L’indice utilise la biomasse et la teneur en azote de la céréale. L’INN est corrélé au rendement et permet d’atteindre la dose optimale d’azote à apporter.

  • Un INN trop faible à floraison indique une carence, parfois non visible en végétation, engendrant un stress azoté à la plante ne lui permettant pas d’atteindre le rendement optimal.
  • Un INN à floraison à 0,9 optimise le rendement.
  • Un INN à floraison de 1 optimise le rendement et la protéine.
Figure 1 : Indice de rendement par rapport à l‘optimum en fonction de l‘Indice de Nutrition Azotée (INN) à floraison
Figure 1 : Indice de rendement par rapport à l‘optimum en fonction de l‘Indice de Nutrition Azotée (INN) à floraison

En 2024, les INN étaient extrêmement bas (0,6-0,7) pour des conduites azotées classiques (trois apports sans pilotage du dernier), en raison des sols saturés en eau courant montaison qui ne permettaient pas à la céréale d’absorber correctement l’azote.

Selon le potentiel offert par la météo de l’année, l’INN cible sera plus ou moins difficile à atteindre avec la dose d’azote prévisionnelle. Une bonne année, avec une météo favorable, une céréale va produire de la biomasse et aura besoin d’azote pour ne pas rentrer en stress azoté. Si l’INN est trop bas, la dose à apporter au dernier apport sera potentiellement plus élevée que prévue.

Inversement, avec un INN satisfaisant, les outils de pilotage peuvent indiquer de ne pas remettre d’azote puisque que la plante a absorbé suffisamment d’azote par rapport à sa biomasse produite : cela peut être le cas notamment dans des parcelles avec des faibles biomasses (ex. : parcelles hydromorphes), où l’azote apporté se concentre dans cette faible végétation.

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Diagnostic N-Tester® réalisé sur deux parcelles de blé localisées à Ploërmel (56) en sol non hydromorphe (gauche) et hydromorphe (droite) avec des caractéristiques d’implantation identiques (date de semis, variété, dose d’azote déjà apportée).

Les outils de pilotage associés à la méthode du bilan prévisionnel réduisent le risque de sous-dosage ou surdosage et visent une dose d’azote proche de la dose optimale de l’année.

Figure 2 : Impact de différentes méthodes de pilotage du dernier apport (JUBIL, N-tester, Farmstar) sur la préconisation d’azote à apporter par rapport à l’optimum, en comparaison avec la méthode du bilan seule

Les règles de bonnes valorisations des apports d’azote restent les mêmes, il est nécessaire d’avoir suffisamment de pluies pour bien valoriser cet apport.

Quels outils de pilotage utiliser ?

Plusieurs outils existent pour approcher l’INN, avec des avantages et inconvénients. Voici quelques exemples.

La méthode JUBIL®

La plus ancienne méthode, une révolution à l’époque, pour piloter le dernier apport. Elle repose sur la mesure de la teneur en nitrate du jus de bas de tige, qui s’avère être un bon indicateur de l’état de nutrition azoté de la plante. L’avantage de cette méthode est d’être peu coûteuse, seul l’achat d’un kit de départ est nécessaire. L’inconvénient, c’est le temps important nécessaire pour réaliser la mesure sur toutes les parcelles.

La méthode N-Tester®

Une pince mesure la teneur en chlorophylle des plantes ,qui est un bon indicateur de l’état de nutrition de plantes. Plusieurs avantages : simplicité de la mesure (pincer une feuille spécifique d’un certain nombre de plantes), peu coûteux (achat de la pince), un positionnement entre 2 nœuds et dernière feuille dans des conditions météo variées. Sur une grande surface avec plusieurs dizaines de parcelles, l’inconvénient est qu’il est nécessaire de prendre le temps pour aller faire la mesure sur la parcelle. La modulation de la dose d’azote n’est pas possible avec ces outils.

La méthode satellitaire (ex. : Farmstar®)

L’utilisation de capteurs sur des satellites permet également d’obtenir un indice de nutrition azotée de la plante. Plusieurs entreprises proposées cette méthode satellitaire. Bien qu’il existe des cartes satellitaires gratuites permettant d’approcher le niveau de biomasse de la plante, il est également nécessaire d’avoir le taux de chlorophylle (non disponible gratuitement) pour calculer un INN. Farmstar® a été le premier service à proposer cette méthode il y a plus de vingt ans. Cette méthode permet d’obtenir toutes les cartes de préconisations de doses moyennes de ces parcelles rapidement sans se déplacer et de pouvoir faire de la modulation de doses (faire varier la dose au sein de la parcelle selon les besoins intra parcellaires de la céréale). Inconvénients, la mesure satellite nécessite l’absence de nuages et est plus coûteuse que les autres méthodes avec un renouvellement de l’abonnement chaque année.

Un nouvel outil a été lancé cette année utilisant le modèle de culture CHN développé par ARVALIS, associé à des images satellites. Il a l’avantage de ne pas être dépendant des images satellites et pilote tous les apports pas uniquement le dernier.

En complément : ne pas oublier également de bien régler les épandeurs pour une application d’azote homogène dans les parcelles.

À retenir

- Piloter le dernier apport pour atteindre le potentiel de l’année.
- L’INN doit être de 0,9 à 1 à floraison pour que la nutrition azotée ne soit pas limitante pour le rendement.
- Il est toujours nécessaire d’avoir de la pluie pour bien valoriser cet apport.
- Plusieurs outils de pilotage de l’azote permettant d’approcher cet INN existent, avec des avantages et inconvénients.

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