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BOURGOGNE-FRANCHE-COMTE

Blé tendre : des rendements 2022 marqués par une forte hétérogénéité mais la qualité est là

Recul de la sole, rendements hétérogènes dont la moyenne coïncide avec l’historique et qualité correcte résument cette campagne 2021-2022 de blé tendre en région Bourgogne-Franche-Comté (BFC).

une remorque de blé vide le grain dans la fosse

En 2021-2022, 360 000 ha de blé tendre d’hiver ont été cultivés dans la région, un chiffre en baisse de 3 % en comparaison à la moyenne des cinq dernières années (figure 1).

Une grande hétérogénéité de rendement marque la campagne 2021-2022 en fonction de la réserve hydrique des sols. Le rendement moyen 2022 de la région BFC se positionnerait dans la moyenne des cinq dernières années, à 66 q/ha (figure 1).

Sur un plan qualitatif, les teneurs en protéines sont élevées et les poids spécifiques (PS) corrects.

Figure 1 : Evolution au cours du temps des surfaces (en milliers d’hectares) et rendements (en quintaux par hectare) de blé tendre d’hiver en région BFC

Evolution au cours du temps des surfaces et rendements de blé tendre d’hiver en région BFC

Climat : une montaison dans le chaud et sec

Une fois n’est pas coutume, les températures sont plus froides que la normale tout au long de l’automne (figure 2). À partir de mi-décembre, il fait progressivement plus chaud jusqu’au pic record enregistré pour le mois de mai. Des gelées allant jusqu’à - 5°C sont enregistrées début avril, sans impact notable sur les blés en début de montaison. Du côté de la pluviométrie, les périodes pluvieuses alternent avec des périodes plus sèches (figure 3). Le mois de mai est parmi le plus sec jamais enregistré avec par exemple un cumul de seulement 11 mm sur la station de Sens (89). Quelques averses fin avril limitent la casse pendant la montaison, sauf dans l’Yonne et la Nièvre, départements particulièrement affectés par la sécheresse. La réserve de survie des sols superficiels est atteinte dès le stade épi 1 cm sur les sols superficiels alors qu’il faut attendre Deux nœuds sur les sols profonds.

Côté rayonnement, de très bonnes valeurs sont enregistrées pendant toute la montaison, pendant la période de mise en place du nombre d’épillets par épi et de grains par épi.

Figure 2 : Evolution au cours de la campagne 2021-2022 des températures moyennes en comparaison avec les normales 2001-2021 et les déciles 1 à 9 sur cette période, pour la station d’Auxerre

Evolution au cours de la campagne 2021-2022 des températures moyennes en comparaison avec les normales 2001-2021

Figure 3 : Evolution au cours de la campagne 2021-2022 de la pluviométrie en comparaison avec les normales 2001-2021 et les déciles 1 à 9 sur cette période, pour la station d’Auxerre

Evolution au cours de la campagne 2021-2022 de la pluviométrie en comparaison avec les normales 2001-2021

Croissance : une année précoce

Les semis se réalisent rapidement du 10 au 20 octobre entre deux séquences pluvieuses. En sortie d’hiver, le début de la montaison intervient 2 à 3 jours avant la date médiane, autour du 27 mars par exemple à Dijon pour un semis du 15 octobre (figure 4).

Puis, les températures s’élèvent. En conséquence, l’épiaison des premiers semis arrive autour du 10 mai pour les situations précoces et jusqu’au 20 mai pour les situations les plus tardives (figure 5). Cela correspond à une semaine voire 10 jours avant la date médiane. La durée de la montaison est donc raccourcie d’environ 10 jours par rapport à 2021.

À la suite, le remplissage des grains se réalise à une vitesse record sous l’effet de températures maximales sous abri souvent supérieures à 30°C. Ces températures surviennent surtout entre les stades grain laiteux et grain pâteux, affectant plus les situations tardives puisque l’échaudage arrivent d’autant plus tôt pendant le remplissage des grains. Le début de la moisson s’effectue dès la fin juin, soit à une date particulièrement précoce.

