Blé dur : vigilance sur les pucerons et particulièrement sur les cicadelles

En ce début de saison, le risque cicadelles semble important sur blé dur. A surveiller de près, tout comme les pucerons mais aussi les limaces.

25 sept. 2025

Cicadelle sur une jeune feuille de blé dur en Occitanie

Des campagnes antérieures ont montré que des attaques de pucerons, mais également de cicadelles, pouvaient être importantes sur blé dur. Il convient de rester très vigilant sur ces ravageurs qui risquent de devenir de plus en plus nuisibles (effet de l’arrêt des néonicotinoïdes en traitement de semences, paysage de plus en plus diversifié créant des refuges aux insectes, impact du réchauffement climatique avec des automnes doux, des insecticides en végétation moyennement efficaces et difficiles à positionner...).

Le blé dur est moyennement sensible à la JNO (jaunisse nanisante de l’orge - virus transmis par les pucerons), les orges y sont plus sensibles. Par contre, le blé dur est plus sensible au WDV (virus du pied chétif transmis par les cicadelles). Il n’existe pas encore sur le marché de variété de blé dur résistantes à la JNO et au WDV. La lutte se fera donc en végétation suivant observation en parcelle.

Sur les parcelles à risque (versant sud, précédent maïs, à proximité de maïs ou de sorgho), le décalage de la date de semis, en évitant les semis les plus précoces, est un levier efficace pour diminuer la pression.

Observer les pucerons directement sur les plantes

Les observations des pucerons sont à réaliser directement sur les plantes des parcelles, de façon minutieuse par beau temps, dès la levée et jusqu’aux grands froids (s’il y en a !).

Schéma 1 : Seuils de risque pucerons

Les traitements sont assez efficaces sur pucerons mais nécessitent des re-interventions en cas d’année à forte pression. Il y a un peu de souplesse quant au moment du traitement : même une semaine après le dépassement du seuil, le traitement contrôle bien les populations et évitent la propagation du virus.

Cicadelles : observations directes ou avec un piège

Les observations des cicadelles sont à réaliser directement dans les parcelles ou avec un piège englué jaune, par beau temps, dès la levée et jusqu’aux grands froids (s’il y en a !) – de levée à début tallage. Parmi les cicadelles, l’espèce pouvant transmettre les maladies des pieds chétifs est Psammotettix alienus (de couleur marron clair avec une coloration des nervures dorsales éclaircies).

Schéma 2 : Seuils de risque cicadelles

Les traitements contre les cicadelles sont moyennement efficaces et peuvent nécessiter des re-interventions en cas d’année à forte pression. Contrairement à la lutte contre les pucerons, l’efficacité du traitement est très liée à la durée entre l’observation au champ et le traitement. Ce délai, quand les cicadelles sont observées, doit être le plus court possible (moins de 48 h idéalement).

Les conditions estivales ont été favorables à l’activité et à la multiplication des cicadelles (temps sec, ensoleillé, et températures minimum élevées), en particulier en juillet et août. Il a été possible d’en observer en grande quantité dans les intercultures. Septembre est largement moins favorable, avec régulièrement des pluies et une fraîcheur relative ces derniers jours. Les conditions d’octobre seront décisives. Néanmoins, le risque cicadelles semble aujourd’hui assez fort : il convient d’être très vigilant, notamment pour les semis précoces.

Un traitement trop précoce serait une assurance illusoire : l’insecticide appliqué en végétation agissant par contact, les nouvelles feuilles formées après traitement ne sont pas protégées. Ne pas traiter par rapport à un stade mais seulement en présence des ravageurs.

Limaces : attention, l’année est très favorable

Les risques sont importants sur précédents colza, paille, sur sol riche en matière organique avec résidus de récolte, en semis direct. Les conditions sont favorables cette année à l’activité des limaces.

-> Les faux-semis peuvent limiter la présence des limaces en cassant leur cycle de développement.
-> Dans les situations les plus à risque, traiter en préventif au moment du semis. Il est également possible de mélanger certains produits anti-limaces avec la semence.

Matthieu KILLMAYER, Sylvie NICOLIER (ARVALIS)

JNO

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