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Champagne-Ardenne

Blé tendre : les clés pour raisonner la date et la densité de semis

Les semis de blé tendre approchent et comme chaque année, se posent les questions liées à la date et la densité de semis. Plusieurs critères sont à prendre en compte.

Semis de blé en Champagne-Ardenne

Raisonner la date de semis

Le choix de la date de semis n’est pas si simple qu’il n’y paraît ! C’est un arbitrage entre les conditions climatiques (risque de pluies durant l’implantation et jours disponibles, risque de gel l’hiver, hiver doux et excès de végétation, évitement des fins de cycles stressantes), la précocité de la variété de blé, la récolte de la culture précédente, et surtout un critère qui devient majeur : l’opportunité de bénéficier d’un levier efficace contre les adventices.

Les essais historiques montraient que le décalage du semis entre le 1er octobre et 1er novembre engendrait une perte quasi systématique de 10 % de rendement. Les essais plus récents témoignent de davantage de souplesse sur la plage de semis du 1er au 20 octobre, sans perte de rendement conséquente.

Avec le changement climatique, les hivers plus doux permettent aux semis plus tardifs de rattraper leur retard et d’atteindre le stade épi 1 cm en même temps que les semis plus précoces. C’est une vraie opportunité pour gérer pucerons et adventices en sappuyant sur le décalage de la date de semis. Un semis décalé de vingt jours aura deux fois moins de pression graminées !

Cependant, le changement climatique renforce aussi les extrêmes climatiques. L’impact de la date de semis est très différent selon le scenario climatique de l’année (figure 1).

Figure 1 : Rendement exprimé en pourcentage du rendement maximal pour différentes dates de semis, sur le réseau d’essais ARVALIS en Champagne crayeuse 1989-2025

Figure 1 : Rendement exprimé en pourcentage du rendement maximal pour différentes dates de semis, sur le réseau d’essais ARVALIS en Champagne crayeuse 1989 - 2025
Exemple 2025 : sécheresse au printemps, les semis tardifs (novembre) décrochent plus que par le passé (jusqu’à -20-30 %/octobre), en particulier en précédent betteraves. La précocité a joué un grand rôle dans l’évitement du stress hydrique au printemps et des coups de chaud en fin de cycle. Exemple 2024 : pression maladie forte du fait d’une météo très pluvieuse, les semis tardifs s’en sortent mieux. Il faut ajouter les pluies abondantes à l’automne qui avaient perturbé/empêché les semis (occurrence faible d’un automne très pluvieux : une année sur dix ou vingt, mais c’est un risque qui existe).

L’étude des scenarii climatiques montre que, deux années sur dix, les semis tardifs peuvent donner des rendements meilleurs qu’en octobre. En moyenne, tous scenarii climatiques confondus, on perd environ 6 % de rendement, soit 5 q/ha sur notre base de données en Champagne crayeuse en semant tardivement (après le 10 novembre).

En plus des autres leviers comme l’allongement de la rotation ou le labour occasionnel, décaler la date de semis permet de maîtriser le stock semencier de ray-grass et vulpins.

La nuisibilité directe sur le rendement de ces adventices est de l’ordre de 2 à 3 q/ha pour 10 plantes /m².

Dans les situations à forte pression en graminées, dès lors que les conditions météo le permettent, il est fortement préconisé de décaler le plus possible les dates de semis.
Les chiffres sont clairs : 5 q/ha de perte potentielle, contre 20 à 30 q/ha de nuisibilité (en considérant 100 graminées/m²), sans compter la nuisibilité indirecte.

Et adapter la densité de semis

La densité de semis doit être adaptée à la période de semis, et aux conditions pédoclimatique sans engendrer de dépense inutile. C’est la capacité à lever qui oriente le choix de la densité de semis. Pour se prémunir des pertes de pieds lorsque les conditions d’implantation sont mauvaises, il est conseillé d’augmenter la densité de semis d’environ 10 % dans ces circonstances.

Dans nos essais, la densité de semis optimale a posteriori est variable d’une année à l’autre, en fonction des conditions climatiques rencontrées, et en particulier du printemps plus ou moins favorables à l’émission de talles et à leur maintien. Les sorties d’hiver plus douces permettent de se satisfaire de densités de semis plus faibles qu’il y a vingt ans. De plus, les variétés inscrites construisent de plus en plus leur rendement sur la fertilité épis et sur le poids de mille grains (PMG).

Tableaux 1 à 4 : Analyse des données et en moyenne les densités de semis optimales selon les créneaux de semis - ARVALIS

En synthèse

Face aux aléas climatiques, diversifier les créneaux de semis et oser patienter. Semer tard est impératif sur les parcelles les plus sales.

Par ailleurs, sur ces parcelles, miser sur une application d’herbicides en prélevée dès le semis. Elle pourra être complétée par un deuxième passage en post précoce, en fonction du salissement et des conditions climatiques de l’automne.

Adapter la densité aux conditions de semis pour éviter les surcoûts.

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