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Bretagne

Blé tendre : un risque modéré de rouille jaune

Plusieurs secteurs, notamment la côte nord, sont concernés par des symptômes de rouille jaune sur blé tendre. La variété semée va déterminée la stratégie d'intervention.

De la rouille jaune sur blé tendre fin mars 2022 en Bretagne

Cette maladie souvent explosive est devenue plus récurrente depuis 2011. Sans maîtrise correcte, l’enjeu de la nuisibilité peut atteindre 20 à 60 q/ha lors des années à forte pression.

La rouille jaune est souvent la première maladie des feuilles observée au début du printemps sur le blé tendre d’hiver et le triticale. Sa répartition, d’abord en foyers, avec des feuilles présentant des pustules alignées sur les nervures, peut rapidement devenir incontrôlable et s’homogénéiser sur la parcelle. Son développement est conditionné par l’humidité (rosée bénéfique à la germination ; temps sec favorable à la conservation et la dissémination des spores), la température (germination optimale des spores autour de 10°C) et le vent (dissémination des spores sur de longues distances).

Que disent les modèles ?

Les données d’essais et de réseaux d’observation permettent d’établir des modèles épidémiologiques qui s’améliorent chaque année pour mieux prédire l’arrivée de la maladie. Cette année, le modèle (Crustyello) met en avant un risque faible pour la majeure partie du territoire (lié à des gels récents), sauf dans notre région, où le risque est modéré et plus important qu’en 2021.

Cartes 1 à 3 : Risque d’apparition de la rouille jaune sur variété sensible à la date du 14 mars (modèle Crustyello) en 2022, 2021, et 2014 (forte pression), pour des dates de semis représentatives des territoires
Risque d’apparition de la rouille jaune sur variété sensible

Quand intervenir ?

La génétique est le premier levier de gestion de la maladie. Au-delà d’une note supérieure ou égale à 7, les variétés sont considérées comme assez résistantes à résistantes, et ne nécessitent pas d’intervention avant le stade 2 nœuds.

La sensibilité variétale évolue chaque année selon les contournements observés. À noter qu’en Bretagne, une part de la sole comprend des variétés assez résistantes à résistantes (note >= 7) telles que KWS Extase et Chevignon. D’autres sont peu sensibles (note de 6), comme LG Absalon. Mais certaines sont assez sensibles et nécessitent une attention particulière (note de 5), comme RGT Sacramento et Campesino.

Tableau 1 : Echelle 2021 de sensibilité variétale du blé tendre à la rouille jaune
Echelle 2021 de sensibilité variétale du blé tendre

Retrouvez toutes les variétés dans les fiches ARVALIS.
Rappel des seuils d’intervention

Variétés assez résistantes (note >= 7) :
• Ne pas intervenir avant le stade 2 nœuds
• Après le stade 2 nœuds, intervenir dès l’apparition de la maladie

Variétés sensibles (note <=6) :
• Au stade épi 1 cm : intervenir uniquement en présence de foyers actifs de rouille jaune (pustules pulvérulentes)
• Au stade 1 nœud : traiter dès l’apparition des premières pustules dans la parcelle

Quel traitement choisir ?

Si une intervention est nécessaire, en traitement précoce - T0 -, les solutions à base de triazoles (ou double triazole), à l’instar du tébuconazole, sont intéressantes et peuvent être complétées par une strobilurine (azoxystrobine, pyraclostrobine). Pour les traitements à dernière feuille étalée, les essais 2020/2021 mettent en avant les produits à base de benzovindiflupyr (ex. : Elatus à 0,75 l), ainsi que les associations de fenpicoxamide (ex. : Questar à 1,1 l) + metconazole (ex. : Turret 90 à 0,55 l) ou fenpicoxamide (ex. : Questar à 1,1 l) + benzovindiflupyr (ex. : Elatus Plus à 0,55 l).

Pour retrouver l’efficacité d’un fongicide sur les maladies des céréales, consultez les fiches produits dédiées.

Restez vigilant aux contournements potentiels

La mise en place de la résistance est différente d’une variété à l’autre, avec des contournements possibles de la rouille jaune.

L’évolution des populations de rouille jaune peut amener de nouvelles virulences et contournement de résistances, comme cela a pu être le cas en 2011 avec l’arrivée des races Warrior (Warrior 1 et Warrior (-)). Aujourd’hui, la race Warrior(-) domine le paysage agricole français (figure 1), sans grands changements sur les dernières années. À noter que la race Warrior(-) comprend des variants (quatre aujourd’hui identifiés), plus ou moins virulents. Chaque année, ARVALIS et INRAE analysent ces évolutions et la résistance variétale est mise à jour.

Si l’évolution des populations de rouille jaune peut faire évoluer les notes variétales, l’efficacité des produits, elle, n’est pas modifiée.

Figure 1 : Évolution de la fréquence des principales races de rouille jaune depuis 2011 sur blé tendre
Évolution de la fréquence des principales races de rouille jaune depuis 2011 sur blé tendre

(source INRAE Bioger)

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