Projet terminé

Comment sécuriser la production de blé dur bio en PACA ?

Le rendement et le taux de protéines du blé dur bio sont améliorés lorsqu’une légumineuse pluriannuelle est positionnée en amont dans la rotation. C’est l’un des grands enseignements du projet BIODUR-PACA, qui court jusqu’à l’été 2023. Explications.

Luzerne : vue générale de la parcelle

La région Provence Alpes-Côte d’Azur (PACA) est l’épicentre de la production française de blé dur bio : en 2021, on y recensait près de 40 % des surfaces nationales. Trop peu pour satisfaire les besoins des pastiers, du moins avant la pandémie de covid-19 alors que le marché du bio affichait une croissance à deux chiffres.

« Le blé dur est une culture jugée risquée jusqu’à la récolte par les agriculteurs, le taux de mitadins pouvant être fortement impacté par des pluies mal placées. En bio, il faut de plus atteindre un taux de protéines de 12,5 %, contre 10,5 % pour du blé tendre, ce qui n’est pas évident compte tenu des déficits structurels en azote de ce système de production », expose Mathieu Marguerie, ingénieur régional PACA chez ARVALIS.

La rotation, clé de voûte du système cultural

L’agronomie fait partie des leviers sur lesquels ARVALIS est sollicité dans le cadre du projet BIODUR-PACA, initié en 2019 et financé par l’Union Européenne et la région Sud-PACA, pour contourner la difficulté liée au déficit azoté. Après trois ans d’essais, l’intérêt agronomique des légumineuses fourragères comme le sainfoin ou la luzerne en tant que précédent cultural du blé dur ne fait aucun doute.

« La position du blé dur dans la rotation est même le premier facteur clé de réussite de la culture », affirme Mathieu Marguerie. Les suivis montrent qu’un blé dur positionné derrière un blé tendre affiche un rendement de 27,9 q/ha et un taux de protéines de 10,4 %. Derrière une luzerne, le rendement atteint 35 à 40 q/ha, tandis que le taux de protéines grimpe à 11,9 % (figure 1). À condition toutefois de détruire convenablement la légumineuse.

Figure 1 : Rendement (Rdt), taux de protéines (Prot) et taux de Mitadins (Mitadins) du blé dur en fonction des précédents culturaux – synthèse de 4 essais 2020 et 2021 issus du projet Bioru-PACA
Tableau 1 : Rendement (Rdt), taux de protéines (Prot) et taux de Mitadins (Mitadins) du blé dur en fonction des précédents culturaux – synthèse de 4 essais 2020 et 2021 issus du projet Bioru-PACA

La pression liée aux adventices sous contrôle

Autre enseignement de ces essais, dans le contexte climatique méditerranéen, la rotation à base de légumineuses pluriannuelles limite naturellement la pression liée aux adventices. « D’une part, le fait de ne pas travailler le sol pendant 2 ans pour le sainfoin, ou 3 ans pour la luzerne, évite la mise en germination des graines d’adventices, auquel s’ajoute un effet étouffant de la légumineuse. Et d’autre part, les fauches régulières pour le fourrage permettent d’exporter les adventices hors de la parcelle », rapporte Mathieu Marguerie.

Vers une précocification des apports d’engrais organiques

Quant à la fertilisation à l’aide d’engrais organiques, elle fait l’objet d’un suivi spécifique car le changement climatique a un impact réel sur son efficience. Traditionnellement, les apports se font plutôt fin février/début mars, de sorte que l’azote soit disponible dans le sol au moment de la montaison. Or aujourd’hui, les conditions d’humidité à cette période de l’année ne permettent plus une minéralisation optimale. « Le changement climatique créé un décalage entre la disponibilité en azote et les besoins de la plante. La fertilisation doit désormais être raisonnée en fonction du climat et non plus du stade phénologique. Ce qui signifie qu’il faut davantage anticiper les apports », développe Mathieu Marguerie. Il s’agirait de fertiliser dès les semis, si tant est que la réglementation le permette, ou au plus tard courant janvier. La prochaine campagne devrait permettre de consolider les références sur le sujet afin d’ajuster les préconisations. 

Une solution en bio, mais pas que

Bien que le projet BIODUR-PACA s’adresse en priorité aux producteurs bio, ces acquis techniques peuvent également servir aux conventionnels alors que les prix des engrais minéraux s’envolent et que ces derniers sont responsables de 70 à 80 % des émissions de gaz à effet de serre de l’exploitation. Attention toutefois à bien tenir compte de la moindre rentabilité des légumineuses comparés à celle des céréales à paille pour évaluer l’intérêt de la rotation.

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