Figure 4 : Date d’arrivée du stade épi 1 cm selon les années pour un semis au 15 octobre avec la variété LG Absalon à Dijon

Date d’arrivée du stade épi 1 cm selon les années pour un semis au 15 octobre avec la variété LG Absalon à Dijon

Figure 5 : Date d’arrivée du stade épiaison selon les années pour un semis au 15 octobre avec la variété LG Absalon à Dijon

Date d’arrivée du stade épiaison selon les années pour un semis au 15 octobre avec la variété LG Absalon à Dijon

Conditions de culture : faible pression des maladies

Les sols sont frais au moment des implantations. En conséquence, l’efficacité et la sélectivité des herbicides racinaires sont bonnes, d’autant plus en post-semis prélevée. Au-delà de la levée, les conditions fraîches et venteuses sont peu propices aux pullulations de ravageurs d’automne.

En sortie d’hiver, sous l’effet d’alternance de périodes humides et plus sèches, les engrais azotés sont généralement bien valorisés. Le dernier apport d’azote fin montaison n’est pas toujours bien valorisé en raison de la sécheresse du mois de mai.

Du côté des maladies, leur développement est modeste avec un déclenchement des traitements entre dernière feuille poignante sur variété sensible jusqu’à dernière feuille étalée voire épiaison sur variété tolérante. Quelques cas de rouille jaune apparaissent tout en restant contenus.

Une forte présence de cécidomyies orange est observée sur un pas de temps court autour de la floraison (mi-mai) sous un climat orageux.

Des situations avec de l’ergot peuvent être remontées à la récolte. Il faut donc prêter une attention toute particulière à la propreté des lots de semences pour la campagne 2023.

Sur la fin de campagne, des orages et des pluies peuvent provoquer un peu de verse. Les épis sont plutôt sains et, a priori, sans germination sur pied.

À la récolte : des PMG affectés par l’échaudage mais une bonne qualité

En comparaison avec un jeu de données historiques d’ARVALIS - Institut du végétal sur la région Bourgogne-Franche-Comté, les résultats obtenus à l’issue de la campagne 2021-2022 se caractérisent par :
• Un nombre d’épis/m² variable mais en moyenne inférieur à la moyenne sur les plateaux en sols superficiels (figure 6).
• Un nombre de grains/épi dans la moyenne, voire supérieur, notamment dans les situations où le nombre d’épis/m² fait défaut grâce à la compensation (figure 6).
• En conséquence, le nombre de grains/m² reste à un niveau satisfaisant mais néanmoins très hétérogène en fonction de la réserve hydrique du sol (figure 7). 

Figure 6 : Nombre de grains/épi en fonction du nombre d’épis/m²

Nombre de grains/épi en fonction du nombre d’épis/m²

Figure 7 : Rendement (q/ha) en fonction du nombre de grains/m²

Rendement (q/ha) en fonction du nombre de grains/m²

• Un PMG contraint par des conditions de fin de remplissage défavorables : avec respectivement 40 et 35 g, les valeurs sont inférieures de 10 % en Plaine à 15 % sur les Plateaux par rapport aux moyennes pluriannuelles (figure 8).

Figure 8 : PMG (g) en fonction du nombre de grains/m²

PMG (g) en fonction du nombre de grains/m²

In fine, des rendements proches de la moyenne des 10 dernières années voire inférieurs, surtout quand le sol est superficiel (figure 9).
• Des teneurs en protéines élevées (figure 9).

Figure 9 : Teneur en protéines (%) en fonction du rendement (q/ha)

Teneur en protéines (%) en fonction du rendement (q/ha)

• Des PS corrects malgré les fortes pluies enregistrées après la maturité physiologique (93 mm de pluie cumulées sur Dijon du 20 juin au 5 juillet).

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